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Chroniques
Un amour de Festival
On ne s'attardera pas sur les résultats décevants du palmarès. Comme le dit
si bien le Délégué Général (le monsieur avec les bretelles Droopy) : "Tous
les goûts sont dans la nature". Le jury n'a pas apprécié l'excellent Amores
Perros, trop moderne et trop violent sans doute, comparé à Borgès, d'un
classique académisme.
L'Argentine est donc la grande gagnante de cette neuvième édition, en
trustant les trois premières places du prix du Public et en récoltant le
Soleil d'or, le prix du meilleur court métrage et le Prix d'interprétation
masculine.
Ce n'est pas très étonnant puisque l'Argentine a appliqué un modèle
économique proche de la France en matière cinématographique. Les aides
publiques sont comparables à celles du CNC français et ont permis une
production de 100 fictions, soit autant qu'en Espagne et plus qu'en Italie.
Fernando Solanas, le grand maître du cinéma Argentin, présent lors de la
soirée de clôture, a désormais une floppée d'héritiers; l'Argentine offre
une diversité rare en matière de cinéma; on a pu voir ici même un biopic
plutôt littéraire, un film d'action homo, une comédie romantique, ...
Le Mexique a dû attendre qu'une cinéaste se fasse élire députée pour
adopter un système de financement plus singulier et qui, on l'espère, fera
ses preuves. Malgré des stars comme Salma Hayek ou des maîtres comme
Ripstein, le cinéma mexicain a du mal à s'imposer sur son marché.
Le Brésil a choisi une troisième voie en financant son cinéma par des
mesures incitatives en terme de défiscalisation. Attrayante sur le papier,
la loi a une application limitée puisque peu d'entreprises font d'énormes
bénéfices dans ce pays. Résultat, depuis Central do Brasil et l'espérance
d'une renaissance cinématographique au Brésil, le 7ème Art n'y a pas
décollé.
Le débat que présidait le ministre Charles Josselin a d'ailleurs porté sur
l'amélioration de la diffusion des contenus culturels sur ce continent mais
aussi en Europe.
Il est clair qu'il reste beaucoup de chemin à faire, notamment en matière
de distribution. Le cinéma argentin ne s'exporte même pas en Amérique du
Sud. La visibilité du cinéma mexicain ou chilien est quasiment nulle à
l'extérieur de leurs frontières.
Heureusement, il y a les Festivals. Et pas que Cannes, Toronto ou Berlin.
Sundance s'intéresse de très près aux écoles de cinéma de Buenos Aires et
de La Havane. Montréal vient d'ouvrir une importante sélection Amérique
Latine. Et la Cita, le grand rendez-vous européen pour les cinémas et
cultures d'Amérique Latine, prend une ampleur digne d'intérêt. Le public et
les politiques étaient au Rendez-vous. La musique aussi. Avec un air de
fiesta, La Cita ouvre aux cinéphiles de nouveaux horizons.
Il reste donc encore des continents à découvrir...
Vincy
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