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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : London Film Prod., David O'Selznick, Alexander Korda, Carol Reed Réalisation : Carol Reed Scénario : Graham Greene, Carol Reed, Orson Welles Montage : Oswald Hafenrichter Photo : Robert Krasker Musique : Anton Karas Durée : 80 mn
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Joseph Cotten : Holly Martins
Alida Valli : Anna Schmidt
Orson Welles : Harry Lime
Trevor Howard : Maj. Calloway
Bernard Lee : Sgt. Paine
Paul Hörbiger : Porter
Ernst Deutsch : Baron Kurtz
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The Third Man (Le troisième homme)
USA / 1949
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Orson Welles et le Troisième Homme
"Harry Lime, avec son mépris de tout, tente de se faire Roi dans un monde sans loi."
En plein Maccarthysme, Orson Welles est l'un des persécutés de l'année, aux côtés de Chaplin, Hepburn, Peck, Kelly ou Sinatra. Welles sort du succès de La Dame de Shanghai. Il voyage à Cannes, dont le Festival renaît de ses cendres, après le hiatus de la guerre. Le film remporte le Grand Prix, pas encore Palme d'or, dans le tout nouveau Palais des Festivals.
En fait Welles, la pelicule de MacBeth sous le bras (il souhaite le monter à Rome), quitte Hollywood pour un séjour européen assez long. Le vieux continent lui fait de nombreuses propositions, reconnaissant autant sa folie que son talent. En fait, il est bien décidé à se faire payer cher en tant qu'acteur (sa côte est très haute) afin de financer ses projets insolites de cinéastes. Car, il était évident qu'entre la politique, le fisc et les décideurs d'Hollywood, Welles ne peut pas produire et réaliser librement en Amérique. Il joue Cagliostro, César Borgia, Gengis Kahn, Benjamin Francklin; il tourne sous la direction de Henry Hathaway, Sacha Guitry, Martin Ritt, Lewis Gilbert, Abel Gance, Richard thorpe, Pasolini (!), Denys de la Patellière, René Clément, Fred Zinnemann, Tony Richardson, Sorguei Bondartchouk, Mike Nichols, Claude Chabrol... Il voyage en Italie, en France, en Angleterre... Le Troisième Homme est le seul film qui contribua autant à sa réputation qu'à son succès; c'est le seul film qu'il n'ait pas réalisé et qui ait une importance dans sa filmographie. Il le dira lui-même : "aucun acteur ne peut interpréter autre chose que lui-même." Pourtant, il y apparaît peu. On y voit plus son ombre, menaçante, que son visage. Sa seule présence rend certaines images mémorables (les rues pavées d'un Vienne désert la nuit, le vertige de la Grande Roue). Ce second-rôle prestigieux impose un charisme magnétique. Une prestance de 10 minutes (dont une scène phare , celle de la Grande Roue) qui favorise subjectivement son statut de star, et en fait un personnage diabolique et ambigüe, bref séduisant. En fait, ce hit populaire et cinéphilique va permettre au grand public (qui a snobbé Citizen Kane, rappelons-le) d'identifier la silhouette de Welles, de se faire une idée sur la personnalité du génie, en fonction de celle de son personnage : Orson Welles est Harry Lime, et inversement.
Il joue son rôle en étant lui-même, jouant de sa carrure physique, de son regard inquiétant, sans maquillage, sans postiche. Bien sûr, il a déjà perdu sa beauté juvénile, il a déjà "enflé, "vieilli". Le héros de la radio, le magnat du 7ème Art est tel qu'on se l'imagine. Le Troisième Homme ne fait qu'exploiter son image, avant même qu'un Andy Warhol, un Godard ou un publicitaire s'en empare. Il devient un romantique désespéré, un esprit dont la noirceur est parfois illuminé par la lueur de son regard sombre. En fait ce film le transforme en mythe. Et ses 10 minutes de jeu valent n'importe laquelle de ses interprétations. Il y afficha sa propre publicité et un talent indéniable; à la fois renié et attirant, intriguant et chatié... c'est l'histoire d'une fascination/répulsion pour un artiste dont le génie dérange.
Il ne fut pas producteur du Troisième Homme. Pourtant, beaucoup ont soupçonné que Welles soit intervenu sur la mise en scène du film de Reed. Jamais il ne lèvera l'ambiguité. Il reconnaît avoir été l'auteur de certaines scènes, en tout cas l'inspirateur; comme il avoue avoir repris des idées étrangères pour des scènes de ses propres films. Le metteur en scène n'est donc pas forcément le créateur. Il concède donc qu'il a entièrement écrit son rôle. Dans ses entretiens avec André Bazin, il décrit son intervention : " J'ai écrit tout ce qui concerne ce personnage, je l'ai créé de toute pièces : c'était plusqu'un rôle pour moi. Harry Lime fait évidemment partie de mon oeuvre; c'est d'ailleurs un personnage shakespearien : il est parent du batard du Roi Jean."
C'est évidemment le seul film en tant que comédien qu'il faudra retenir. Il enchaînera par la suite, en tant que réalisateur, avec Othello et Mr Arkadin... Il rentrera aux USA en 57.
vincy
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