Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


Mars  

Production : Potboiler productions, British Film Council, Material Entertainment, Buena Onda Films, Scion films, Dalka
Distribution : Mars distribution
Réalisation : Fernando Meirelles
Scénario : Jeffrey Caine, d'après le roman de John Le Carré
Montage : Claire Simpson
Photo : César Charlone
Décors : Mark Tildesley
Musique : Alberto Iglesias
Maquillage : Christine Blundell
Durée : 128 mn
 

Ralph Fiennes : Justin Quayle
Rachel Weisz : Tessa Quayle
Hubert Koundé : Arnold Bluhm
Danny Huston : Sandy Woodrow
Daniele Harford : Miriam
Bill Nighy : Sir Bernard Pellegrin
Pete Postlethwaite : Lorbeer
 

la cité de dieu
site officiel
 
 
The Constant Gardener


/ 2005

28.12.05
 

Film présenté à Venise, nommé trois fois aux Golden Globes (dont meilleur film, meilleur réalisateur), 7 fois par le prestigieux cercle de critiques londoniens (soit à peu près toutes les catégories), et succédant à Mike Leigh, Stephen Frears, Ken Loach, Stephen Daldry et Michael Winterbottom aux British Independant Film Awards (meilleur film), The Constant Gardener est l'un des 5/6 films de l'année côté palmarès, pas loin des Ang Lee et George Clooney. Pas mal pour un quatrième film d'un cinéaste venu du Brésil. D'autant que le film est déjà rentabilisé grâce au seul marché américain. Avec l'international, avant même ses sorties dans des pays comme la France, le film a rapporté deux fois son coût. Pas forcément évident vu le sérieux du sujet et la nature "mélancolique" de l'histoire d'amour.




A la base un best-seller du romancier et ancien espion John Le Carré. On lui doit des romans adaptés par Hollywood comme L'espion qui venait du froid (1965, de Martin Ritt, avec Richard Burton), The Deadly Affair (1966, de Sidney Lumet, avec James Mason), The Looking Glass War (1969, avec un Anthony Hopkins débutant), The Little drummer Girl (1984, de George Roy Hill, avec Diane Keaton), La Maison Russie (1990, de Fred Schepisi, avec Sean Connery et Michelle Pfeiffer), Le Tailleur de Panama (2001, de John Boorman, avec Pierce Brosnan et Goeffrey Rush). Du beau linge. Et pas n'importe qui pour filmer les écrits de Le Carré. Il a refusé le titre de Sir. A vécu au Kenya un bout de temps. A écrit pour le moment 19 romans touffus mélangeant espionnage, vision géostratégique mondiale, histoires d'amour ou d'amitié absolues, nostalgie d'un temps révolu. Le dernier en date, Une amitié absolue, paru fin 2003, racontait les déboires de deux idéalistes largués depuis la Chute du Mur, et dépassés par l'Impérialisme cynique américain. Ancien consul en Allemagne, cet homme de 75 ans bientôt, est un faiseur de best sellers. Préfigurant les Tom Clancy,d ans la lignée des Ian Fleming et autres Graham Greene.
Le livre était dédié à la passionnée de l'humanitaire, Yvette Pierpaoli (60 ans), tuée avec deux autres bénévoles et leur chauffeur dans un accident de voiture. Le personnage incarné par Rachel Weisz est clairement un hommage à cette amie de Le Carré. Pour cette adaptation, le romancier avait en tête une superproduction hollywoodienne. Mais les studios l'en ont dissuadé, persuadant Le Carré et son staff que personne ne s'intéresserait à un film sur l'Afrique. C'est en renonçant aux dollars, lui comme les acteurs qui ont contribué en acceptant un cachet modeste (Fiennes faisant même les prises de vue lui-même pour les scènes de caméscope), que The Constant gardener a pu se monter. Dans une interview au Monde, l'auteur avoue : "Sans vouloir être désobligeant pour les précédentes adaptations de mes romans, c'est sans doute la première fois qu'un réalisateur a fait un grand film, certes inspiré d'un de mes livres, mais un film à lui, où il a dit ce qu'il voulait dire. C'était pour moi une expérience complètement différente. L'Espion qui venait du froid reste un très bon film. Les autres films étaient trop respectueux de mes livres, pas assez imaginatifs. Fernando a ajouté, avec bonheur, des scènes qui n'existent pas dans le livre et que je n'aurais pas pu y mettre."
A l'origine le film était prévu pour Mike Newell, à qui on proposa simultanément le quatrième opus d'Harry Potter. Le choix de Meirelles (La Cité de Dieu était l'un des hits surprises en 2003, en salles puis en vidéo) semble plus judicieux tant le problème des médicaments et des maladies virales touche aussi bien le Brésil que l'Afrique. Mais le cinéaste a insisté et fait un puissant lobbying pour pouvoir tourner au Kenya, y compris dans les bidonvilles, plutôt qu'en Afrique du Sud, où tous les équipements cinématographiques se trouvent. L'autre sujet c'est la pharmacie, prochaine cible de Michael Moore par ailleurs. "Je suis brésilien et nous fabriquons des médicaments génériques depuis quelques années et, lorsqu'on essaie de fabriquer des produits bon marché, équivalents de médicaments brevetés, on prend très vite conscience de la puissance sidérante du lobby de l'industrie pharmaceutique. " explique le motivé cinéaste. Le Carré justifie son choix : "J'aurais pu évoquer le scandale des cigarettes trafiquées, les compagnies pétrolières. Mais le monde des multinationales pharmaceutiques m'a pris à la gorge et ne m'a plus lâché dès que j'y ai mis le nez. Big Pharma, comme on l'appelle souvent, réunit tout ce qu'on peut imaginer : les espoirs et les rêves que ce secteur incarne, sa capacité ) en partie concrétisée ) à faire le bien et sa face cachée, terriblement sombre, entretenue par des sommes d'argent colossales, une obsession du secret pathologique, la corruption et la cupidité." On estime à 430 milliards de dollars le chiffres d'affaires global annuel en 2002 de ces groupes.
Histoire d'amour et thriller politique mêlé en un seul film. Tout un défi. "C'est David contre Goliath : de simples individus qui s'en prennent aux géants de l'industrie" résume Rachel Weisz. Tous les comédiens étaient politiquement impliqués dans le sujet, même Wiesz qui remplaça pourtant le "premier" choix, l'actrice Pernilla August. "L'équipe du film a créé, pendant le tournage, une ONG, d'abord à Nairobi, puis au nord du Kenya, puis au sud du Soudan. Cette association a construit des ponts, et bien d'autres choses. Elle a survécu au film dont elle porte le nom" révèle Le Carré. The Constant Gardener Trust a contribué à à employer des habitants du bidonville de Kibera (environ un millions d'habitant, avec environ 25% de la population séropositive), soit 2000 figurants en plus de quelques petits rôles, mais aussi à construire une aire de jeux, un terrain de foot, réparer une église, refaire un pont au-dessus d'un égout, une citerne, une rampe d'accès pour arriver sur un quai de gare... Certains habitants ont servi de guides, de porteurs, d'interprètes, d'agents de sécurité. Film solidaire et développement durable. La pièce sur le SIDA est une création de la troupe SAFE (Sponsored Arts for Education). Même la casquette que porte Pete Posthethwaute n'est pas innocente : le logo est celui de Human Rights Campaign, une ONF principalement axée sur l'égalité des sexe et des sexualités.
Le film réunit Ralph Fiennes (qui a tourné dans le Harry Potter de Mike Newell, mais aussi dans Chromophobia, The White Countess, The Chumscrubber et donné sa voix au méchant de Wallace & Gromit, rien que cette année) et Rachel Weisz (entre deux expériences de science fiction avec Constantine et The Fountain). Les deux avaient déjà tourné ensemble dans Sunshine de István Szabó, en 1999. On note aussi la présence de Danny Huston (fils de John Huston) et Hubert Koundé, révélé par La Haine.
La cité de Dieu avait intrigué à peine 100 000 curieux en salles avant de virer au phénomène culte en location DVD/VHS. Gageons que The Constant Gardener fera largement mieux...

PS : le film a gagné un Golden Globe (meilleur second rôle féminin) et il a établi le record de l'année aux BAFTA (les César britanniques) avec 10 nominations, trustant toutes les catégories.
 
vincy
 
 
 
 

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