Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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LIENS SACRES
Il suffit d'un rôle parfois pour être convaincu du potentiel d'un comédien. Peu importe le film, peu importe le succès. Michael Cohen a eu 36 ans quand sa gueule se démultipliait sur les Colonnes Morris avec le film Le héros de la famille. Et si le héros c'était lui, le moins connu de ce casting choral. Il fait face à Brasseur, Deneuve, Miou Miou, Lanvin, Pailhas, Béart, croise Lemercier et Maurier. Pourtant, à la fin du film de Thierry Klifa, on ne kiffe qu'une seule personne, ou un seul des personnages : celui de Nino, le sien.
Pourtant ça fait vingt ans qu'il est là à brûler les planches, s'inviter dans les films, écrire des pièces. Sous ses airs jeunots, cet homme discret et mature a creusé lentement son sillon. Davantage au théâtre, certainement, mais sans oublier le cinéma et même la télévision. Le portier dans l'ultime épisode de Sex & the City, c'était lui.
Né près de Paris, plutôt solitaire, un peu dans sa bulle, légèrement décalé, il s'intéresse à 15 ans aux saltimbanques. Il rêve de prendre La Sirène du Mississippi dans ses bras. La première scène de tournage qu'il verra sera avec Miou Miou (dans Tenue de Soirée, qui se filmait pas loin de sa pension). Coup de foudre pour ces fous rires et cette vie pas comme les autres, il s'inscrit aux Cours Florent. La scène va lui permettre de fêler l'armure adolescente pour grandir, s'épanouir, exister.
Le jeune Cohen se lance donc dans l'écriture, et même la mise en scène. "Suicides", pièce interactive, par exemple conclura sa dernière année de formation. Cet auteur de huit pièces aime les titres optimistes : "Les abîmés", "Le soleil est rare (et le bonheur aussi)". Il croise Francis Huster et Isabelle Nanty qui lui donneront sa chance. S'amusera avec des classiques comme "La Mouette" ou les précieuses ridicules. Et surtout le rôle de Hal, dans "La Preuve", pièce culte mise en scène en France en 2003. Il obtiendra une nomination aux Molières. Une révélation qui a presque quinze ans de métier... Il enchaîne avec "Cinq filles couleur pêche", en élément masculin d'un quintet féminin. Succès.
On l'a déjà oublié en figurant dans Mes meilleurs copains (avec Lanvin), en stagiaire régie sur Opération Corned Beef (avec Lemercier). Pourtant il y avait une intensité dans Les Misérables du XXe siècle de Lelouch. Mais sans son plus proche ami, Thierry Klifa, ancien journaliste de cinéma, néo-réalisateur, sans ce succès théâtral chez Murat, aurait-il eu une filmographie à la hauteur de son talent?
Klifa lui offre une généalogie envieuse : petit-fils de Danielle Darrieux (Emilie est partie), frère de Patrick Bruel (Une vie à t'attendre), fils de Gérard Lanvin et Catherine Deneuve (Le héros de la famille). A chaque rôle, sa présence grandit, sa prestance s'impose. Les cinéphiles en bande de Steve Suissa, comédie façon Poelvoorde de Philippe Le Guay, ou encore thriller huis-clos de Palud et Moreau. Du petit rôle, il embraye le second, puis le principal, voir l'égal à égal des plus grandes vedettes.
Séducteur, sensible, fragile, élégant, intérieur, soumis, névrotique, il s'amuse à prolonger son adolescence en assumant (tardivement) le virage vers l'âge adulte. Il doit gérer les séparations, s'affranchir de ses protecteurs, défier sa routine et sa sécurité pour faire palpiter (un peu) son coeur, et aider l'adrénaline à circuler...
Petit frère, fils homo ou mari bousculé, l'acteur a encore tous les âges de tous les possibles. Il a ce physique de dandy, jeune premier, trentenaire attirant. Une densité dans le regard, une tranquillité dans les gestes, une nervosité perceptible... A l'aise dans toutes les scènes, dans n'importe quelle situation, prenant une Denueve dans ses bras, embrasant du regard un jeune minet, affrontant sans sourciller un Lanvin.
Héros en slip Aussie bum rouge orangé (c''est plus fashion) ou fidèle à sa famille virtuelle ? car l'art semble être son essence, ce fluide qui fait avancer, cette énergie qui sert de moteur, un cocktail de rêves et d'excitations, entre irréel et exaltation.
Emmanuel Mouret l'a invité dans sa nouvelle comédie rohmérienne, Un baiser s'il vous plaît. de quoi faire craquer les filles... Mais soyons schizo et attendons-le aussi dans sa version du "Misanthrope". Un grand écart qui semble résumer le personnage.
vincy
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