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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ghibli
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Production : Tokuma Shoten, NTN, Hakuhodo, Studio Ghibli Distribution : BVI Réalisation : Isao Takahata Scénario : Isao Takahata, idée de Hayao Miyazaki Décors : Kazuo Oga Son : Yasuo Urakami Musique : Koryu Manto Watanobe, Yoko Ino, Masaru Goto (Shang Shang Typhoon), Ryojiro Furusawa Durée : 119 mn
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Kokondei Shinchou : narrateur
Makoto Nonomura : Shoukichi
Yuriko Ishida : Okiyo
Norihei Miki : Seizaemon
Shigeru Izumiya : Gonta
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Pompoko (Heisei tanuki gassen pompoko)
Japon / 1994
18.01.06
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Agé de 70 ans, Isao Takahata est un proche du désormais célèbre dessinateur Hayao Miyazaki. L'idée originale de Pompoko est du second. Mais le film est bien scénarisé et réalisé par le premier. La particularité de Takahata est de n'être ni animateur, ni dessinateur. Ce qui explique la variété de ses oeuvres, tant graphiquement que dans son propos. Son premier film, Horus, prince du soleil date de 1968. Le film a mis trois ans à se faire, et il est considéré comme le long métrage fondateur de l'animation japonaise qui aujourd'hui plaît tant de par le monde. On doit aussi à Takahata la fameuse série TV Heidi. Mais ses longs métrages séduisent aussi : Kié la petite peste, Goshu le violoncelliste... au début des années 80. Il produira Nuasicaä de la vallée du vent puis Laputa, le château dans le ciel, les premiers films de Miyazaki. Les deux amis créeront ensemble les Studios Ghibli, qui aujourd'hui sont une référence en matière d'animation, au même titre que Walt Disney en son temps. En 1988, il réalise son chef d'oeuvre, Le tombeau des lucioles. Suivront Omohide Poroporo et donc Pompoko en 1994. 12 ans pour le voir en salles en France... Le dernier Takahata date de 1999, avec Mes voisins les Yamada.
S'il plaît autant à la critique française, qui a vite fait de préféré le méconnu Takahata à l'adulé Miyazaki, c'est sans doute parce que le réalisateur est un grand amateur de culture française et aborde l'évolution du Japon post-Ozu, pour faire un raccourci périlleux. "Plus que la littérature, c'est surtout le cinéma français qui m'a influencé" avoue-t-il. Bazin, Truffaut, Prévert, Grimault : autant de référents tantôt merveilleux, tantôt naturalistes. Il aime utiliser le réalisme documentaire et le transgresser avec des codes propres à l'animation. Ce qui l'intéresse ce sont les problèmes de société, le contemporain. pose là un débat qui n'est pas propre au Japon d'après guerre : la destruction de la nature, les menaces sur els espèces vivantes, le discours écologique et anti-nucléaire. Pompoko sera le plus gros succès en salles au Japon en 1994. Préfigurant les triomphes de Princesse Mononoke et Le voyage de Chihiro. Il recevra, à l'époque, le Grand prix du festival d'Annecy et un prix spécial de l'Académie du Cinéma Japonais. "Je voulais montrer le monde actuel par les yeux des tanukis. Finalement, ce qui leur arrive, c'est ce que nous vivons : nous sommes tous des tanukis obligés de nous déguiser en citadins" explique le réalisateur. "Au Japon, au nord d'Hokaido, vit l'ethnie des Aïnous. Ce sont les premiers habitants de l'archipel, installés bien avant l'arrivée des Japonais. Ils subissent aujourd'hui un sort comparable à celui des Amérindiens d'Amérique du nord et des Indios d'Amérique du sud. Ces races minoritaires parquées dans des réserves sont confrontés à la race dominante. Ce la peut se traduire par des positions extrêmes comme le terrorisme ou encore par le refuge dans la religion. Les tanukis représentent ces minorités opprimées, et le film décrit différentes voies qui s'offrent à eux" raconte Takahata dans un de ses rares entretiens (ici à Positif).
Car le tanuki existe. Les Japonais ne l'ont pas inventés. On le retrouve au Japon, en Corée et en Chine. Mammifère omnivore de la famille des canidé (chien), il ressemble à un blaireau, ou à un raton laveur. Autrefois respecté comme un Dieu, le folklore local lui a donné des pouvoirs magiques et surtout il aime à se moquer des humains. De même Pompoko "est le son que produit le tanuki lorsqu'il joue du tambour sur son ventre rond, signe de prospérité". Il est l'équivalent de notre nain de jardin, doté de testicules énormes (là encore symbole de prospérité), et souvent une bouteille de saké à la main (il en est friand). Maladroit, tendre, joueur, roublard, cette peluche vivante change de mythe au 18ème siècle, passant de la croyance divine à des récits cocasses.
En voici un qui arrive. Comme tous les hivers en France, nous avons le droit à notre film "Ghibli". En attendant avec impatience le grandiose Nausicaä...
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