|
QUAND Y'A DE LA CHAINE, Y'A PAS DE PLAISIR Mardi 9 février 1999 Nous arrivons au dernier jour de cette rétrospective de films et de documentaires, d'une excellente qualité, du FIPA et Télévision citoyenne. En salle 100, le film de Jean-Michel Carre vient de se terminer. La salle est mi-pleine. Le réalisateur nous parle de son reportage Femme de Fleury, qui date de 1990, décrivant la vie carcérale de sept femmes représentatives de la population de la maison d'arrêt de Fleury Merogis (91). Pour tourner en prison, il a dû attendre 2 ans avant d'obtenir les autorisations de filmer du ministère de la Justice, allant jusqu'à passer par une association de danse orientale, qui allait apprendre aux femmes détenues une activité culturelle, afin d'apprendre un art qui permettrait la réinsertion. Durant 6 mois, grâce à un coup de bluff avec la directrice de l'établissement, il a pu interviewer des femmes aussi bien toxicomanes, prostituées, tout en récoltant en parallèle le sentiment des "matonnes". Plus de 416 heures de bande vidéo ont été nécéssaires pour réaliser ce reportage qui, avant le tournage, n'intéressait pas les grandes chaînes de télévision. Jean-Michel Carre a compté sur le soutien financier de l'UNESCO et d'associations de femmes entre autres. Ce 52 minutes n'aurait jamais vu le jour si Michelle Cotta, à l'époque responsable des grands reportages sur TF1, n'avait pas eu le "coup de coeur" pour ce documentaire. Résultat, ce film est passé le 8 mars 1991, "jour de la femme", en seconde partie de soirée et a obtenu une audience de plus de 10 millions de téléspectateurs! Jean-Michel Carre a réalisé ensuite un long métrage Les Matonnes qui est passé sur une chaîne du câble, Planète. Puis, il a enchaîné sur Les Enfants des prisons qui parle des enfants nés en prison."Les seules personnes à vivre en prison sans jamais avoir été jugées" dixit le cinéaste. Il nous annonce que son documentaire a pu faire bouger certaines choses à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (comme les plateaux repas glissés sous les portes des mitards). Aucun droit de regard du ministère de la Justice n'a été effectué, et le réalisateur ajoute : "j'étais contre et Michelle Cotta était prête à m'appuyer". Il a tourné en vidéo pour le côté brut, la maniabilité de la caméra et surtout pour des raisons financières. Ainsi s'achève le FIPA et le cycle télévision citoyenne aux Forum des Images. Vivement l'année prochaine! LIENS
BA |
|