Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


Warner Independant  

Production : 2929 entertainment, Warner Independant Pictures, Participant productions, David films, Redbus pictures, TohoKushinsha
Distribution : Metropolitan filmexport
Réalisation : George Clooney
Scénario : George Clooney, Grant Heslov
Montage : Stephen Mirrione
Photo : Robert Elswitt
Décors : Jim Bissell
Durée : 93 mn
 

David Strathairn : Edward R. Murrow
Robert Downey Jr : Joe Wershba
Patricia Clarkson : Shirley Wershba
Ray Wise : Don Hollenbeck
Frank Langella : William Paley
Jeff Daniels : Sig Mickelson
George Clooney : Fred Friendly
Tate Donovan : Jessie Zousmer
 

dossier : le mccarthysme
histoire de See it now
site officiel us
 
 
Good Night, and Good Luck.


USA / 2005

04.01.06
 

George Clooney réalisateur, producteur, co-scénariste, acteur dans un second rôle. Disons-le : auteur. Au sens noble du terme. Sans prendre trop de risques (budget très modeste de 7 millions de $) et pourtant sans têtes d'affiche, Good Night, and Good Luck (le titre n'est autre que la phrase qui ponctuait chacune des émissions de Edward R. Murrow, héros de cette histoire), la star parvient surtout à garder une véritable liberté de création. Envisagée à l'origine comme un téléfilm commémoratif, l'histoire devint un film authentique sur le courage d'un journaliste. Et alors qu'Hollywood se lamente sur une baisse du nombre de billets vendus, cette production a déjà rapporté le triple de son coût rien qu'en Amérique du Nord, dans un circuit de salles confidentiel. Mieux, le film a les honneurs et la considération de la critique et de la profession. A Boston et Los Angeles, on prime la photo Noir et Blanc léchée, à San Francisco on privilégie le scénario, les European Film Awards sacrent Clooney, les Golden Globes nomment 4 fois le film (meilleur drame, réalisateur, scénaristes, acteur), le National Board of Review en fait son meilleur film de l'année. En fait, depuis son avant-première mondiale à Venise, dans les trois films favoris de la compétition, le film de Clooney récolte le prix de la Critique, le prix du meilleur scénario et la Coupe Volpi du meilleur acteur (David Strathairn).




On peut rêver pire comme destin pour un film en Noir et Blanc se déroulant dans les années 50. Le film, s'il retrace une partie des méthodes du McCarthysme (tout Américain ayant des sympathies ou des liens avec le Parti Communiste devait être écarté des postes stratégiques ou sensibles), prend place, essentiellement, dans les locaux de CBS, l'un des trois réseaux nationaux télévisuels aux USA. L'émission "See It Now" (Voyez le maintenant) aura la peau de McCarthy, le discréditant après de multiples contradictions et injustices pointées dans par Murrow. Le mal était fait : 11 500 révocations, 12 000 démissions, des exils comme Chaplin, des cas délicats comme le témoignage de Kazan. Sale époque. McCarthy sera désavoué et blâmé par ses confrères Sénateurs le 2 décembre 1954, et mourra trois ans plus tard.
Le show a obtenu 4 Emmy Awards (dont deux durant sa fréquence hebdomadaire). Diffusé de Novembre 1951 à Juin 1953 le dimanche soir, puis de Septembre 1953 à Juillet 1955 le jeudi soir, et enfin de Septembre 1955 à Juillet 1958 à des horaires irréguliers, "Il n'était pas question pour moi de faire un film à la gloire de Murrow" explique Clooney. "Faire cela aurait tout simplement diminué la portée de ce qu'il a accompli. Pour rendre justice à ce qu'il avait osé, il suffisait de traduire la réalité le plus fidèlement possible. Je voulais restituer le contexte et montrer l'importance de son action, contre le pouvoir et même contre sa hiérarchie. Son action a aussi prouvé de façon spectaculaire que la télévision peut faire basculer les opinions, et c'est là un point essentiel à mes yeux. La manipulation des masses est possible par ce média, on s'en rend compte tous les jours mais cette fois-là, elle a été un vecteur de vérité. C'est l'un des rares cas, sûrement le plus emblématique, où la télévision a réussi à renverser l'opinion des gens face à une politique de manipulation."
Mais George Clooney va plus loin. "Aujourd'hui, malgré la manipulation des médias et des moyens d'information, nous sommes beaucoup moins bien informés qu'il y a seulement 15 ans. Trop souvent, l'information est devenue un business, il n'est plus question de faire savoir, mais de vendre. Et puis les gens ne lisent plus, n'écoutent plus. On les noie avec une telle masse d'informations qu'il est devenu impossible de faire le tri. Comment faire la différence entre la pub, la propagande, la manipulation et l'information?"
Le noir et blanc du film a été un choix évident lorsque Clooney décida d'utiliser des films d'archives pour représenter McCarthy. inutile de mettre un acteur en train de singer "le diable". De même le discours de Murrow (1908-1965, d'un cancer dû à l'usage intensif de tabac) lors de son hommage est quasiment mot pour mot celui d'origine. Pour incarner le producteur animateur et journaliste, Clooney a choisiDavid Strathairn, second rôle récurrent des polars et autres drames hollywoodiens (L.A. Confidential, Weel-end en famille, Dolored Claiborne). On l'a aussi vu dans la série des Soprano. Robert Downey Jr. (Kiss Kiss Bang Bang, Gothika), Patrica Clarkson (The Station Agent, Loin du Paradis, Dogville), Ray Wise (Twin Peaks, la série A la Maison Blanche), Frank Langella (bientôt dans Superman Returns), Jeff daniels (La rose pourpre du Caire, Speed, The Hours) complètent le casting. A noter l'étrange coïncidence de voir de nombreux seconds rôles qui avaient déjà joué dans Memphis Belle.
Quant à Clooney, on le retrouvera cet hiver en producteur et acteur dans Syriana, avec Matt Damon, plus tard dans l'année chez l'ami et associé Soderbergh (The Good German) et dans Michael Clayton (du scénariste des aventures de Jason Bourne, la trilogie de Damon). Il reste en famille.
 
vincy
 
 
 
 

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