Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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L'AURA D'ORA-ÏTO
Elle était partie pour être petit rat de l'opéra. Mais Vahina Giocante, corse et andalouse aux allures de cagole, marseillaise à la blondeur fashion, aura été très vite happée par le cinéma. Elle qui ne connaissait que Bambi lorsqu'elle tourna son premier film, n'a pas tout de suite compris pourquoi il fallait courir plusieurs fois sur la plage. "A quoi ça sert un film" demande-t-elle à Manuel Pradal, son premier mentor. "A faire rêver les gens" lui répond-il. "Mais les gens n'ont pas besoin de moi pour rêver!" clame-t-elle. Le cinéma lui semble prétentieux. La danse lui apportait une rigueur, une exigence qu'elle ne trouve pas dans le 7e art. Pradal la motive en lui avouant qu'on fait un film, avant tout, "pour s'amuser".
Alors elle va s'amuser. Fille d'une famille nombreuse (sept frères et soeurs), elle a grandit sous le soleil. Etrangement, elle obtiendra de nombreux personnages vivant sur la Côte d'Azur. Entre mer et lumière méditerranéenne. Elle avait été repérée sur une plage marseillaise par la directrice de casting de Marie Baie des Anges. Le cachet lui paiera sa scolarité de danse. Elle ne se doutait pas que le cinéma la ferait vivre, lui offrirait un métier. D'autant qu'elle enchaîne les rôles, plutôt seconds, dans des films pas forcément drôles. Trop jolie, trop jeune, elle est dans l'ombre des Ledoyen, Atika, Gillain, Pailhas, Casar... Elle joue les aguicheuses, les libertines, les petites soeurs. Flirte avec les grandes : Béart, Bonnaire, Miou Miou... Sa sensualité fait baver les réalisateurs et les producteurs, les rédacteurs en chef et les animateurs télé. Giocante appartient à cette catégorie d'actrice davantage célèbre pour sa plastique et son franc parler que pour avoir convaincu les cinéphiles. Son corps et son visage, son regard incendiaire et sa nature incandescente la mènent dans des films où l'érotisme n'est jamais loin. Objet de désir, ça n'a rien de curieux, on peut comprendre qu'elle veuille prendre ses distances avec cette image. Que sait-on de la femme qui reste dans l'ombre? La mère de Nino, qu'elle a eu si tôt? La compagne du designer le plus tendance du moment, Ora-ïto, qui n'aime que le beau. La belle c'est elle. Celle qui part voyager sous les tropiques, entre Amérique du Sud et Afrique.
Si elle n'évoque rien pour le spectateur, une fille canon de plus, elle tourne quand même avec des auteurs parfois confidentiels plus que des faiseurs de produits : le chef op Angelo, l'ex espoir de la comédie française Aghion, le sulfureux et intriguant Jacquot, ou encore Giusti et Vilaceque. Cette dernière l'embauche dans Riviera, où Giocante dévoile des fêlures, une détresse propre à sa génération, entre aspiration et frustration, paillettes factices et incommunicabilité réelle. Elle rode sur les aires de nationale, se donne des airs de bimbos, se perd entre les gigolos et ses racines familiales. Elle finira dans le porno. Ciné réalité. Dans le même temps, elle prête sa voix à une princesse dans U, dessin animé attachant et singulier, où la demoiselle se sent bien seul ans sa fée étrange. Toujours en marge, comme ses personnages, Giocante, n'a accepté le détour par le cinéma "commercial" qu'avec Jan Kounen. Dans son flop Blueberry et dans son hit 99 F. Dans l'adaptation du livre de Frédéric Beigbeder elle est la femme idéale, la pin up de nos rêves, la bombe sexuelle (toutes positions et situations confondues), la mère du divin enfant. Gravure de mode et secrétaire de fantasmes, Giocante joue avec son image et s'en donne à coeur joie. Selon elle, "un bon acteur c'est un récipient vide." De ceux qu'on remplit avec toute sorte de contenus, qu'elle soit continuellement dans le compromis ou radicalement dans le refus de concessions. Insaisissable, elle brouille les pistes. Cherche sa voie. Trouve son chemin.
v.
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