Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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L'INTREPIDE
Il y a quelque chose de paradoxal. Lorant Deutsch, jeune homme réservé, intérieur, amateur d'histoire et diplômé de philo et littérature hongroise, s'est fait connaître avec des rôles pour téléspectateurs du dimanche soir, jouant les comiques de service, les humiliés orgueilleux, les bons potes qui ne menacent pas les bellâtres dragueurs. Le jeune mec est bavard sur les plateaux TV, un bon client comme on dit, ambitieux et bosseur. Pourtant, cantonné dans des seconds rôles de films d'auteur ou des faire-valoir de comédies balourdes, Lorant Deutsch, "people" nouvelle génération, n'avait pas, jusqu'à présent, suscité l'admiration.
En 2002, il s'envole. 27 ans. Le Raid et Trois zéro en font la révélation "drôle" d'un printemps politiquement noir. De là il signe les films, enchaîne les tournages, se laissent griser. Bienvenue chez les Rozes, comédie décalée et fiasco annoncé, puis hérite des Ripoux 3, en heureux élu d'une série oubliée, avant de s'immiscer dans Le coût de la vie. Philippe Le Guay le rend sans le sou et romantique, déterminé et attachant. Le film choral séduit les cinéphiles et dévoile un comédien plus habité par sa passion. Il aime ces personnages marginaux et sociables, losers et travailleurs, ces méritocrates candides mais qui refusent de se faire marcher sur les baskets. L'année suivante, il sombre dans les projets médiocres. Cela se ponctue logiquement par un énorme flop : L'Américain. Il continue de vocaliser sur des dessins animés américains ou de prendre des cachets publicitaires.
Le paradoxe va atteindre son paroxysme en 2006. Ce sont la télévision et le théâtre qui vont le rendre "fréquentable" par l'intelligentsia parisienne. En Jean-Paul Sartre, crédible, cet amant du Flore fait fi des préjugés et reste sourd aux accusations de sacrilège. Il mue avec délectation. le plaisir du métier se voit. Porté par son élan, il trouve en Amadeus un challenge risqué. Face à Jean Piat, il connaîtra le succès sur les planches durant plusieurs mois. Déjà populaire, désormais apprécié de la critique, Deutsch a conjuré tous les sorts subis par un jeune acteur (à la petite trentaine).
Il prolonge l'euphorie avec une comédie ironique signée Oscar Wilde. L'important d'être Constant est un triomphe de la rentrée théâtrale 2006, au point d'être encore jouée au printemps suivant. Son incarnation de Jean de la Fontaine au cinéma lui procure de façon similaire une jouissance du verbe, le goût du déguisement, bref le plaisir primitif de se transformer en un autre. Plus intellectuel, plus rebelle, moins formaté qu'on ne pouvait le craindre, il accepte avec humilité des petits rôles emphatiques ou se lancent des défis artistiques. Son jeu s'avère de plus en plus affiné, intense, concentré. Loin du rêve du footballeur, il a trouvé son pieds dans la réalité... des fictions.
vincy
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