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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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UGC
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Production : Sogecine, Himenoptero, UGC Images, France 3 cinéma, Eyesecreen Distribution : UGC Réalisation : Alejandro Amenabar Scénario : Alejandro Amenabar, Mateo Gil Montage : Ivan Aledo Photo : Javier Aguirresarobe Format : 35mm; format scope, dolby digital Ex DTS SDDS Décors : Benjamin Fernandez Son : Ricardo Steinberg Musique : Alejandro Amenabar, Carlos Nunez Maquillage : Jo Allen, Anna Lopez Puigcerver Durée : 125 mn
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Javier Bardem : Ramon Sampedro
Belen Rueda : Julia
Lola Duenas : Rosa
Mabel Rivera : Manuela
Celso Bugallo : José
Clara Segura : Géné
Tamar Novas : Javi
Francese Garrido : Marc
José Maria Pou : Padre Francisco
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Mar Adentro (The Sea Inside)
Espagne / 2004
02.02.05
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Près de 4 millions de spectateurs, un record de 14 Goyas (dont meilleur film, réalisateur, acteur, actrice, seconds rôles...), Mar Adentro (La mer à l'intérieur) rafle tous les superlatifs. Il faudrait ajouter sa nomination à l'Oscar du meilleur film étranger (en plus du maquillage), son Golden Globe du meilleur film étranger (et une nomination pour Bardem), un Grand prix du jury à Venise (et un prix d'interprétation à Bardem), le doublé Meilleur film / Meilleur acteur au Festival de Bangkok, le doublé Meilleur réalisateur / Meilleur acteur aux European Film Awards (en plus de 3 nominations), et vous avez devant vous un consensus international autour d'un film qui traite de ... l'euthanasie.
C'est d'abord l'histoire vraie de Ramon Sampedro. né dans le nord ouest de l'Espagne en 1943. A 19 ans il fait le tour du monde, comme marin. A 25 ans, un accident le paralyse à vie. Il ne peut utiliser que sa tête. Il décide d'entamer une procédure judiciaire afin d'atteindre un simple objectif : mourir dignement, sans compromettre ses proches. Durant les deux dernières années de sa vie, entre 1996 et 1998, il publie ses écrits ("Lettres depuis l'enfer"). Un volume de poèmes ("Cando eu caia") verra le jour de manière posthume. En absorbant de l'eau avec une dose de cyanure, et en filmant sa mort, Ramon Sampedro décède le 12 janvier 1998, après une couverture médiatique sans précédent dans son pays. Rappelons que seuls quelques territoires d'Australie, quelques états des USA, quelques cantons Suisses, le Danemark et les Pays Bas autorisent légalement cette mort assistée.
L'Espagne, passée à gauche depuis un peu moins d'un an, pays laïque, mais sous la forte emprise du Vatican, est confrontée à une Eglise catholique qui a du mal à accepter sa perte d'influence dans une société post-Movida. Mariage gay, avortement, et euthanasie font partie des choix du PSE et de son Premier Ministre pour changer la politique de son pays. José Luis Rodriguez Zapatero a d'ailleurs souligné que ce film "exprime nos manières de vivre et nos rêves."
Après son succès international et en partie anglo-saxon et hollywoodien de The Others (Les autres), Alejandro Amenabar, à qui l'on doit aussi Tesis et Ouvre les yeux (remaké en Vanilla Sky), est revenu sur ses terres. Ce fan de Spielberg (mais aussi de Kubrick et d'Hitchcock) a voulu raconter une "histoire d'amour, de rêves, de mer." Histoire 100% espagnole où il signe, comme d'habitude la musique, aux accents celtes (la cornemuse est jouée par Carlos Nunes). "Mar adentro a été ma plus belle expérience", avoue le réalisateur. "Sans vouloir tomber dans le cliché, je fais toujours le film que j'aimerais voir au cinéma." Il ajoute : "Pour des raisons de scénario et pour résumer en deux heures ce qui a été l'expérience de Ramon, nous avons créé certains personnages, tandis que d'autres ont disparu. Celui de Julia, par exemple, est un condensé de plusieurs femmes. (...) Par contre, le neveu, Javi, ressemble au vrai neveu, mais nous avons intégré à son personnage les expériences des nièces."
Amenabar a passé un cap, c'est évident. Il devient , avec Almodovar, la figure de proue d'un cinéma hispanophone sans cesse régénéré (Chili, Argentine, Uruguay, Mexique...). "Pour moi, il est logique que j'aie fini par faire ce film parce qu'il parle d'êtres humains et de la mort. C'est quelque chose qui est en moi depuis que je fais du cinéma. Je m'intéresses aux gens et à ce qui donne du sens à notre vie ou ce par quoi elle n'en a plus aucun : la mort. Quand on parle du manque de courage de celui qui fait ce choix, quand on dit de quelqu'un comme Ramon qu'il est "lâche" ou "ne pense pas aux autres", je crois qu'on juge égoïstement celui qui fait tout bonnement usage de sa liberté. S'il était quelqu'un qui ne connaissait pas la peur, c'était bien Ramon."
Ramon est incarné par l'immense Javier Bardem. On l'a vu dans quelques un des meilleurs films espagnols de ces dernières années (Les lundis au soleil, Entre les jambes, En chair et en os, Jambon Jambon) et chez Schnabel et Malkovich. Sans omettre son apparition dans Collatera. La plupart des comédiens qui l'entoure provient de la télévision espagnole. On a quand même noté la présence de Lola Duenas (Parle avec elle), et de Celso Bugallo (Les lundis au soleil).
Le film, qui a le soutien de l'un de ses producteurs, le réseau UGC, ne pourra profiter que de son excellent bouche à oreille. En guise d'invitation, voici le poème "Mar adentro", bizzarement traduit par "Au loin, au plus profond."
Au loin, Au plus profond
et dans l'apesanteur du fond
où se réalisent les rêves,
s'unissent deux volontés
pour accomplir un désir.
Un baiser embrase la vie
En un éclair, un coup de tonnerre,
et par une métamorphose
mon corps n'est déjà plus mon corps ;
c'est comme pénétrer au centre de l'univers.
L'étreinte la plus puérile,
et le plus pur des baisers,
jusqu'à nous voir réduits
en un unique désir.
Ton regard et mon regard
comme un écho qui se répète, sans aucune parole :
encore plus loin, au plus profond
jusqu'à l'au-delà absolu
par le sang et par les os.
Mais toujours je me réveille
et toujours, je veux être mort
pour continuer avec ma bouche
emmêlée dans tes cheveux. vincy, poème de Ramon Sampedro
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