
Site Patrice Leconte

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les réponses de Patrice Leconte.
Morceaux choisis :
Bertrand Amice : Comment vous êtes vous réparti les tâches techniques avec Patrick Dewolf?
Réponse de Patrice Leconte : extrait 1
BA : Et au niveau des dialogues, comment sest passée votre collaboration avec Serge Frydman?
Réponse de Patrice Leconte : extrait 2
BA : Vos rencontres avec Alain Delon, Jean-Paul Belmondo et Vanessa Paradis, ça sest passé quand?
Réponse de Patrice Leconte : extrait 3 & extrait 4
BA : Et avec Vanessa Paradis?
Réponse de Patrice Leconte : extrait 5
Propos recueillis par
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Entrevue
ECRAN
NOIR
Bertrand Amice : Comment vous êtes vous réparti les tâches techniques avec Patrick Dewolf?
Patrice Leconte : Avec Patrick Dewolf, on écrit vraiment à quatre mains, cest à dire, quil ny a pas de répartition des tâches, on invente, on conteste, on dit non tu te trompe, tiens jai une meilleure idée... ah bon lidée quon a eu hier jy repense, je crois que il y aurait ça de mieux?. Cest vraiment un travail à quatre mains, enfin à deux mains! (rires), parce quon écrit d'une main chacun. Et cest vraiment comme ça que cela se passe, et ça cest toujours passé comme ça avec lui. On se complète quoi, et surtout on na pas peur de dire à lautre non, je crois que cest pas bien ça et quand lautre dit cest pas bien, on est tous les deux confiants pour dire oui, je crois que ta raison. Enfin bon voilà, à larrivée, on ne sait absolument plus lequel de nous deux a écrit quoi.
BA : Pour écrire le scénario, vous êtes parti de la fin ou du début?
PL : Non, lidée du scénario, elle est venue du début. Daprès les personnages parce que quand on sest dit Delon/Belmondo/Vanessa Paradis parce que on a écrit pour eux trois, la question était qui sont-ils les uns par rapport aux autres ? Quels sont leurs personnages ? Leurs rapports ? Quest-ce qui font? quest-ce qui ont fait? et quand on a trouvé cette idée dune fille qui avait jamais connu son père, et qui découvre quelle en a deux possibles, bien voilà, cest là dessus quon est parti.
BA : Et au niveau des dialogues, comment sest passée votre collaboration avec Serge Frydman?
PL : Ca sest passé, jallais dire à lancienne, cela sest fait comme à lépoque où les films se faisaient avec des gens qui écrivaient le scénario, et un autre Prévert, Jeansson, Audiard enfin bon on peut citer tous les grands. Un type qui arrivait et faisait les dialogues. Nous en fonction du talent, de lhumour, de lesprit de Frydman, javais toujours dit, ce qui serait formidable, cest que Serge Frydman écrive les dialogues de ce film, comme ça, cela nous déchargera dune tâche avec Dewolf. donc, quand avec Dewolf on écrivait le scénario, on écrivait des dialogues provisoires sur lesquels on se cassait pas trop le derrière. Simplement parce quon ne peut pas écrire quune histoire sans dialogues. On écrivait les dialogues, après dans un deuxième temps, on a passé le scénario à Frydman, on lui dit tous les dialogues qui sont là, tu les vires, et tu les réécris et tu les réinventes, et cest ce qui'il a fait avec son talent.
BA : Vos rencontres avec Alain Delon, Jean-Paul Belmondo et Vanessa Paradis, ça sest passé quand?
PL : La première rencontre, enfin physique si vous voulez, la première fois quon sest vu avec Alain Delon, cétait totalement inattendu, et cétait pas une rencontre à propos de ce film, cest-à-dire, que lui savait que j étais en train de travailler sur ce film. Je savais que jallais faire un film avec lui, si tout allait bien. Mais on sétait jamais rencontré, ni même parlé au téléphone, et cétait très amusant parce que cétait le soir de la générale de Belmondo au théâtre pour la pièce de Feydeau (La puce à loreille), donc parterre très parisien tralala etc... Et je massié à ma place et puis juste devant moi au rang devant sassié dabord Claudia Cardinale et juste à côté delle Alain Delon. Donc, un certain nombre dannées plus tard, le couple du Guépard. Il y a avait de lémotion cinématographique, mais surtout, je me disais, voilà Alain Delon que je ne connais pas, à qui je nai jamais serré la main, qui est assit en face de moi, je vais quand même pas lui taper sur lépaule pour lui dire Bonjour monsieur, je suis Patrice Leconte, on va bientôt faire un film ensemble, enfin, je savais pas quoi faire. Et puis lui en sassayant, il avait croisé très rapidement mon regard, donc il devait avoir la même impression. Et puis, à lentracte quand la salle sest rallumée pour la pause, on sest levé tous les deux pour aller se dégourdir les jambes et tout, il sest retourné et en même temps au même moment, hop! on sest serré la main et il ma dit Je suis content de vous connaître, à bientôt, et voilà. Cétait quelque chose damical et cétait bien. Avec Jean-Paul (Belmondo), cétait plus traditionnel si vous voulez, cest que... moi ce sont des acteurs que je nai rencontré que lorsque le scénario était écrit. Parce que, je ne voulais pas parler de quoi que ce soit avec eux, je voulais écrire le scénario comme je lavais en tête, leur soumettre et espérer quils aiment ça. Donc, avec Belmondo, ça s'est passé chez lui, il avait lu le scénario, il lavait aimé et je suis allé le voir pour que tous les deux on discute, qu'il me raconte ce quil avait... enfin voilà, quon se parle du film quon allait faire. Et cest vrai, que cétait une rencontre extrêmement émouvante parce que cest un type que jaime énormément comme spectateur, que javais jamais rencontré. Et là, je lai vu non pas en public et donc en représentation, mais dans lintimité tranquille de chez lui. Il ne cherchait pas à méblouir, il était vraiment nature lui même. Et je lai trouvé magnifique, émouvant, vrai, simple. Et je me suis dis Bien voilà, avec un acteur comme ça, il y a moyen de faire des choses merveilleuses.
BA : Et avec Vanessa Paradis?
PL : Vanessa Paradis, là aussi cétait un hasard. Javais passé un coup de fil au producteur Christian Fechner, et je lui avais dis Jai un truc à vous dire, est-ce que je peux passé maintenant, cétait un jour en fin daprès-midi. Et il me dit Ah ça tombe bien, passez; maintenant, oui ça tombe bien. Alors, je me dis pourquoi ça tombe bien?, cela veut dire quil est libre. Alors, en voiture je circule, puis je me gare et je monte au deuxième étage dans son bureau, et il était avec Vanessa Paradis. Je dis Ah bon, cest pour ça quil a dit ça tombe bien, cest parce que dune manière totalement inattendue, inopinée, on va pouvoir faire connaissance, se dire bonjour. enfin, cétait ça les premières fois pour chacun deux.
BA : Quelles ont été les cascades les plus difficiles à régler?
PL : La cascade, sincèrement, la plus difficile à régler ce fut cette histoire dhélicoptère, de bagnoles et déchelle de corde parce que je tenais à ce que ce soit quelque chose de très léger, pas comme un tour de force, parce que dans la situation du film, enfin, Belmondo monte à léchelle en mongréant du genre Ah bon, une fois de plus faut que je me tape ça. Cest tout lhumour de la situation évidemment. Donc, il fallait que ce soit léger et enlevé. Et ce jour là, enfin cest une cascade, c est très compliqué à régler. Cest dangereux, puisquil se fait pas doubler cet homme-là. Et que ça lamuse de le faire lui même. Ce jour là, il y avait beaucoup de vent, un vent latéral très fort, donc le pilote de lhélico avait beaucoup de mal à, et je pouvais pas lui en vouloir, à positionner léchelle précisément. Quand on pilote un hélico on voit pas à la verticale ce quil y a au dessous. Cétait très compliqué, tout un système de relais pour dire plus haut, plus bas, plus à droite, plus à gauche, et le moment où Belmondo devait prendre léchelle et se laisser embarquer... Eh bien, il fallait quil y aille, fallait pas quil hésite, fallait pas que lhélicoptère se mette à descendre parce que sinon Belmondo était traîné sur le macadam. Enfin, on en a un petit peu bavé.
BA : Aviez-vous envisagé plusieurs fins avec Patrick Dewolf?
PL : Non, d'emblée on sétait dit Voilà, elle a deux pères possibles, enfin cest ça la situation du scénario. Ils nont pas le temps de faire des analyses de sang, ce qui leur permettraient de déterminer le vrai père, parce quil y a tout un bazar qui les empêche, qui repousse à toujours plus tard le moment où ils pourront aller tranquillement dans un laboratoire. Et nous, notre idée, cette fille qui avait deux pères possibles, dont un était le bon. Elle venait de passer 1 heure 50, enfin plusieurs jours avec eux deux. Et quand à la fin du film, elle avait les résultats des analyses, elle voulait pas en prendre connaissance et déchirait lenveloppe pour garder ses deux pères, parce quelle voulait pas dire bonjour à lun et au revoir à lautre. Donc, cétait notre idée depuis le départ, lidée est assez simple. En fait, dune certaine manière Belmondo et Delon, en les superposant, ça pouvait pour une fille de maintenant, faire une espèce de père imaginaire et idéal.
BA : Comment avez-vous trouvé les acteurs russes Alexandre Lakovlev et Valéry Gataev?
PL : On a été faire du casting à Moscou, parce que, comme les méchants de ce film cest la mafia russe, je me suis dis, ça va être bien on va avoir loccasion de prendre des vrais acteurs russes quon a jamais vu ici. Qui parleront pas, cest pas grave, jai pas besoin qu'ils parlent français, ils seront sous-titrés. Et on a été faire du casting à Moscou et jai été enchanté de travailler avec ces types là, parce que cest des gens merveilleux, des bons acteurs, ils ont été généreux, disponibles, enfin superbes. Jai adoré filmer ces gens là, parce que cétait pas des russes dopérette, cétait des vrais bons acteurs russes.
BA : Votre prochain film sera "La fille sur le pont" avec Vanessa Paradis et Jean-Pierre Marielle. Quand allez-vous le commencer?
PL : Le tournage commence mi-août jusquà fin octobre 1998, cest pas un film très long.
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