|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
Gaumont
|
|
Production : Rectangle productions, Gaumont, Les films du dauphin, de l'huile, Palais productions, Distribution : Gaumont Columbia TriStar Réalisation : Valérie Lemercier Scénario : Valérie Lemercier, Brigitte Buc Montage : Luc Barnier Photo : James Welland Décors : Jacques Bufnoir Son : Jean Minondo, Daniel Sobrino, Vincent Vatoux Musique : Bertrand Burgalat Effets spéciaux : Philippe Hubin, Jean-Christophe Magnaud Durée : 100 mn
|
|
|
|
|
|
Palais Royal
France / 2005
23.11.05
|
|
|
|
|
|
Généalogie
"Le personnage principal était la femme du maire d'une grande ville, une sorte de Bernadette ou de Cécilia, la femme de "Quelqu'un" en tout cas. Mais filmer des bureaux de vote et des gens qui serrent des mains sur des marchés, ce n'était ni très excitant ni très spectaculaire. Les obligations officielles des souverains sont tellement plus amusantes." Voilà comment nous avons éviter une comédie politique et hériter d'une comédie aristocratique. Un coeur d'or est devenu Palais Royal! Rien à voir avec la chanson d'Alain Chamfort.
Palace
Tourné dans les royaumes de Belgique, Grande Bretagne et de France (monarchie non assumée), le pays incriminé n'existe pas. "L'idée au départ était de faire un film sur les CDN (Cathos du nord), puis sur les monarques d'aujourd'hui, proches de nous, un mélange de Luxembourg, Belgique, Hollande, Suède." Tout existe : "La foire au pain d'épice, le don du sang, le tir à la corde, les inaugurations, visites d'hospices... Ça me semblait tellement incroyable tout ce que ces gens sont obligés de faire ! La Grèce, l'Espagne ou la Belgique montrent beaucoup leurs souverains dans ces situations très banales. On s'est fait plaisir en donnant à entendre ce que l'on entendait jamais, ce qui explique que dans le film il y a beaucoup plus de scènes qui se déroulent dans l'intimité des cuisines, des salles de bain et des chambres à coucher."
Mais Lady Val n'est-ce pas la brune copine de Lady Di? "C'est évidemment aussi inspiré de l'Angleterre et précisément de Diana, de son image, de la façon dont elle a utilisé les médias... Elle a totalement éclipsé son mari : au début elle allait le voir jouer au polo, matchs dont elle repartait en pleurant. Par la suite elle allait toute seule voir des concerts d'Elton John, et elle trouvait ça beaucoup plus drôle ! En plus c'était une femme trompée, et elle le savait, elle jouait de son image de victime." Mais la Lady est plus républicaine que monarchiste. "C'est vrai que je ne suis pas très royaliste. Il y a une espèce d'injustice dans ces histoires de descendance, tous les "fils de" n' ont pas forcément les compétences, certains d'entre eux sont même de sacrés bras cassés !"
Valérie-tiers-état
Lemercier, comédienne fainéante? Peu de paroles, quelques gestes, l'actrice fonctionne à l'économie : "C'est surtout pour ne pas avoir des tartines de texte à apprendre! Non mais sur scène, je parle beaucoup parce que je joue des personnages qui sont loin de moi, des enfants, des hommes des vieilles dames.... Mais au cinéma, on est plus près, les attitudes sont parfois plus parlantes que les paroles..."
Lemercier, cinéaste maudite? Après Quadrille (1996, remake d'un film de Guitry) et Le derrière (1998, près de 900 000 entrées / France), c'est donc le troisième film de Lemercier, par ailleurs vue dans Les Visiteurs, Sabrina, La cité de la peur, Casque bleu et Vendredi soir (dernier film en date, 2001). On la retrouvera en février dans Fauteuil d'orchestre, de Danièle Thompson. "Réaliser m'intéresse parce que je peux faire jouer les acteurs comme j'en ai envie, dans des décors ou des costumes qui me plaisent, mais ça s'arrête là. Je n'ai pas envie que l'on sente la "volonté" du metteur en scène : je voudrais que l'on se croie dans un documentaire où l'on prend les personnages par surprise à des moments précis de leur vie de tous les jours. C'est pour ça qu'il n'y a pas beaucoup de mouvements de caméra : mon but est que tout reste dans la justesse, dans la simplicité, et en ce sens j'ai plus un rôle de directrice artistique ou de directrice d'acteurs que de réalisatrice de cinéma. Je préfère réajuster un dialogue ou une cravate sur place que de régler de compliqués mouvements de caméra autour des comédiens. La mise en scène est invisible, presque théâtrale : on est la plupart du temps dans des plans-séquences ou des champs /contre-champs, ce qui, quand on joue dans son propre film, est très pratique pour l'organisation du jeu des comédiens."
Et elle en rajoute une couche de confiture : "Je garde de très bons souvenirs du film, même si ça a été compliqué : voir la tête de Pierre Vernier à 4 heures du matin sous la pluie, voir Lambert aussi disponible, et des acteurs aussi chevronnés que Catherine Deneuve ou Michel Aumont s'investir totalement dans leurs personnages; ça me conforte beaucoup dans mon amour des acteurs."
Tenir la Reine
Et Queen Catherine? Alors qu'elle est la seule à ne pas venir du théâtre dans cette troupe, Mademoiselle Deneuve a eu le droit à tous les égards. Lemercier s'explique : "On a vraiment écrit le rôle d'Eugénia pour Catherine, moi qui ne suis pas croyante, j'avais mis un cierge à dix euros pour qu'elle l'accepte, Dieu est classe ! Le rôle a été écrit pour elle dans un registre qu'on ne voit pas souvent : une femme qui parle très vite, qui est directe, concrète, qui peut dire merde et qui est toujours très à l'aise. Catherine est comme ça aussi dans la vie. En fait, tout le monde ne peut pas jouer une reine. Elle, elle peut. Pour les étrangers, c'est d'ailleurs un peu la reine de la France, Catherine Deneuve fera toujours plus reine en tablier et bottes en caoutchouc que n'importe quelle autre actrice parée de diamants, parce qu'elle est célèbre depuis qu'elle a 18 ans, qu'elle a toujours été belle et qu'elle inspire le respect. Quand elle arrive sur le plateau, on entend les mouches voler, ça ne s'explique pas. Et puis c'est une partenaire de jeu très agréable, elle rend les scènes faciles parce qu'elle ne triche jamais, elle n'a pas des "mines" en magasin qu'elle ressort à la demande. Je me souviens, quand je jouais avec elle, je me disais qu'il y avait un metteur en scène imaginaire qui nous filmait." La Reine a une lecture un tantinet différente : "Quand j'arrive sur un plateau, je sens un silence qui se fait autour de moi, et c'est quelque chose de lourd à porter."
La Deneuve a déjà joué les Reines : Peau d'âne (elle incarnait l'épouse défunte du Roi Jean Marais), Le Petit Poucet, D'Artagnan. Dans le film La Reine Blanche, à défaut de couronne, elle était la fameuse Reine du village. "Valérie s'est servie à dessein de mon passé d'actrice, ou plutôt de mon côté "représentante officielle en tant que première dame du cinéma français"! C'est vraiment quelque chose qui me fait toujours beaucoup rire mais aussi contre lequel je lutte... par la dérision."
Mais dans aucun de ses films elle n'avait à sortir la réplique culte : "Ce matin j'avais un petit coup de mou j'ai fait toute une série de "p", ça m'a bien détendue." Deneuve insiste : "Je n'ai jamais discuté ou argumenté sur ce que Valérie avait écrit, il me fallait juste m'adapter au rythme du phrasé qu'elle exigeait de moi, comme cette fameuse réplique que j'avais tendance à couper au milieu alors qu'elle voulait que je la prononce de manière très régulière, sans à-coups. Cette scatologie sous-jacente ne me dérange pas le moins du monde, ça fait vraiment partie de la drôlerie intrasèque des dialogues."
Point de vue et image insolite. Deneuve parle donc de sa bru dans le film, et cinéaste. "En plus d'être metteur en scène, Valérie est une véritable directrice artistique qui peut s'avérer très maniaque. Je peux le dire, c'est une grande obsessionnelle du détail ! Valérie est quelqu'un de zinzin, mais au bon sens du terme, elle est incroyable de folie et de sérieux mélangés. Ce que j'aime en elle, c'est qu'elle fait rire en ne prenant jamais les chemins de la facilité ou de la mode, mais en vous emmenant par le haut, par de véritables chemins de traverse de la fantaisie, la fantaisie étant une des choses les plus importantes de la vie. J'ai vu tous les spectacles de Valérie, je suis une vraie fan depuis le début. Je crois qu'elle abandonne beaucoup de choses quand elle fait un spectacle, et c'est une façon de tourner en ridicule ce qu'elle aime le moins chez elle. Aujourd'hui, elle en joue moins, je crois qu'elle accepte mieux sa beauté et, surtout, sa singularité. Par exemple, elle a dirigé tout le film habillée en blouse blanche et en bottes. C'est quelque chose qu'elle s'est fixée au début du tournage, j'imagine, un peu comme un enfant qui organise avec soin son cartable en début d'année scolaire."
Voici des people publics, "closer", en tenue de gala
Invités VIP pour débuter. De Noël Godin, célèbre entarteur, à Maurane, ex-chanteuse de Starmania, Lemercier a convié quelques surprises dignes d'un show de Drucker. Plateau de variétés, avec, aussi, des sosies comme celui de Pavarotti.
Plateaux télé pour continuer. On a vu Deneuve chez Arthur (c'est dire) et sur Canal +. Veut-elle se banaliser pour prouver sa popularité? Mais aussi couverture des deux femmes dans le sexagénaire Elle, avec un cahier spécial. Le duo Lemercier/Wilson a privilégié Fogiel. Bref tous les médias populaires sont réquisitionnés.
Sortie impériale sur 450 copies, Palais Royal! est, avec Olé, la comédie censée fait rire les Français pendant les fêtes. Elle mise sur son casting, sur les dialogues et sur un sujet populaire, quand les têtes couronnées deviennent de véritables stars des magazines people, seul média en poupe du moment. D'Albert de Monac' intronisé à la naissance d'un héritier en Espagne en passant par le mariage d'une princesse "moderne" japonaise, il n'y a pas une semaine sans news aristo. Lemercier se doit de passer le cap du million de spectateurs, ce qu'elle n'a pas fait en tant qu'actrice depuis Les Visiteurs. Pour Deneuve, ce serait son 27ème film millionnaire, parmi lesquels pas mal de comédies : 8 femmes, Le sauvage, L'Africain, La vie de château, Belle-Maman.
|
|
|