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Deuxième Tour
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La complexité
Le premier épisode faisait " les présentations ". Le
second traite des " confrontations ". Le film est avant
tout basé sur une oeuvre littéraire (culte). La synthèse
des 1000 pages ne fut pas le seul défi : les scénaristes
avaient peur que ce qu'ils imaginaient n'était pas
cinématographiquement réalisable. Ainsi Gollum et
les batailles existent réellement.
Le deuxième tome de la trilogie était le plus difficile à
adapter. Trois groupes de personnes entraînent à trois
histoires en parallèle. De plus le personnage principal,
Frodon, est piégé par le pouvoir de l'anneau et son
enjeu est davantage psychologique. Il a fallu éluder,
car ce qui est descriptible sur des dizaines de pages ne
peut pas l'être au cinéma. La solitude de Frodon sera
mis en exergue dans le dernier épisode, choix assumé
des scénaristes. Là, ce sont les batailles et les passions
qui occupent le devant de la scène. Pour les auteurs il
ne s'agissait pas de résumer ou de comprimer, mais de
décider des orientations à choisir. La trahison à l'¦uvre
est donc nécessaire : c'est une interprétation, une
vision, qui ici respecte surtout l'esprit, la fougue
ressentie à travers les romans. En cela, les fans ne
sont pas déçus et les néophytes sont émerveillés, sans
être largués.
Car si Peter Jackson avoue ne pas avoir profité du
premier épisode (trop de pression) et savouré
d'avance du troisième (le plus intense selon lui), " Les
deux Tours " est assurément le plus difficile, aussi
bien à l'écriture, à la réalisation qu'au montage. Le
livre se concentrant sur l'action, il lui a fallu
approfondir la dimension des personnages, la
profondeur de leurs relations (notamment celle entre
Gollum et Frodon).
Enfin, le réalisateur, jamais satisfait, pense désormais
à son film en deux étapes : la sortie en salles et le
DVD. Au point d'offrir une version intégrale du
premier épisode quelques semaines avant la sortie du
second. Cela repense totalement l'écriture du cinéma,
et de cette trilogie en particulier. La véritable version
de l'Episode I dure ainsi 220 minutes (soit trente
minutes de bonus, non dénuées d'humour et de
rythme). Si bien qu'au final, le total de la trilogie
ressemblera plus à une mini série de 6 épisodes de 90
minutes qu'à trois gros films de 180 minutes.
L'expérience est unique dans l'histoire du cinéma :
laissez le spectateur en plein suspens pendant une
année, puis l'inviter à découvrir le film autrement chez
lui.
En cela la critique du film sorti en salles ne peut être
que partielle (en plus d'être partiale) puisqu'elle ne
concernera le produit fini que lorsque nous aurons vu
les trois versions intégrales du Seigneur des Anneaux.
Post-Scriptum
" Les deux Tours ". Nom prédestiné ? Suite au crash
des tours jumelles du World Trade Center à New
York le 11 septembre 2001, il fut un temps où New
Line Cinema, le studio producteur (et new yorkais)
souhaita changer le nom du second épisode. Peter
Jackson décida de le conserver, de peur que les fans
crient au scandale (à juste titre, NDLR).
Car ces Deux Tours ne sont pas seulement les
bâtiments érigés à Isengard et à Barad-dûr, c'est avant
tout l'alliance de Saroumane et de Sauron, les forces
du mal.
Tout un symbole. En attendant " Le Retour du Roi ",
le 17 décembre 2003.
Vincy-