Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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Votes : 8Cote : 10 %
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L'ESPERANCE
A 30 ans pile poil, Jalil Lespert connaît une forme de confirmation dans son ascension. Cela fait dix ans qu'il a découvert le métier, interrompant ainsi ses études pour tourner dans un court métrage, Jeux de plage. Cela fait cinq ans qu'il a reçu son César du meilleur espoir masculin pour le film charnière de sa carrière, Ressources humaines. Laurent Cantet est l'auteur des deux films. Aujourd'hui, loin de Laurent Cantet, il affirme sa présence, mélange d'intensité et de fragilité masquée, et assume son talent naturel à passer d'une univers à l'autre, de la lumière aux zones d'ombres.
En trois films forts différents, le jeune Lespert a joué le journaliste flirtant avec un Président, le boxeur qui a des bleus à l'âme et le flic plongé dans le coma. De Guédiguian à Beauvois, en trois films d'auteur même accessibles au grand public, il a installé son nom sur les affiches, en valeur sûre d'un certain cinéma, qu'il revendique en étendard. Tombé dans le théâtre quand il était petit (papa est comédien), il suivra les pas de sa mère, avocate, pour ses études (du Droit), par peur de galérer. Même désillusion que son rôle phare dans Ressources humaines où il incarnait un étudiant en école de commerce, stagiaire en usine, et qui se rebelle contre l'establishment.
Footballeur amoureux ou jardinier sensuel (chez Jacquot quand même), émigre italien ou gigolo d'opérette (chez Resnais tout de même), Lespert aime charmer avec son visage candide et cherche généralement à être du bon côté de la vie. Garçon généreux pour son métier, concentré sur ses rôles, il privilégie la composition quitte à perdre le spectateur au fil des rôles; les cinéphiles n'ont pas prise sur lui, contrairement à un caractère comme Cornillac. Ne refusant pas de porter un film sur ses épaules ("on se dépasse pour assumer ses responsabilités") il apprécie aussi de partager, d'échanger, d'apprendre avec des comédiens comme Michel Bouquet ou de se plonger périlleusement dans un personnage casse gueule comme celui de Vivre me tue.
Sportif à la ville, il en joue à l'écran. Avant le boxeur de Virgil, il avait interprété ce mec mal dans sa peau, adepte de culturisme, homosexuel sur les bords dans le film de Sinapi. Son corps avait ainsi pris de la largeur. "J'aime m'exprimer physiquement, comme c'est rare je fonce." Mais derrière la carapace en gonflette, on retient surtout qu'il était un écorché vif, aux failles abyssales. Tout ce qu'il aime. Les personnages torturés, en surface ou en profondeur, sont ceux qu'il recherche. Direct, franc, droit. Lespert n'est pas le dandy frimeur mais plutôt un Gérard Lanvin avec vingt ans de moins. “Ce qui me motive, dit l’acteur, c’est d’entrer dans des univers d’auteurs. C’est là où j’ai le sentiment de croiser des personnages qui me touchent et de disposer de l’espace de jeu le plus intéressant.”
Son plus gros effort provient sans doute dans sa motivation à vouloir créer des liens entre sa vie personnelle et réelle et ses personnages fictifs. Et même s'il est ignoré du grand public ou du cinéma pour "prime time" télé, c'est son choix. "J’ai l’impression qu’il y aura de plus en plus un cinéma à deux vitesses en France. D’un côté, un cinéma de jeunes créateurs, inspirés mais fauchés. De l’autre, des grosses machines conçues pour attirer beaucoup de spectateurs. Moi, j’ai tendance à préférer les auteurs qui affirment leur style et leur identité dès les premiers plans. Des gens comme John Ford ou John Cassavetes. " A défaut de tourner chez Cassavetes, cinéaste culte à son goût, il cherche des rôles qui varient d'un film à l'autre, des défis singuliers (chanter par exemple) ou même des rencontres (Michel Bouquet, Baye, Azéma...). Les critiques l'apprécient. Jeune premier aux allures rassurantes de bon comédie bon gendre, il aborde désormais un nouveau virage dans sa carrière pleine de promesses, avec notamment la réalisation d'un court métrage, entre deux volutes de marie jeanne.
vincy
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