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Ni luttes, ni soupirs
Queer are folks
La vie en rose?
Y a-t-il un cinéma gay?
Ni luttes, ni soupirs
Pûte, fut, rut, jute, flûte, zut. L'année 2007 augure mal d'un avenir rose pour la communauté homo, bi ou trans. Liberté, certes, fraternité, sans doute plus que d'autres. mais l'égalité? La république ne peut-être une et indivisible si l'on réclame des devoirs à tous et l'on donne des droits à chacun, en fonction de critères discriminatoires basés sur la morale, la religion ou la subjectivité des puissants. Nous ne sommes pas égaux en France selon les choix amoureux qui nous ont portés à être en accord avec nous-mêmes. En créant de telles névroses, la plupart des pays occidentaux perdent deux occasions : lutter contre l'obscurantisme (religieux, culturel) qui fait tâche d'huile dans nos mentalités et faire de la richesse des individus un enjeu de croissance et un facteur de progrès social. Les pays ayant accepté le mariage gay, par exemple, sont souvent perçus comme plus dynamiques, plus attractifs économiquement, plus séduisants pour leur qualité de vie. A tort ou à raison, Le Cap, Bruxelles, Barcelone, Londres, Montréal semblent des villes d'avenir tandis que Rome, Paris, New York se muent en mausolée. Bien que les pacifistes italiens aient repris le drapeau arc-en-ciel comme symbole, il faut voir les bars quasi clandestins des villes de la péninsule. On a l'impression d'un flash back dans les années 70. A Paris, le Pulp a fermé pour se faire remplacer par un parking et l'Amnésia, qui ne désemplit pas, devrait laisser son emplacement à une prestigieuse marque de fringue italienne. Quant à l'Amérique, le mariage gay, comme l'avortement, est encore vu comme un acte diabolique pour lequel on vote avec passion, plutôt contre que pour.
Halte aux régressions!
Pourtant à en croire les séries TV, les films, les médias, il n' a jamais été aussi facile d'être homo. On peut s'affirmer sans être renié par leurs employeurs ou leurs fans. Le comble est que certains hétéros en viennent à jouer avec les codes homos pour séduire le public. D'ailleurs la discrimination pour raisons sexuelles, selon la HALDE (Haute Autorité de la lutte contre la discrimination et l'exclusion) est infime comparé au racisme ou aux personnes ayant un problème de santé ou de handicaps. Mais selon SOS Homophobie, les actes homophobes progressent fortement chaque année pour atteindre, en 2006, 1332 témoignages (ce qui n'incluent pas tous ceux qui en sont victimes mais qui ne disent rien). Un acte sur huit est même une agression violente ou physique (en très forte progression). Rappelons ce que nous disait Peter Mullan : "Maintenant ce qui m'interroge énormément, pour en revenir à chez moi, la classe ouvrière écossaise, c'est de savoir pourquoi les homosexuels sont redevenus la cible, notamment, des quolibets et même des actions violentes. Je ne sais pas trop ce que cela signifie. Est-ce qu'ils pensent que les hommes ont perdu une sorte de masculinité? Est-ce qu'ils ne se sentent pas menacés? Mais il y a de plus en plus d'attentats homophobes (du gay bashing). Et je ne me l'explique pas. Deux de mes amis, hétéros, se sont fait agressés tandis qu'ils s'embrassaient pour se dire au revoir. On les a traité de pédale. Pour moi c'est une régression."
Et les politiciens n'arrangent rien. Delanoë, Aillagon sont les arbres qui cachent une forêts d'hypocrites, de bien pensants, de refoulés (aussi). Pour un Romero laissé sur le banc de touche de l'UMP, combien de Boutin ou Vanneste réhabilités ou protégés par le parti du Président? Sans oublier d'importants dirigeants comme ceux de la Russie et l'Iran qui nient tout simplement l'homosexualité. Il est même encore trop souvent difficile d'aimer librement dans de nombreux pays, y compris à deux pas de chez nous. On peut toujours boycotter la Pologne ou l'Egypte en tant que touristes. Mais cela suffit-il? L'élection d'un gouvernement libéral n'améliorera pas la situation, excepté pour les avantages du PACS, (qui concerne désormais au 3/4 des hétéros.
Vive la différence!
Tandis que de plus en plus d'hommes et de femmes goûtent au même sexe, par expérience, désir, curiosité, hasard, que les formes de familles se métamorphosent - du triolisme aux monoparentaux en passant par des recomposés de toutes sortes - on sent un essoufflement du côté des revendications. D'un côté tout semble plus naturel au quotidien. Le personnage homo ou bi est récurrent dans la fiction. Le cinéma s'interroge même de plus en plus sur le transsexualisme. Ce n'est plus un effet, c'est un fait. La lutte semble abandonnée. Il ne faudra pas se plaindre s'il ne reste que les soupirs, le trépignement, l'espoir, la patience si l'on se résigne d'ores et déjà. Soumis à un ordre moral qui impose ses codes en prime-time ou dans les multiplexes? Les homos, bis, et trans semblent désormais des caricatures et des clichés pour les fictions destinées au grand public, ou des névrosés, marginaux ou objet de curiosité chez les auteurs plus confidentiels. A quand Brice de Nice bien dans sa peau au milieu d'une nuit à trois ou Jack Barrow assumant ses penchants ou encore Deneuve partant avec Miuo-Miou dans Le héros de la famille ou même Dumbledore narrant son histoire d'amour avec le magicien noir Gellert Grindelwald (authentiquement avoué par l'auteure de la saga)? L'exemple ne peut venir que d'en haut. D'ailleurs notre nouveau Président de la République le disait avant son élection : "Tout ce qui peut être fait à l'école pour expliquer que la différence est une richesse et pas un risque, je le favoriserai." Alors si la lutte a fait place aux soupirs, n'oublions pas de rester vigilant, en attendant mieux...
- Novembre 2007
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