David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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L'ANCIEN DOGMATIQUE





On a parfois pu le considérer comme "l’autre cinéaste danois", mais Thomas Vinterberg a su s’émanciper il y a longtemps de son envahissant compatriote (et ami) Lars von Trier.

Ensemble, ils ont bien sûr créé au milieu des années 90 le mouvement cinématographique Dogme95, qui reposait sur dix règles strictes régissant les conditions de tournage. Parmi ces règles, on trouvait notamment "Tout traitement optique ou filtre est interdit", "Les détournements temporels et géographiques sont interdits. (C'est-à-dire que le film se déroule ici et maintenant)" ou encore "Le tournage doit être fait sur place. Les accessoires et décors ne doivent pas être amenés (si on a besoin d'un accessoire particulier pour l'histoire, choisir un endroit où cet accessoire est présent)".

Une vision orthodoxe de la réalisation, en réaction aux excès d’un certain cinéma commercial, qui a plutôt bien servi Vinterberg. Son premier film réalisé sous l’égide du Dogme (et dans lequel il ne s’est pas crédité en tant que réalisateur, comme l’exigeait la règle) remporte le prix du jury à Cannes et est salué unanimement.

Festen relate sans artifices mais avec une immense force émotionnelle une réunion de famille qui tourne au règlement de comptes. Thomas Vinterberg y aborde frontalement la question de l’inceste et de ses conséquences tragiques.

Jusque-là, le jeune réalisateur était relativement inconnu en France. A l’issue d’un cursus en cinéma à l’École nationale du Film du Danemark, son court métrage de fin d'études, Last round (Sidste omgang), avait remporté en 1993 le Prix du jury et des producteurs au Festival International de Munich, ainsi que le Premier Prix à Tel Aviv. La même année, il tournait un autre court métrage (Le garcon qui marchait à reculons), et recevait le Prix du Public au Festival de Clermont-Ferrand. Enfin, son premier long métrage, Les héros, avait certes connu un petit succès dans son pays, mais n’est sorti en France que dix ans plus tard.

Festen et le Dogme changent tout. Immédiatement, il est propulsé sur le devant de la scène et présenté comme le nouveau prodige du cinéma européen. Toutefois, l’effet est de courte durée. Après son prix du jury cannois en 1998, le cinéaste danois connait plus de bas que de hauts.

Ses trois films suivants sont même des échecs commerciaux et critiques. It’s all about love, tourné en langue anglaise, réunit Joaquin Phoenix et Claire Danes dans un thriller romantique qui n’intéresse personne. Puis il tourne Dear Wendy d’après un scénario écrit par Lars von trier, sur un groupe de jeunes gens pacifistes obsédés par les armes à feu. Indifférence générale. Son opus suivant, When a man comes home (2008), ne bénéficie même pas d’une sortie française. Entre temps, le réalisateur a renoncé au Dogme en accord avec Lars von Trier.

Les choses s’arrangent toutefois en 2010, lorsque son nouveau long métrage, Submarino, est sélectionné en compétition à Berlin. Le film, misérabiliste et sans finesse, ne remporte aucun prix. Mais il semble remettre Vinterberg en selle.

Deux ans plus tard, le cinéaste foule à nouveau le tapis rouge cannois et présente La chasse en compétition. Le film divise profondément en raison de son traitement radical et anxiogène, mais Mads Mikkelsen, en homme accusé d’actes pédophiles mis en ban de la société, est si éclatant de sincérité et de douleur retenue qu’il reçoit un mérité prix d’interprétation. Ca y est, Vinterberg renoue avec le succès ! En attendant son prochain film pour confirmer (ou non) son retour en grâce, le Danois a été choisi pour présider le jury de la section Un certain regard lors du festival de Cannes 2013.

MpM


 
 
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