DVD : la Vidéo HS

Le DVD n'est pas un produit nouveau. Il date de 97, commercialement. Mais sa consécration a eu lieu cette année. Avec un lecteur au coût en chute libre, et des VHS qui s'usent avec les années, le DVD est ce que le CD fut au Vynil, une renaissance. Ici on célèbre l'accès aux masses démocratiques à un " home cinéma " de haute qualité, techniquement parlant.
Preuve de cette propagation de l'élite vers les classes moyennes, le DVD aurait pu paraître comme un produit de luxe, à l'instar de l'épicerie fine. Alors seuls les grands classiques, les films adulés par les critiques, les quelques mythes du 7ème Art y auraient trouvé leur place sur les étagères.
Mais voilà, en 2001, le DVD représentera 60% des ventes du marché de la vidéo, 40% de son volume. Et les best sellers sont à peu près équivalents en VHS et en DVD. Même les séries B, les films commerciaux loués pour des cacahuètes font leur apparition dans les meilleures ventes de DVD, où se côtoient les 5 Rocky et Vercingétorix, Vertical Limit et Chicken Run, la tournée de U2 et le best of des Inconnus.
Chaque semaine des records sont battus en terme de lancement : Blanche Neige, Shrek, Pearl Harbor, Hannibal, Le retour de la Momie ont triomphé en pré-commandes puis chez les distributeurs aux USA. En France, " Le Pacte des loups ", " Les rivières pourpres ", " La vérité 2 " et " Amélie " confirment leur triomphe au Box Office. Un succès populaire en salles reste la garantie d'une réussite commerciale en DVD.
Encore faut-il que tous les films soient accessibles équitablement sur un même territoire. Les distributeurs spécialisés en biens culturels offrent un large éventail tandis que la grande distribution se limite à une discrimination démagogique de films " grand public ". Le déséquilibre est flagrant. Il est compensé par les cybermarchands qui offrent, à distance, des films pointus.
Car le DVD, produit plus cher que la VHS, est une mine d'or et il a confirmé sa position de chef de file dans la croissance de l'électronique grand public. En un an, les ventes ont doublé passant de 800 000 lecteurs DVD vendus en France en 2000 à 1.6 million en 2001. 1 foyer sur 8 possède le matériel nécessaire. De 11 millions de DVD vendus en 2000, les Français ont acheté 24 millions d'unités cette année. Aux USA, on compte plus de 20 millions de lecteurs DVD vendus en 4 ans, dont près d'un tiers en 2001. Au delà du DVD, les consommateurs s'équipent aussi d'écrans larges, d'ampli, d'enceintes... la tendance est au cocooning. Mais grâce au DVD le secteur de l'électronique sauve une année par ailleurs déprimée (les ventes d'ordinateurs ne sont pas au top).
Et grâce au DVD toujours, le produit cinéma retrouve sa flamme alors que la musique et les jeux vidéos prenaient un sérieux ascendant, notamment technologique.
Même si le magnétoscope n'est pas encore mort, la force du DVD ne réside pas seulement dans ses avancées techniques et son atout numérique. Il s'agit aussi d'un produit qui aime le cinéma. Les coffrets, les éditions de luxe, les collectors, sont un gage de bonnes ventes. En effet, même s' il est toujours ennuyeux d'attendre une minute avant de voir son film commencer (sommaire, choix de langue, ...), la qualité de l'image n'est pas le seul avantage. Interviews, making of, bandes annonces, vidéo clips, documentaires,... tout ce qui prolonge le film, transformant le DVD en encyclopédie audiovisuelle, et le soin qu'on y apporte, contribuent à penser le DVD dès que l'on débute la production du film. Pour une fois le contenu est au coeur du modèle économique et de la réussite d'une innovation au profit d'une oeuvre artistique.
Le DVD risque de changer la face du cinéma, économiquement comme cinématographiquement.
 

 
(C) Ecran Noir 1996-2002