Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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Votes : 9Cote : 15 %
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LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD
25 ans à peine et le voilà parmi les grands comédiens de demain. Le cinéma français en a si peu. Celui-là suffirait presque. Pierre Niney est le plus jeune sociétaire de la Comédie française où il joue depuis 2010. Il gambade sur les planches avec Feydeau, Shakespeare, Brecht, Marivaux, Labiche… des joyeusetés. Le virage tragique est abordé en 2013 avec Phèdre. Au cinéma, il suit un parcours similaire. Beaucoup de fantaisies, de qualité inégales, avant de se lancer dans le grand drame, le film à Césars, Yves Saint-Laurent.
Car derrière le pitre, farceur qui se prend pour Goldman – pas le chanteur, le héros barré de la série Castings sur Canal + -, se cache un travailleur acharné. Un faux fumiste que ce Pierre à qui on ne jettera aucune pierre. Pour incarner Saint Laurent, il a endossé les vraies lunettes du styliste mais a surtout eut besoin de trois coachs (couture, dessin, voix) et n’a pas cessé d’entendre en boucle le phrasé de son « modèle » pour s’imprégner de son personnage. Il est comme ça : un bosseur. C’est le seul défi qui le stimule.
Il a découvert sa vocation quand il était enfant. Il assistait à un spectacle de François Morel (les parents ont bon goût). A 11 ans, il se lance dans le théâtre. Cours Florent, Conservatoire… A 17 ans, il enchaine tournages et tournées. Josée Dayan l’engage pour un téléfilm. Emmanuel Demarcy-Mota en fait l’un de ses comédiens fétiches. Lui-même écrit et met en scène Si près de Ceuta. La jeune étoile progresse dans le ciel surchargé des nouveaux talents.
Il a l’allure d’un jeune premier, d’un jeune dans l’air du temps, d’un mec de son temps, sourire à la joker, regard pétillant, joie communicative, Niney n’est plus un néophyte. S’il marque autant les esprits aujourd’hui, c’est davantage par sa posture que par sa carrière, encore balbutiante. Dans une France pessimiste, alors qu’il est de bon ton d’être désabusé, cynique ou faussement modeste, Pierre Niney impose de nouveau le délire. Sur les plateaux de TV, il est le petit-fils spirituel d’un Serrault, prêt à faire toutes les conneries. Il paraît sympathique quand d’autres préfèrent jouer le mystère.
Pierre Niney aime faire rire. Divertir est un art noble. Il semble invincible, mais il n’a rien de lisse. Issu d’une famille CSP+ tendance artistique, parisien, hétéro, vaguement de gauche, mais sans élan, il préfère le masque du clown plutôt que l’impudeur, l’engagement à travers la création. Il n’a pas la beauté d’un Personnaz. Mais il a l’allure du parfait jeune homme, fin et drôle. Un gendre presque idéal.
Sur le grand écran, c’est une autre vie. On le croise brièvement dans LOL, Les émotifs anonymes et deux Guédiguian. C’est seulement en 2011 qu’il obtient un rôle principal avec J’aime regarder les filles, une comédie romantique. Première nomination au César du meilleur espoir. Il enchaîne avec Comme des frères, qui le révèle à un plus large public. Sa prestation est en effet, de loin, la plus remarquable du film. Seconde nomination au César du meilleur espoir et Prix Patrick Dewaere. Le buzz monte autour de lui. Il sait créer un personnage, à la manière d’un acteur anglo-saxon, sans avoir peur des excès. C’est avec 20 ans d’écart qu’il frappe les esprits. En jeune homme amoureux transi prêt à tous les écarts (jusqu’à la folie), il charme autant qu’il surprend. Le film est un carton et les spectateurs découvrent ce drôle d’oiseau capable de toutes les bêtises pour draguer sa dulcinée, Virginie Efira, cougar malgré elle.
Niney opère le bon virage au bon moment. En le choisissant pour incarner YSL, Jalil Lespert lui fait un cadeau magnifique. L’acteur doit tout jouer : le rire, les larmes, la démence, la maladie, l’alcool, la drogue, le cul, la jeunesse et la vieillesse. Il démontre qu’il est tous terrains. On l’attend dorénavant dans le domaine de l’écriture, sa tentation permanente.
Solaire et masculin, gracieux et impertinent, spontané et perfectionniste, Pierre Niney, dandy nonchalant, n’a pas peur. Il pense comprendre ce métier. Et surtout, il se fait plaisir. Ce plaisir de jouer qui le motive depuis maintenant 15 ans.
vincy
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