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JUIN 2002

Rampling en voix....

1er album de chansons pour l'actrice Charlotte Rampling.
Serge

"Comme une femme" est le titre du premier disque de l'actrice Charlotte Rampling. Un ensemble de chansons poétiques et plutôt intimes signées Michel Rivgauche et Jean-Pierre Stora. Depuis son retour sur le devant de la scène avec son rôle dans Sous le sable de François Ozon, Charlotte Rampling est devenue une sorte d'icône posant pour des séries de mode (par exemple dans Libération styles) ou en participant à de nombreuses manifestations (Cannes 2001).
Avec ce disque, elle renoue avec une passion de jeunesse : chanter. Et il aura fallu cinq ans avant que le disque ne sorte. Mais Charlotte Rampling, avec une voix un peu roque à la Jeanne Moreau (en moins sensuelle), donne une voix à des mélodies plus qu'elle ne se laisse entraîne par celles-ci.
En lisant le titre des chansons - "J'aurais voulu être une vamp", "Les secrets d'un coeur", "On aime se sentir aimée", "Comme une femme regarde un homme",... - on a la tonalité de ce disque : des textes souvent subtiles sur les fragilités et les élans de l'amour du point de vue féminin. L'amour, l'amour et encore l'amour pour une femme sensible malgré son apparente froideur, voire sa sévérité (il suffit de se souvenir de sa prestation cannoise lors de la cérémonie de clôture de Cannes 2000 pour voir que cette femme mène son petit monde à la baguette).
Peut-être qu'avec ces mots Charlotte Rampling se dévoile plus que devant la caméra... A découvrir depuis le 30 avril, "Comme une femme" est comme elle, élégante.

"Comme une femme" (22 euros); Charlotte Rampling chante Michel Rivgauche et Jean-Pierre Stora. Inca Production.

Proximités

La boutique au coin de la rue
d'après le film de Ernst Lubitsch
Théâtre Montparnasse / Molière de la meilleure pièce

Vincy

C'est une nouvelle tendance : la pièce adaptée d'un film. Pendant que Michel Leeb se travesti tous les soirs dans le nord de Paris pour se transformer en Madame Doubtfire, sur la Rive Gauche, on reprend un film de Lubitsch (déjà remaké par Hollywood il y a deux ans), pour le muter en " vaudeville " haut de gamme.
L'ensemble n'est pas désagréable. On pourrait même qualifier cette pièce de produit divertissant efficace. Les dialogues fusent, les caractères sont trempés et bien singuliers, l'histoire écrite d'avance. Même les décors sont plaisants, variés.
Non le plus étrange est que la pièce atténue fortement la relation entre ces deux êtres que tout oppose au bureau mais que tout réunit en secret. Ni les sentiments, ni les rancoeurs des tourtereaux ne passent aussi subtilement que dans le film. L'adaptation s'égare à garder le rythme. Ca bouge tout le temps, ça tourne dans tous les sens, ça parle, ça parle... Rien n'a le temps de s'installer, pas même ces personnages pittoresques.
Cela reste du théâtre populaire, bien produit, soigné, applaudi. De là à obtenir un Molière ! Dans la même veine que Les Palmes de Monsieur Shultz (qui engendra un film), on réplique un peu la recette. Mais cela ne reflète que l'absence de risque du théâtre privé. S'il n'a que ce type de pièces populo-chic à proposer, alors le théâtre est un peu mort, ou juste un nouveau support pour des producteurs de films, à l'instar des Américains qui transforment Disney, Hugo, Mel Brooks en comédies musicales.

Contact distant

Opéra Céleste (Requiem de Verdi)
Stade de France / 22 juin 2002

Vincy

Le requiem de Verdi n'est ni celui de Mozart ni celui de Fauré. Libérateur, passionnel, grandiloquent, il alterne la symphonie et l'opéra, les grands airs tonitruants et les petites musiques apaisantes. Il s'adapte parfaitement à un grand espace, à une communion solennelle de masse. Les 50 000 spectateurs présents, acteurs d'une culture en voie de démocratisation, écoutaient religieusement ces 80 minutes de défiance. Car il s'agit bien d'un défi. Un requiem affronte la mort. Mais pas seulement. Ici, il fallait aussi se confronter à l'espace et au lieu, et bien évidemment au vent et au bruit.
Sortir la musique classique de ces décors d'Opéra et la sacrer dans un stade peut paraître une gageure. Il n'en est rien. Il s'agit là de l'illustration parfaite d'un rituel universel où le plus grand nombre partage le même langage. Profane ou mélomane, le spectateur ne percevait plus la musique comme un art intouchable mais bien comme un air familier.
L'orchestre réussit son pari sonore. Dommage que la présence toute proche de l'autoroute créé un bruit de fond nuisible. Regrettable aussi que la mise en scène " céleste " soit aussi distante. L'orchestre était situé au centre de cette immense arène, loin des premiers spectateurs. Le tapis blanc servant de supports à des images trop clichées (cosmos, cyclone, labyrinthe) et mystiques (catégorie croyances populaires) produisait un effet désastreux, à la fois pompier et froid. Aucune animation, aucune humanité ne permettait de provoquer l'émotion. Il fallait mieux fermer les yeux, écouter, et à défaut regarder la lune qui pointait son nez pour se pencher sur ces trois ellipses très semblables à la machine de Contact (de Robert Zemeckis).

 
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