Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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Votes : 11Cote : 23 %
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LE BON CANAL
Les téléspectateurs français ont découvert Charlotte Le Bon en Miss Météo frappadingue et excentrique en 2010, sur Canal +, pépinière de jeunes comédiens. La jeune femme québécoise a alors 24 ans, et l’accent. Mannequin durant huit ans, elle transforme la session climatologique en chroniques délirantes. C’est bien cette fantaisie qui séduit.
Insatiable, elle n’hésite pas accepter de jouer devant la caméra, d’abord pour des courts métrages. Avant de se lancer dans le grand bain. Après une saison à détourner le soleil et les intempéries en farces, elle s’embarque dans la plus grosse production cinématographique française de l’année, Astérix et Obélix : Au service secret de sa Majesté. Fiancée de Guillaume Gallienne, elle incarne Ophélia, un peu lasse d’attendre que son Jolitorax se décoince, lui demande sa main, et la divertisse. Délicieuse princesse qui s’ennuie, elle a le rôle le moins comique du film. Un comble ?
Sa carrière s’envole vite. En 2013, elle est quatre fois à l’affiche. La stratégie de la poussette, face au beau Raphaël Personnaz. En jeune femme qui refuse d’avoir un enfant, elle émoustille en puéricultrice obstinée. C’est charmant mais oubliable. Tout comme Le Grand méchant loup, ratage comique au casting de vedettes dans lequel elle se noie.
Le Bon est davantage remarquée dans le Gondry, L’Ecume des jours. Elle y incarne Isis de Ponteauzanne, parfaite snobinarde parisienne, amoureuse d’Omar Sy. Ravissante. Mais pas de quoi nous épater, cinéphiles blasés.
C’est en fait avec La Marche de Nabil Ben Yadir qu’elle révèle tout son potentiel. En journaliste, activiste et lesbienne (manquant de se faire violer sur un parking sordide), Le Bon prouve qu’elle peut sortir du rôle de la délicieuse dulcinée. Avec ce personnage plus dramatique, elle réussit à être naturelle. Charlotte Le Bon y va à son rythme.
Dans le rôle de la meilleure amie d’Yves Saint Laurent, la top model Victoire, elle poursuit cette veine dramatique. Elle réapprend à défiler. Elle enterre son accent. Devient plus parisienne qu’une parisienne fantasmée par Faizant. Ce coup-ci Guillaume Gallienne, en Pierre Bergé, n’est plus coincé, quand il la prend contre un mur. Le Bon s’émancipe, séduit, plus subtilement, et n’a plus forcément envie de faire rire. Elle confesse avoir adoré faire son premier vrai rôle de composition.
D’ailleurs, son travail de photographe et d’illustratrice (pour Spank Magazine) révèle une personnalité qui aime les espaces vides, les voyages, les contemplations et les visages. Son monde n’est pas drôle. Même quand il est coloré, il y a une teinte de mélancolie. Ses dessins sont ironiques, parfois décalés, assez engagés. Ses œuvres sont poétiques, qu’elles soient romantiques ou trash. Sur Twitter, la lune s’appelle Madame Jolie (et fait la nique aux éclairages publics). Petite, elle était d’ailleurs dans la lune.
Connaît-on vraiment Charlotte Le Bon ? Sait-on qu’elle a signé des portraits d’écrivains dans le supplément littéraire de Libération ? Imagine-t-on qu’elle a de la difficulté à devoir et assumer être sexy ? Elle se préfère presque virile. Elle ne séduit pas par son physique. La dérision lui semble plus efficace. « J'aime les femmes avec un grand H, capables d'être sophistiquées dans leur apparat et d'avoir des c… » clame-t-elle. Elle reconnaît cependant qu’elle se pose des questions sur sa légitimité.
Ça ne l’empêche pas d’avancer puisque Lasse Hallström l’a enrôlée pour jouer avec Helen Mirren dans Le Voyage de cent pas. Le bon premier pas vers une carrière internationale ?
vincy
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