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    Y a-t-il un cinéma gay?

    Avril 1997. Une comédienne met sa sexualité sur la table. Pas n'importe quand. Dans sa propre sitcom, la star dévoile son homosexualité à une heure de grande écoute. La société regarde. Se regarde.
    Jamais les personnages homosexuels n'ont été si visibles, si fréquents au cinéma. Sujet de fond du film, ou tabou mis en situation de comédie. Désormais ce qui est In c'est d'être Out.
    Au même moment, les Festivals gays et lesbiens envahissent toutes les métropoles occidentales. L'Europride est aussi courtisée que le Pape-show. Et on se pose la question: y a-t-il un cinéma homosexuel?

    Il faut alors distinguer deux sortes de films. Le film écrit ou créé par un homosexuel (scénariste, réalisateur, producteur), qui forcément apportera sa propre vision, sa propre sensibilité. On parle là de gens comme Ruppert Everett, André Téchiné, Clive Barker, David Geffen...
    Et les films traitant de l'homosexualité. Et là ils sont de plus en plus nombreux. Un genre à eux tout seul, de Mort à Venise à In and Out, de J'en suis aux Roseaux Sauvages, de Maurice à La Cage aux folles. Une minorité tellement incontournable qu'un film ne peut aujourd'hui ignorer le problème. Et forts de leur puissant lobby, les homosexuels américains sont même parvenus à freiner le côté caricatural des personnages.
    Autant ils ont banni BraveHeart et l'homophobie latente de Mel Gibson, autant ils applaudissent devant la leçon de As good as it gets. Ils essaient même de faire avouer à certaines stars leur orientation sexuelle, afin de banaliser ce choix amoureux et sexuel.

    Aussi, il n'y a pas vraiment de cinéma gay et lesbien. Il y a juste un cinéma intégrant différentes orientations sexuelles, autrement dit reflétant la société dans toutes ses composantes. L'histoire dira si il y a un cinéma noir, homosexuel ou féminin. Une sorte de classification un peu trop restrictive...
    Surtout qu'il faut tenir compte du fait qu'Hollywood a toujours eu de nombreuses stars homosexuelles (Montgomery Clift, Rock Hudson, James Dean), des artistes homosexuels ayant fortement contribué à la qualité de certaines oeuvres. Disney, victime d'un boycott religieux pour avoir accorder les mêmes droits aux couples homos qu'aux hétéros, se défend d'ailleurs ainsi. Sans ses employés gays, de nombreuses oeuvres n'exiteraient pas telles que nous les voyons.
    Peu importe si on ne sait pas quel sexe fait plaisir à Jodie Foster ou Keanu Reeves. Peu importe les provocations en forme d'aveux de Madonna. On se fout de ces détails de la vie privée. Ça ne remet pas en cause leur talent. A partir du moment où un artiste se connaît bien, n'a pas de doutes sur sa propre sexualité, il peut en effet jouer n'importe quel rôle, sans ambiguïté.
    Il semble que ce ne soit pas si facile. De nombreux acteurs ont refusé le rôle du mari de Miou-Miou dans Nettoyage à Sec. Un mari qui se fait sodomiser par un jeune éphèbe. Charles Berling s'en est sorti sans égratignures. Il n'a pas eu peur de briser un tabou. Après tout un acteur doit pouvoir tout jouer.

    Pourtant tout est gay à notre époque: les boîtes branchées, les modes vestimentaires, les musiques dans l'air du temps. Tout est importé du gay-tto. Une vraie référence le look ou les goûts des homos. Des pubs comme Calvin Klein se sont construites sur un véritable homo-érotisme, désormais courant.
    Alors, Ecran Noir devient donc Ecran Rose. Un dossier qui évoluera et s'étoffera avec le temps. Un répertoire des films exhibant l'homosexualité sur grand écran.
    Des films notés (plus y a de capotes, plus le film est indispensable à votre cul-ture). Et puis un listing des Festivals gays et lesbiens.
    Loin de nous l'idée de mettre ces films dans un ghetto. Au contraire, vous remarquerez que de nombreux films ont été réalisés par les plus grands ou n'ont intégré l'homosexualité que pour mieux faire passer un message.
    Au contraire, ce dossier est là pour amuser, divertir, et parler de films souvent délectables. Bref au lieu de les cacher, sortons les du placard...à vidéos.

    - Janvier 98

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