Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Pierre Grise  



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Histoire de Marie et Julien


France / 2003

12.11.03
 



PASSAGES ET SECRETS





«- Tu ne me connais pas.
- C’est toi qui ne te connais pas.
- J’ai pas envie de me connaître. J’ai envie de te connaître toi.
»

Histoire de Marie et Julien est un voyage au cœur de l’être. Un aller simple qui, d’emblée, nous plonge dans un univers surréaliste, ambivalent, à la fois sombre et lumineux, lourd et voluptueux. Ne serait-ce pas un rêve, d’ailleurs ? Le mystère est entier jusqu’au dénouement. Une fois de plus, Rivette se plaît à jouer sur cette confusion entre réel et imaginaire et nous entraîne dans une véritable spirale. On pense à ce Resnais de 1961, L’année dernière à Marienbad. Poésie et érotisme pictural en plus. Sur un plan esthétique Histoire de Marie et Julien est film d’une rare beauté. La caméra de Rivette, à la fois primitive et gracieuse, nous immerge dans un doux mélange de violence et de sensualité. Elle transforme couleurs et lumières en dialogues et fait de ce sentiment omniprésent d’inquiétante étrangeté une mélodie envoûtante. Il règne ici quelque chose d’intemporel et d’absolu, qui vient oxygéner l’histoire dans ses instants les plus obscurs. Et quand il s’agit de filmer des êtres à bout de souffle, la magie est instantanée.

Des personnages fantômes, oscillant entre chaos et recherche du bonheur. Marie est « une re-vivante » qui ne fait que survivre. Julien, lui, se bat pour conserver un semblant d’intérêt envers la vie. Tous deux sont prisonniers d’eux-mêmes, des autres et de leurs secrets. Ils étouffent et cherchent à renaître. Jacques Rivette ne se contente pas ici de mettre ses protagonistes à nu, mais il les dématérialise, pour atteindre leurs souffrances et rêves les plus profonds. Résultat : aucun artifice ; le film est animé d’un élan vital constant. Note du réalisateur : «Le ‘fantastique’, avec sa logique d’acier, doit contraindre les deux personnages à sortir littéralement d’eux-mêmes, et les forcer à se confronter à ce qui les dépasse dans tous les sens, jusqu’au ‘sublime’. S’ils ne sont pas sublimes, ils ne seront rien ».

Impossible d’en dire plus, sans quoi l’intrigue serait dévoilée. L’essentiel est de savoir qu’Histoire de Marie et Julien est un film à très fortes polarités qui, jamais, à aucun instant, ne tombe dans la demi-teinte. Alors on adorera, ou on détestera ; mais, dans un sens comme dans l’autre, on n’y restera pas insensible.
 
sabrina

 
 
 
 

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