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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mars
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Production : Film Council, Ingenious Media, Studio Canal, Thin Man Films Distribution : Mars distribution Réalisation : Mike Leigh Scénario : Mike Leigh Montage : Jim Clark Photo : Dick Pope Décors : John Bush Musique : Andrew Dickson Directeur artistique : Ed Walsh Durée : 125 mn
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Imelda Staunton : Vera
Richard Graham : George
Eddie Marsan : Reg
Anna Keaveney : Nellie
Alex Nelly : Ethel
Daniel Mays : Sid
Philip Davis : Stan
Lesley Manville : Mrs Wells
Sandra Voe : la mère
Sally Hawkins : Susan
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Vera Drake
/ 2004
09.02.05
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Il y a deux facilités à éviter avec le nouveau film de Mike Leigh, qui n'a jamais été un cinéaste démagogique : la comparaison avec Une affaire de femmes, de Claude Chabrol, qui a permis à Huppert de recevoir le Prix d'interprétation féminine à Venise, à l'instar de Imelda Staunton. Et de parler d'avortement. Après tout, les faiseuses d'anges, il y en a eu au cinéma, et ceux que cela choquent sont généralement les mêmes qui emploient des méthodes douteuses (et dangereuses) pour lutter contre cette pratique médicale. Il y eut, il y a pas longtemps, l'hommage à Simone Veil, pour le trentenaire de sa loi en France. Et dans le même temps des militants qui battaient le pavé, la plupart étant des hommes, pour réclamer l'abolition de cette Loi. Nous en sommes encore là. La femme ne dispose pas de son corps, librement, individuellement.
Aussi, lorsque le cinéma s'attaque à ce genre de sujets, ou à l'euthanasie comme Mar Adentro de Alejandro Amenabar, les extrêmes en tout genres se réveillent, se mobilisent et font entendre leur voix au noms de principes et valeurs éculés. Le film, excellent par ailleurs, a su rassembler un consensus critique pour contrer les éventuels esprits rebelles et rétrogrades. Les Oscars ont nommés Mike Leigh dans la catégorie scénario et réalisateur. Imelda Staunton a reçu de nombreux prix depuis Venise, jusqu'à sa nomination aux Oscars. Pour couronner le tout, Mike Leigh, après sa Palme d'Or de Secrets et Mensonges, a obtenu un Lion d'or pour Vera Drake.
Pourtant ce film a faillit ne jamais voir le jour. Les financements ont manqué en plein tournage. Comme à son habitude, Leigh avait employé sa méthode, mélange d'improvisation et de scénario non écrit. A l'exception d'Imelda Staunton, aucun des acteurs ne connaissait le propos du film, jusqu'au moment où il était révélé dans l'histoire. Le sujet a été tenu secret durant des mois. 2 ans après le très beau All or Nothing (présenté à Cannes), il était assez logique que le cinéaste anglais se penche sur le thème controversé de l'avortement : "La plupart de mes films parlent des relations parents-enfants : en avoir, ne pas en avoir, en vouloir, ne pas en vouloir." Mais il se défile concernant le message final : "Placer mon histoire en 1950 me permettait d'établir la base morale du problème de façon implicite, sans avoir à me transformer en un ardent propagandiste. Deplus, mon rôle est de poser des questions, non de tirer des conclusions hâtives. Cette question demeure délicate et difficile." On vous l'a dit : il est toujours délicat de traiter du sujet, encore à notre époque, même en Europe. Rappelons que certains pays comme l'Irlande, la Pologne, le Portugal refuse d'entendre parler d'une directive européenne autorisant l'avortement légal.
Comme à son habitude, Mike Leigh a su choisir l'incarnation parfaite de son personnage. Imelda Staunton est inconnue du grand public. Voix originale de Bunty, une des poules de Chicken Run, elle fut aperçue en nurse dans Shakespeare in love, ou dans les films de Branagh, Peter's friends, Much ado about nothing, ou écrit par sa femme de l'époque, Emma Thompson, Sense and sensibility. Elle fut surtout la Jane d'Antonia and Jane. Et sa carrière fut essentiellement théâtrale entre comédie musicale (Guys and Dolls, Le Magicien d'Oz, In the Woods) et théâtre (elle reçu 2 prix Laurence Olivier, les Molières britanniques).
Vera Drake sera certainement le rôle de sa vie, puisqu'il lui permettra au mieux de voir sa carrière décoller. Reste qu'il est toujours inquiétant en 2005, de voir un film comme Vera Drake qualifier de controversé, et de constater qu'il a été difficile à monter financièrement. Espérons que le public suivra dans des pays comme la France. Aux Etats Unis, malgré sa razzia de prix et de louanges, le film a moins séduit que la plupart des films étrangers pressentis pour les Oscars. En Angleterre, la sortie fut plus que modeste. Il y a encore des sujets qui fâchent, semble-t-il. vincy
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