Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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TAUTOULOGIE
Printemps 2001. Plus rien ne sera comme avant. Pour des millions de spectateurs, toutes classes confondues, adorateurs ou haineux, Audrey Tautou, actrice en fleur un an auparavant, est devenue Amélie Poulain, dont le destin est retracé par la voix monocorde et lascinante d'un Frédéric Mitterand, dont la vie est décrite par les mélodieuses intonnations d'André Dussollier. Jeunet a créé un personnage entre petit chaperon rouge et Arletty, pas très loin des lutins et des des fées, dans un Montmartre pittoresque. Ce personnage a pris les traits d'Audrey. Le fabuleux destin d'Audrey Tautou commence... Actrice de composition. Car évidemment elle n'est pas Amélie. Comme Deneuve n'est pas Belle de Jour. Car tautou, comme Poulain est d'abord imaginative et créative, touche à tout, et simple, aimant découvrir plus que conquérir. Elle vit dans sa bulle. Pas de presse people ("très important"). Timide et pudique. Pas forcément dans le bon bocal lors des avant-premières... Elle nage en eaux familières lros des tournages et donc refusent qu'on vienne la voir dans on aquarium à ce moment-là. Or, les films qui l'ont rendue célèbre sont aussi des films à part : des planètes étranges, des BD colorées. Des univers exogènes et anti anxyogènes. Pas de gêne, que du plaisir.
Mais il est si difficile désormais de dissocier cette créature virtuelle, fictive, adorable et névrosée, amoureuse et secrète de la comédienne plus déterminée qu'il n'y paraît. Le film est un phénomène qui touche tout le monde, du Président de la république au gosse des banlieues, qui agace les intellos intégristes de Paris et interroge les rares sociologues et psys encore disponibles pendant ce printemps loft story. Amélie c'est une love story qui est comparable en France à Di Caprio et son Titanic.
Flash back.
Février 1999 : Venus Beauté Institut révèle le joli minois d'une brunette moins innocente qu'on ne le croit. Le poids plume du casting pousse l'audace de se taper le vieux monsieur, alias Robert Hossein, qui boite. Un an plus tard, Audrey Tautou repart avec le César du meilleur espoir, et une gloire qui ne demande qu'à germer. Une actrice est née, déjà aimée, déjà convoitée : en un an, elle tourne quatre films puis elle est engagée par Jean-Pierre Jeunet pour jouer Amélie en remplacement d'Emily Watson. il voulait une actrice qui créé un personnage, denrée rare en France. Il choisit une brunette, clone de Winona Ryder et de Miette. Un vrai grand rôle - son premier - celui d'une jeune fille introvertie qui décide de changer la vie des gens qui l'entourent. A cette époque on n'en saura pas plus... On est très loin de son second-rôle "mercantile" dans le Aghion, où elle y montre ses seins. Teaser excitant pour jeunes mâles post-pubères et début de l'intérêt public. Pas si sage, ni image.
Pour autant, le succès ne monte pas à la tête de cette bûcheuse, qui ne serait pour rien dans ce joli début de carrière: "je dois tout à mon agent et aux directeurs de casting qui ont bien voulu me donner ma chance" . Lucide. D'ailleurs la promo l'énerve. Elle le fait pour être pro jusqu'au bout mais se plaint de cet exercice répétitif et trop narcissique. A l'identique, elle n'est pas prête à tous les compromis pour "progresser" aux yeux de la profession, c'est à dire gagner plus d'argent. Cette vraie modeste au discours franc et naïf oublie le travail du cours Florent, sa sélection à l'opération "Jeunes Premiers " de Canal+, et quelques apparitions dans les feuilletons style jeudis soir sur TF1 "Julie Lescaut " ou "Les Cordier juge et flic ". Elle l'avoue, c'est là qu'elle a appris ce métier. Mais les médias ne sont pas sa tasse de thé. Et, étrangement, cette comédienne n'aime pas mentir...
Les directeurs de casting, quant à eux, ne s'y trompent pas : jolie, simple et naturelle, Audrey Tautou pourrait bien devenir la petite fiancée du cinéma national, un océan de fraîcheur dans une industrie plombée par le sordide et le réel social. Née pour la comédie romantique (Epouse-moi), délicieuse tête à claques (Voyous Voyelles) ou fausse ingénue (Le Libertin), Audrey (cela rappelle, évidemment et joliment, Miss Hepburn) devait trouver une nouvelle envergure après une année 2000 chargée en petits films ou petits rôles : derrière les personnages anecdotiques dans des comédies populaires, au delà de la naöve douceur qu'elle insuffle aux comédies dramatiques, on la rêvait dans des aventures plus risquées, plus audacieuses.
Jeunet a permis ce rare bonheur de découvrir un visage alors quon nous l'avait déjà dévoilé. Incarnation intemporelle de ces jeunes demoiselles qui lisent Voici et vivent dans l'imaginaire rose bonbon où les princes charmant embrassent comme dans les romans, Tautou cible nos sens.
Elle aime voyager et partir à l'aventure. Elle accepte les défis. Il lui suffit d'appliquer sa propre recette à sa carrière pour que cette Amélie d'aujourd'hui continue de faire battre nos coeurs...
Depuis elle a tenté l'aventure européenne avec Frears (en immigrée turque), l'exil new yorkais avec Kollek (en comédienne qui galère), la fantaisie musicale en chansons de Resnais. Et retrouver Jeunet. Leur destin semble indissociable; ils prolongent ainsi un long dimanche de fiançailles... Elle qui vit à deux pas de chez lui, au pieds de la butte, pas loin de Cécile de France (sa partenaire des Klapisch), va devoir quand même affronter le monde. Da Vinci Code, de Londres à Cannes, va lui assurer une renommée mondiale. Tautou est devenue Hors de prix. Une jeune femme séduisante, sexy, glamour, amusante, déterminée, une femme fatale qui sait faire rire et sourire et charmer. Mais un tel charme n'a justement pas de prix, ni même besoin d'étiquette.
vincy
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