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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Third Man (Le troisième homme)
USA / 1949
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HARRY UN AMI QUI VOUS VEUT DU...
50 ans plus tard, Le Troisième Homme divise entre les blasés qui le jugent surfait et les aficionados qui n'en démordent pas. Le Troisième Homme, premier vrai Grand Prix du Festival de Cannes, est la Palme idéale : style indéniable, succès populaire, esthétique irréprochable.
Au croisement des époques - juste après la guerre, juste avant la guerre froide - et des artistes (producteurs US, réalisateur british, tournage en Autriche...), ce film se situe dans la tradition de ce cinéma noir et blanc séduisant et imparfait, dont Casablanca est le plus bel emblême. Le Troisième Homme se reconnaît à son décor, sa musique, Orson Welles et son intrigue. Un polar sur les faux semblants qui esquive les clichés en s'emparant d'une atmosphère singulière qui vous marque la mémoire à jamais. Il est en cela l'héritier (mineur) d'un surréaliste Citizen Kane, et le pendant (plus sombre) d'un mélancolique Casablanca. Carol Reed a bénéficié de quatre atouts pour transformer une histoire de polar série B en chef d'oeuvre du film noir.
D'abord, la ville de Vienne, capitale autrichienne méconanissable, post-hitlérienne, où les rues cachent des ombres fuyantes, et où certains batiments demeurent éventrés voire détruits. Cette ville fantôme où chaque passant est un suspect, où la méfiance inquiète les regards et suscite les rumeurs ajoutent à l'architecture romantico-depressive un climat hitchcokien.
Ensuite la musique. Les notes de la cythare d'Anton Karas envahissent d'entrée nos oreilles et percutent sans cesse nos songes. Stridentes ou mélodieuses, elles participent activement (interactivement même) à l'angoisse du personnage principal. Un classique de la bande originale de film, ceci dit...
Puis, les plans et cadrages de Carol Reed qui conduisent la caméra à des scènes innovantes : impossible de décrire cette lévitation vertigineuse (nauséeuse presque) lorsque Cotten et Welles montent dans cette grande roue qui domine un espace infini. Mêlant la claustrophobie et le risque d'un meurtre, on se sent soulager quand le dialogue prend fin et les deux hommes redescendent sur terre.
Et au delà de cet aspect cinématographique, il faut reconnaître que la présence d'Orson Welles, à la fois lui-même, son personnage et la représentation mythique de l'image qu'in a de lui, permet de donner au Troisième homme un pivot humain qui pendant 10 minutes de film devient le film. Le cinéma, ici, s'empare d'une star (un cinéaste prodigieux) et en fait un dieu. Le film touche alors au sublime.
C'est du cinéma à l'état pur, où l'image et le son forment un langage à part pour vous raconter une histoire...
Il ne faut pas oublier le scénario complexe, avec une femme fidèle et fatale, un héros faible et en quête d'amitié, un amant et ami trop humain pour être vilain, trop séduisant pour être sincère.
Mais l'histoire importe peu. L'expérience vécue par le spectateur est inoubliable et unique. Un voyage au bout d'une nuit viennoise où tous semblent perdus, où la détresse ne sauve pas le désespoir; où l'homme cherche des repères pour reconstruire un monde anéanti. Bref une pierre tombale pour une époque. A moins que ce ne soit l'éveil d'une Europe à naître. vincy
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