|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Palais Royal
France / 2005
23.11.05
|
|
|
|
|
|
VALERIE DE SE VOIR SI DROLE EN CE MIROIR
"- Bonne ça s'écrit pas avec un c!"
Il était une fois une comédienne parmi les plus douées de la scène française, avec un humour décapant et un don pour les métamorphoses. Elle rêve de princesses, désirait ardemment faire du cinéma. Bref passer à la People Academy.
C'est de loin son film le plus séduisant : ni snob comme Quadrille ni vulgaire comme Le Derrière. Palais Royal recèle de bribes d'humour qui rappellent avec joie ses shows. La réalisation et le montage sont mis au profit de ces répliques parfois hilarantes ; mais conséquemment, l'histoire - et notamment sa continuité - est massacrée, pour devenir une succession de séquences plus ou moins cohérentes. Au moins rit-on plus qu'aux deux premiers films de Valérie Lemercier. C'est déjà ça.
La répétition du "Je check" à toutes les sauces rappelle le Okay des Visiteurs et fera la joie des "fans". Car, clairement, nous sommes entre les fantaisies parodiques de Jean-Marie Poiré et les comédies de Pierre Richard des années 70. Dans Les Malheurs d'Alfred, il y avait aussi cette utilisation du spectateur moyen en train de regarder - commenter - critiquer les événements à travers le prisme télévisuel. C'était peut-être juste un peu mieux écrit. Lemercier ne va, hélas, pas jusqu'au bout de certaines bonnes idées. Ce goût d'inachevé se retrouve jusque dans le scénario.
Mal construit, le film ressemble à une idée mal ficelée. Des personnages disparaissent au milieu du film (les rôles secondaires sont pourtant essentiels dans l'art comique, les anglais et américains le savent bien). Certains rebondissements sont ignorés ou incohérents : que pense le cocu, pourquoi la Princesse si bonne devient-elle si soudainement mesquine, même avec ses enfants? Il y a des trous dans ce puzzle. Et ce jusqu'au final, brutal, insensé, glaçant l'émotion potentielle. Cette fin manque de punch (de putsch?).
Pourtant l'ensemble est "pêchu". Grâce à un casting hors pair qui aide beaucoup. On se doutait bien que Lambert Wilson allait se régaler ("Col en V, ça fait pédé."). Le duo qu'il forme avec Lemercier se dote de dialogues plus que drôles : "Une ptite sodo et dodo. Aïe." C'est pas comme ça qu'ils feront des garçons. Cependant c'est bien du côté de Vuillermoz (avec un bout de coton dans le nez qui saigne, il ne fait pas très prince héritier dans Point de vue et images du monde), Aumont et Deneuve qu'il faut regarder. La Reine Catherine se glisse à merveille dans l'humour de la Princesse Valérie. Depuis La Vie de Château, on sait la comédienne très à l'aise dans la comédie (son débit de paroles est en phase avec le rythme imposé par le genre). Quand elle lance "Pas évident de débrider les deux Pokémon", en parlant de ses convives asiatiques, la méchanceté fait mouche. Et quand Wilson balance, en écho, "les deux Neutrogena qui sourient", en parlant d'un couple royal norvégien, ça a moins d'effet.
Palais Royal n'est rien d'autre qu'un plat argenté servi à un humour à froid. Personnages caustiques ("Elle commence à nous emmerder la cocue"), vieux gags de la tarte à la crème, drôlerie assurée des piques verbales (contemporaines comme "il a maigri Pavarotti. Il a fait le régime à Sultizer" ou absurde "ça se met à gauche les médailles"). Hélas ça ne dépasse pas le bon "pitch" et pire, la comédie n'est jamais un grand film. On regretterait presque que les Anglais ne l'aient pas écrite. Car cette vengeance mesquine où les sympathiques parviennent à devenir antipathiques (et vice-versa) auraient pu conduire à une Guerre des Rose, qui ici, n'est jamais assez noire. Ce virus insinué dans le Royaume, ce complot politique, cette manipulation médiatique donnaient pourtant des ingrédients ordinaires pour rendre extraordinaires certaines situations (à l'image de ce livre d'or signé par le Prince et que la Princesse "corrige" en rajoutant des fautes d'orthographe).
Hélas, le film ne prend jamais d'épaisseur, de hauteur, de grandeur. Pensez : Maurane remplace Elton John dans la chanson triste servant d'épitaphe! Car ce film hommage à Lady Di, distrayant, décalé, reste superficiel, premier degré. Il fait du bien sur le coup mais ne laisse aucune trace. Un peu comme la lecture de Gala avant le dentiste. Un petit micro dans le champ, une morale sur le cynisme et la naïveté plus que maladroite et on s'interroge même sur le désordre narratif et le manque de perfectionnisme. Inexportable, comme la famille de Monaco, ce comique "valérien" peut aussi nous indifférer, comme l'actualité des aristos, et conclure par un "Je m'en fous royalement" bien senti. vincy
|
|
|