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| Rédaction: Romain Photos: (C) Davis Films (C) Ecran Noir 96-01 | |
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Le tournage et ses complications
Christophe Gans se battait depuis plus de deux ans pour imposer Nemo à de trop nombreux producteurs dont les
divergences feront capoter le projet. Fatigué par ces batailles "administratives", il jette aux oubliettes le pauvre
sous-marinier et contacte son ex-collègue et ami François Cognard (aujourd'hui scénariste chez Canal + Ecriture) pour
qu'il lui envoie ce fameux script sur la Bête du Gévaudan dont il avait eu vent.
C'est le coup de foudre. Gans contacte immédiatement Stéphane Cabel, l'auteur du scénario, pour s'engager dans la
réalisation du projet.
La copie initiale représente aux yeux du réalisateur le creuset idéal pour tremper les particules de cinéma de genres dont il
est féru. Mani, le personnage de l'Indien Mohawk apportera même cette touche de cinéma Américain pourtant peu
convenu dans un film français d'époque.
Cette fois, la production du Pacte des Loups ne se présenta pas sous de mauvais augures puisque Canal + Ecriture et
Richard Grandpierre, l'un de ses fondateurs, vont tout miser sur le projet. Entre temps, la création en 1998 de la branche
de production StudioCanal France permettra à Gans de disposer de tous les moyens nécessaires pour mener à bien le
tournage.
Samuel Hadida, le producteur et ami de Christophe Gans depuis ses débuts vient lui aussi se placer à ses côtés. Hadida
dirige avec son frère la compagnie de distribution indépendante Metropolitan FilmExport et a produit, entre autres, des
longs-métrages comme True Romance (Tony Scott), ou Killing Zoé (Roger Avary).
Le tournage débute le 14 février 2000 avec son lot de problèmes qui s'amoncellent dès la fin de la première semaine. Le
film est composé de 140 scènes autour d'une vingtaine de personnages principaux s'escrimant dans 85 décors différents.
Le travail de découpage et de logistique était énorme et s'est rapidement avéré insuffisant puisque le tournage avait déjà
accumulé une journée et demie de retard en une semaine. Aucune réévaluation du plan de tournage n'a été possible et la
durée totale de tournage est passée de 15 semaines sur le papier à 23 semaines dans la réalité.
Selon Gans, il aurait fallu supprimer plusieurs scènes d'action, mais leurs retombées commerciales étaient trop importantes
aux yeux des investisseurs pour risquer une coupe de ce genre. De plus, la venue sur le plateau du maître en chorégraphie
de combat Philip Kwok (qui a travaillé avec Tsui Hark, Chang Cheh et John Woo) était une chance inestimable pour la
qualité des scènes de combats. Leur sacrifice envers un plan de tournage ainsi rééquilibré n'était pas concevable aux yeux
du réalisateur de Crying Freeman.
La post-production débute elle aussi avec un handicap, puisque le montage s'effectue d'abord sous la coupe de David
Wu (le chef monteur Hongkongais de John Woo), mais au bout de quelques semaines, Wu devra quitter le projet pour
rallier d'autres engagements. C'est alors Sébastien Prangère, un jeune monteur français qui reprend les rennes du
montage. La difficulté résidait dans le suivi du rythme donné au film par David Wu, qui allait contre le rythme naturel des
plans. Le scénario parfaitement structuré permettait néanmoins une grande liberté au sein même des scènes sans
dénaturer le récit.
Plus tard, le retard de la sortie du Pacte des Loups s'est encore allongé avec la mise en oeuvre de l'étalonnage numérique
(le système Duboi Color). C'est une technique résolument nouvelle, qui permet de conserver toutes les couches de
couleurs sur l'image après l'incrustation des effets de synthèse, puisque le film est tiré directement sur support numérique
avant d'être transposé sur la bobine de pellicule destinée aux copies.
Au final, Le Pacte dépasse le budget initial de plus de 50 millions de Francs, dont beaucoup furent utilisés dans les effets
spéciaux donnant vie à la "Bête" (conçue dans les ateliers Anglais de Jim Henson).
Néanmoins, les ventes du film à l'étranger s'annoncent bien puisqu'elles s'élèvent déjà à 95 millions de Francs, et les
distributeurs Américains alléchés (l'instinct du loup sans doute..) attendent patiemment de constater les résultats du film en
France pour s'investir davantage.
Dans tous les cas, et pour être rentable, Le Pacte des Loups se doit de faire 3 millions d'entrées au bas mot dans
l'hexagone. |
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