Photos © Warner Bros Pict.
 Dossier préparé par Vincy, Sabrina et PETSSSsss
 © Ecran Noir SARL 1996-2005
 

Revigorer
Après la baisse de régime du troisième épisode - près de 100 millions de $ de moins en recettes mondiales et plus de 2 millions de spectateurs en moins en France - et malgré de meilleures critiques, la saga Harry Potter n'avait pas le droit à l'erreur. Il reste 3 romans (dont un tome à venir, puisque le sixième - Harry Potter et Le Prince de Sang-mêlé vient de sortir) avant de conclure la franchise. Tourné au rythme d'un épisode tous les 18 mois environ, il s'agit d'une course contre le temps : ne pas perdre les fans du livre, qui vieillissent et vont s'intéresser à d'autres héros, et faire tourner l'ensemble de la série par les acteurs principaux. Car les acteurs grandissent vite. Harry Potter a 14 ans dans La Coupe de feu, son acteur, Daniel Radcliffe vient de fêter ses 16 ans.
L'autre contrainte agit sur la fidélité aux livres. Au fur et à mesure que les épisodes se suivent, les livres deviennent de plus en plus épais. Il fut même envisagé de couper La Coupe de Feu en deux. Quelques éléments ont donc été passés à la trappe dès l'étape du scénario, puis en salle de montage : nul Dursleys, pas de Molly Weasley, aucun géant ramené par Madame Maxime et Hagrid. Sirius Black ne se transforme pas en chien pour revenir à Poudlard. Dumbledore n'est pas aussi vieilli, usé, fatigué, tout juste un peu dépassé par les événements et déjà un brin Alzheimer. Et il n'y a aucune araignée géante pour protéger le gros lot dans le Labyrinthe du Tournoi des Trois Sorciers. Peut-être n'est-ce pas un mal puisqu'il s'agissait d'un des points d'orgue du second opus. Tous ces compromis sont sans doute nécessaires au nom du rythme cinématographique, et, finalement, rendent les livres plus passionnants.

Réaliser
Cette Coupe de feu est un livre transitoire entre l'enfance émerveillée de Potter et les sombres années qui l'attendent. Depuis la défection de Chris Columbus, les producteurs ont décidé de libérer la série en changeant de cinéastes à chaque adaptation. Même s'ils avaient proposé, en vain, à Alfonso Cuaron, réalisateur Mexicain, de faire La Coupe de feu après les éloges critiques du Prisonnier d'Azkaban. C'est donc, et pour le première fois, un cinéaste britannique, Mike Newell, qui a accepté cette mission de transformer 734 pages de livres en 2 heures et demi de films. Cuaron a quand même aidé Newell en lui conseillant de ne faire qu'un seul film, et non pas deux comme il était prévu. Le réalisateur de 4 mariages et un enterrement a donc éliminé pas mal de petites histoires du roman et s'est concentré sur les deux aspects qui l'intéressaient : les relations entre ado et le thriller. Deux combats en quelques sortes : les filles et Lord Voldemort. Ceci dit, vu le travail et la qualité du film (le meilleur des quatre à date), notons que Newell gagne dix fois moins que Columbus!
Les scènes aquatiques ont été les plus dures à tourner, avec des règles strictes (sécurité) et quelques soucis de santé, et d'immenses aquariums à fabriquer pour filmer tout le monde. Rien que Radcliffe du endurer 42 heures de tournage subaquatique, étalées sur trois semaines. N'oublions pas la scène de bal. "Mike Newell a très gentiment caché tout ce qu'il y avait sous ma taille. Vous ne voyez jamais mes pieds bouger" remercie Radcliffe. "Bien sûr, le film renferme de merveilleuses séquences à grand spectacle comme le Tournoi ou encore l'épisode à la fois touchant et drôle du Bal de Noël, mais son moteur est la dramatique confrontation d'Harry avec une puissance maléfique qu'il est le seul à pouvoir combattre" explique Newell, choisi par les producteurs pour son aptitude à être "à l'aise avec le côté suspense et thriller noir, qu'avec le côté action. Il lui fallait aussi être en résonance avec les affres comiques de l'adolescence."

Restituer
Le cinéaste tenait aussi à faire passer le message clef du livre, transmis par Dumbledore : "Il s'efforce de préparer ses élèves aux dangers à venir. Apprendre à vivre avec des gens qui sont différents de vous. S'ils sont qualifiés, que vous importent leur origine" justifie le producteur David Heyman. Du coup, l'imagerie devient plus cosmopolite : deux jumelles indiennes, une chinoise séduisante, des Françaises et des Bulgares.
Mais celui qui dirigea la fine fleur féminine hollywoodienne dans Mona Lisa Smile, s'attacha aussi à faire progresser les comédiens. Il demanda à Daniel Radcliffe de visionner le thriller d'Hitchcock, La Mort aux trousses. Tout comme ce sont les Western Spaghetti qui ont inspiré la chef costumière pour l'allure de Maugrey Fol-Oeil. Sans oublier les effets visuels. Un dragon grandeur nature et qui peut cracher du feu, une technique numérique expérimentée par les séries TV pour faire disparaître les problèmes de peau des ados (disons l'acnée?), particulièrement visibles dans les gros plans, un oeil qui bouge indépendamment et dont on ne saura aucun des secrets de fabrication : les effets spéciaux ne sont pas que de la réalité virtuelle. Le nez de Lord Voldemort a quand même été fabriqué par la grâce des ordinateurs et accentue son appartenance à Serpentard avec une allure reptilienne jusque dans les costumes.
Dans le monde réel, ce Potter fut tourné en Ecosse, dans les studios de Leavesdon et à Oxford. Une année de prises de vues entre le printemps 2004 et mars 2005. Le défi du chef décorateur (Stuart Craig, à qui l'on doit ceux du Patient Anglais, Les Liaisons dangereuses et Gandhi) était de magnifier certaines scènes. "Nous avons décidé que la poursuite avec le dragon déborderait le cadre de l'arène afin d'exploiter les beautés naturelles des Highlands. Cette poursuite dépasse largement en ampleur celle du livre." Effets visuels et effets spéciaux cohabitent ainsi dans des mêmes plans. Comme ce dédale gigantesque, mélange de machineries en acier, systèmes informatisés, décor réel, et perspectives factices.

Reconversion
Avec une sortie proche des fêtes, l'épisode IV devrait remplir les salles - malgré une forte concurrence sur le marché familial et une baisse significative des entrées de cinéma. Lors de son premier week end d'exploitation en Amérique du Nord, La coupe de feu a rapporté 100 millions de $. Le plus cher des films de la saga a ramené plus de dollars en trois jours qu'aucun des trois précédents, et ce malgré une censure restreignante (les moins de 13 ans aux USA, les moins de 12 ans au Royaume Uni doivent être accompagnés). Il est probable que Le Prisonnier d'Azkaban ait souffert d'une sortie estivale. Pourtant l'Ordre du phoenix, qui va être tourné dès cet hiver, est planifié pour une sortie en juin 2007.
Mike Newell a déjà dit qu'il n'en ferait pas un autre. David Yates, réalisateur réputé de la télévision britannique, reprendra le flambeau. Pour le moment, le trio Radcliffe-Grint- Watson est confirmé. Comme d'habitude, personne ne prend le risque d'annoncer que les trois jeunes comédiens feront toute la série. "Je ne suis pas absolument sûr que je les ferai tous. Je ferai le cinquième, c'est sûr, mais après, qui sait ?", explique Daniel Radcliffe / Harry Potter, qui s'identifie de plus en plus à son personnage : "moi aussi je suis passé par tous ces problèmes d'hormones, comme Harry, alors c'était encore frais dans mon esprit". Pour la première fois, cependant, il sort des plateaux de Poudlard pour jouer dans un film qui n'a rien à voir, December Boys. Tout comme Rupert Grint abandonne son air de cancre craintif pour jouer dans une comédie, Driving Lessons. Le début de la fin... Il faut bien penser à la reconversion.

Vincy