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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Pierre Grise
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Production : Pierre Grise Productions, Arte France Cinéma, VM Productions, FMB 2 Films, Cinemaundici
Réalisation : Jacques Rivette Scénario : Pascal Bonitzer, Christine Laurent, Jacques Rivette
Montage : Nicole Lubtchansky
Photo : William Lubtchansky
Décors : Manu de Chauvigny
Son : Florian Eidenbenz Durée : 145 mn
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Emmanuelle Béart : Marie
Jerzy Radziwilowicz : Julien
Anne Brochet : Madame X
Bettina Kee : Adrienne
Nicole Garcia : l amie
Olivier Cruveiller : l éditeur
Mathias Jung : le concierge
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Histoire de Marie et Julien
France / 2003
12.11.03
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1975. Jacques Rivette entame le tournage de Marie et Julien, une histoire d’amour passionné sur fond d’intrigue policière qui s’inscrit dans le cadre d’une série de quatre films fantastiques, intitulée Scènes de la vie parallèle (ex Filles du Feu). Quatre histoires indépendantes, mais liées par un thème récurrent : l’éternel retour. La série s’inspire des légendes et mythes issus des cultures celtes, chinoises, japonaises, ou encore africaines. A l’écran, Marie et Julien doit ouvrir la quadrilogie, puis être suivi de Duelle, Noroît, Merry-go-round.
Commencent les tournages : celui de Marie et Julien, organisé en troisième position, confronte l’équipe à un problème de taille : aucun scénario abouti et rédigé n’a, en effet, été élaboré avant de tourner. Seules quelques sources informelles nourrissent l’histoire de Marie et Julien : des conversations entre le réalisateur et ses deux scénaristes de l’époque, Eduardo de Gregorio et Marilu Parolini, ainsi qu’une continuité technique, rédigée par la nouvelle assistante de Rivette, Claire Denis ; ce document ne constitue cependant qu’une simple ébauche, destinée aux techniciens, à l’équipe de production et à l’établissement du plan de travail. En somme, sur le plateau, seules les conversations entre les membres de l’équipe artistique, notamment avec les deux comédiens principaux Leslie Caron et Albert Finney, sont constitutives de l’histoire. Au bout de trois jours, le tournage de Marie et Julien s’enlise : Jacques Rivette doit faire face à un « KO technique ». Le projet est abandonné, faute d’intrigue et personnages suffisamment charpentés. Duelle et Noroît, antérieurement tournés, sortiront en 1975 et 1976. Quant à Merry-Go-Round, film qui initialement devait clore la quadrilogie, son tournage n’aura lieu que deux ans plus tard. Le réalisateur ne le fera pas sortir en salles avant 1983.
2002. Jacques Rivette ranime l’histoire de Marie et Julien dans son livre, "Trois Films Fantômes" (Ed. Cahiers du Cinéma, Coll. Fiction). Une œuvre d’étude dans laquelle le réalisateur nous fait découvrir ses anciens projets avortés. Présentée avec Phénix et L’an II, l’histoire de Marie et Julien reste la plus sommaire. «Il n’y avait aucun texte, aucun ‘récit’ d’aucune sorte», nous explique le cinéaste. Unique trace de cette aventure vieille de 27 ans : cette fameuse continuité technique, rédigée par Claire Denis à l’époque. Par chance, William Lubtchansky, qui déjà était directeur photo sur le tournage de 1975, a conservé le document.
Jacques Rivette commence alors à le mettre en forme pour le rendre lisible et publiable. Petit à petit, le personnage de Marie se précise : «C’est pendant ce rapide travail, et celui de la correction d’épreuves, que je me suis aperçu que Marie prenait peu à peu, dans mon esprit, la silhouette, le regard, la voix d’une comédienne avec laquelle j’avais déjà travaillé il y a une dizaine d’années », se souvient le cinéaste. Rappelons-nous : en 1990, Jacques Rivette mettait en scène Emmanuelle Béart dans La Belle Noiseuse, aux cotés de Michel Piccoli... Le réalisateur s’explique : «Il est très passionnant de travailler pour la première fois avec un comédien, une comédienne que l’on ne connaît que par les différents films, les différents personnages successifs dans lesquels on a pu le ou la voir. Mais il est peut-être, pour moi, encore plus intéressant, et plus émouvant, de re-travailler avec tel ou telle, après plus ou moins longtemps, à la condition, bien sûr, que cette rencontre se fasse ‘vers’ et ‘pour’ un personnage aussi différent possible que celui, ou ceux, nés de nos précédentes approches». Rien d’étonnant, donc, à ce que Jerzy Radziwilowicz interprète ici le rôle de Julien. En 1998, Jacques Rivette dirigeait déjà le comédien dans Secret Défense ; un film noir mêlant drame et intrigue policière. Encore mois surprenant : les co-auteurs de l’Histoire de Marie et Julien ; Pascal Bonitzer (qui en est à sa neuvième collaboration avec le cinéaste) et Christine Laurent, qui signe ici son huitième scénario co-écrit avec Bonitzer et Rivette.
Une certaine « bande des trois », en quelques sortes, dont le travail sur ce nouveau récit a d’ores et déjà été concluant : en septembre 2003, L’Histoire de Marie et Julien était diffusé en avant-première mondiale, lors du 28è Festival International du Film de Toronto ; puis, le film a concouru en compétition officielle au 51è Festival International de San Sebastian. L’histoire de Marie et Julien est actuellement nominé pour le Prix Louis-Delluc 2003. Ses concurrents : la trilogie Un couple épatant / Cavale / Après la vie (L. Belvaux), Raja (J. Doillon), Tiresia (B. Bonello) et Les Sentiments (N. Lvovsky). Verdict le 9 décembre prochain…
sabrina
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