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LA REVANCHE DU LIDO ?
Après une Berlinale inégale et un Festival de Cannes en demi-teinte, tout le monde le répétait depuis des mois : cette année, c’est sur la Lagune qu’il faudrait être pour découvrir les projets les plus excitants du moment. Espoir finalement à demi-déçu, puisque certains grands noms tant annoncés (Terence Malick,
Clint Eastwood, Johnnie To...) ne seront pas de la partie. La concurrence de Toronto (qui a récupéré Clint Eastwood) et, plus tard dans la saison, de Rome, planent toujours sur le Lido… Sans oublier la "wong kar-waisation" de Malick, apparemment incapable de finir son Tree of life.
Pour autant, pas de quoi regretter le déplacement, puisque sur le papier, c’est malgré tout un feu d’artifices de grands noms aussi bien en compétition (François Ozon, Takashi Miike, Julian Schnabel, Tsui Hark, Sofia Coppola, Darren Aronofsky …) qu’au dehors (John Woo, Hong Sang-soo, Paul Morrissey, Michele Placido, Robert Rodriguez…), avec une forte prédominance du cinéma américain (surtout en sélection officielle). Amusant lorsque l’on songe que les Etats-Unis n’avaient qu’un film en compétition à Cannes, et encore, un pas très bon.
L’Asie tire elle aussi son épingle du jeu (c’est désormais le cas lors de tous les grands rendez-vous internationaux) ainsi que l’Europe, France et Italie en tête, harmonieusement réparties dans les différentes sélections. Le cinéma hexagonal est d’ailleurs représenté dans toute sa diversité, avec Catherine Breillat (que la Cinémathèque Française célèbre aussi à travers une rétrospective cet automne), Bertrand Blier, Anthony Cordier, Abdellatif Kechiche, François Ozon et Alix Delaporte. Pour compléter le tableau, on note la présence au jury du cinéaste Arnaud Desplechin.
Les enjeux de cette 67e édition
Avec 79 longs métrages venus de 34 pays différents, et une nouvelle section "Horizons" ouverte aux œuvres d’avant-garde de tous les formats, la Mostra de Venise promet donc un beau panorama du cinéma contemporain. Mais au-delà du plaisir immédiat, quels sont les enjeux de cette 67e édition ? Ce qui inquiète avant tout les professionnels, ce sont les rumeurs sur la qualité des films : Cannes ne serait pas un "ratage" mais juste le reflet de la production actuelle… Plus dure pourrait donc être la chute pour Venise qui aligne pas mal d’auteurs attendus au tournant, et qui décevront d’autant plus s’ils ne sont pas à la hauteur.
Autre point d’intérêt, l’omniprésence de l’Asie dans toutes les sélections : effet de mode ou véritable bon cru de cinéastes habituellement inégaux comme Tsui Hark ou les frères Pang ? Après la Palme d’or à Apichatpong Weerasethakul, qui suit de près l’Ours d’or à Semith Kaplanoglu, le continent asiatique pourrait faire le triplé… ou montrer ses limites, le label "asiatique" recouvrant des réalités trop différentes pour être un gage systématique de qualité.
Enfin, comme dan tout festival de cette envergure, c’est au marché que l’on prendra la température des mois à venir. Avec une varia innovation : la création d’un système unifié et numérique permettant aux professionnels accrédités de visionner en ligne les films proposés. Conclure les négociations sur les films vénitiens au Festival de Toronto (qui débute le dernier week-end de la Mostra), c’est donc désormais possible, comme s’en est amusé Marco Müller, le directeur du festival.
Car au-delà des films et des paillettes, c’est finalement l’avenir même du festival vénitien qui est en jeu. Coincé entre Locarno et Toronto, concurrencé dans son propre pays par Rome, la Mostra a cette année une vraie carte à jouer pour redevenir un carrefour incontournable du cinéma mondial. Pour ne rien rater de l’événement, Ecran Noir s’installe sur l’île du Lido dès le 1er septembre, et pour toute la durée du Festival, afin de vous faire vivre en direct les meilleurs moments de cette rentrée cinématographique à l’italienne.
MpM
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