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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : 7e apache films, Quasar Pictures Distribution : MK2 Réalisation : Fabienne Berthaud Scénario : Fabienne Berthaud Montage : Raphaële Urtin, Patrice Grisolet Format : DV, 16/9 Son : Gerraud Combelles Durée : 90 mn
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Diane Kruger : Frankie
Jeannick Gravelines : Tom, le chauffeur
Brigitte Catillon : Suzy
Christian Wiggert : Le photographe
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Frankie
France / 2005
01.03.06
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Un film, pour son réalisateur, c'est toujours un petit miracle. Lui seul sait les obstacles franchis, les difficultés surmontées, les prodiges réalisés pour que son projet arrive dans les salles. Mais lorsqu'un tournage s'étale sur trois ans, commence avec une actrice débutante et s'achève avec une pro chevronnée et qu'en plus cela ne se voit pas à l'écran, il ne s'agit plus de miracle mais de destin. Rien n'aurait pu empêcher Fabienne Berthaud de faire Franckie à sa manière et de le mener à bien.
Parcours du combattant
"Quand Fabienne m'a rencontrée, se souvient Diane Kruger, la société qui devait produire le film voulait qu'elle prenne une comédienne qui évidemment était beaucoup plus connue que moi… Mais Fabienne leur a expliqué qu'elle préférait le faire avec moi. Alors ils ne l'ont pas suivie. Et l'on s'est dit : on s'en fout, on y va quand même."
"J'ai, au départ, autofinancé le projet. J'ai acheté une caméra et nous avons commencé comme ça, explique Fabienne Berthaud. Sans moyen, juste notre énergie et cette croyance immense. Nous avons tourné avec une équipe tellement petite que parfois les gens ne se rendaient pas compte que l'on faisait un film."
Heureusement, au dernier tiers du film, Xavier Durringer et Bruno Petit, producteurs de 7e Apache films, contactent la réalisatrice pour lui demander les droits d'auteur de l'un de ses romans pour une adaptation cinématographique. Elle leur parle de Frankie, leur montre les rushes, et ils décident de faire le film ensemble. Pour autant, Fabienne Berhaud n'est pas au bout de ses peines. Diane Kruger, qui "était à peine comédienne" au début du tournage, commence à recevoir des propositions du monde entier. Le genre de propositions qu'on ne refuse pas, comme Troy ou Benjamin Gates.
"Diane revenait toujours"
"Frankie s'est fait entre les grosses productions américaines pour lesquelles Diane fut engagée. Elle m'appelait des Etats-Unis pour me dire "J'ai trois jours, on peut tourner". Alors je préparais les scènes… Le plus dur était de tenir, de recommencer, de relancer l'aventure… On a tourné morceau par morceau. Il ne fallait pas lâcher cette histoire qui m'a accompagnée pendant trois ans. Idem pour Diane… C'est vrai qu'étant à Hollywood, elle aurait pu me lâcher n'importe quand. Mais elle revenait toujours."
Diane Kruger, ancien mannequin elle-même, a inspiré le personnage de Frankie. "Je me suis appuyée sur son expérience, son passé, pour réécrire cetaines scènes du scénario afin d'être au plus près de cette réalité documentaire que je cherchais", déclare Fabienne Berthaud. Avant de commencer le film, l'actrice avait toutefois un regard assez positif sur le monde de la mode, qui lui a permis de "gagner beaucoup d'argent" et de "voyager dans le monde entier". Quelque chose, pourtant, la chiffonait. "L'une des raisons pour lesquelles j'ai arrêté d'être mannequin, c'est que j'en avais assez d'être seule. C'était important pour moi que l'on ressente ça dans le film, cette sensation de solitude. Tous les mannequins, même celles qui travaillent beaucoup et qui sont très bien payées, la ressentent très fortement."
La clinique de la Chesnaie
Alors qu'elle écrivait son dernier roman, Fabienne Berthaud a eu besoin de se documenter sur l'univers psychiatrique. C'est ainsi qu'elle a découvert la clinique de La Chesnaie, "un établissement singulier, ouvert, en pleine nature, où pensionnaires et soignants cohabitent. Il y avait de la poésie et beaucoup d'humanité. Les lieux sont pour moi comme des personnes et l'envie de les filmer s'est imposée. J'avais le désir de mettre en opposition le monde dans lequel on s'occupe du corps, de l'apparence, et celui où l'on soigne la tête, les maux de l'âme.
Pour obtenir l'autorisation de tourner à La Chesnaie, Fabienne Berthaud soumet son premier scénario au corps médical et leur explique son désir de faire jouer les habitants de la clinique qui le souhaitaient. La réalisatrice, son actrice et son assistance font un stage de monitrice sur place, s'occupent du ménage, du service à table et partagent la vie de la communauté. Après une première validation du script, ce sont les pensionnaires eux-même qui donnent leur accord pour le tournage.
Fabienen Berthaud se souvient : "Nous savions que le film pouvait s'arrêter tous les jours. Au moindre problème. Nous étions sur le fil du rasoir et la priorité était de ne pas perturber ce lieu thérapeutique et de ne jamais nous croire sur un plateau de cinéma. J'ai travaillé sous forme d'improvisations dirigées. Je mettais en situation afin que Frankie puisse vivre son histoire avec les acteurs de la clinique qui jouaient leur propre rôle mais dans une situation qui n'était pas réelle. J'ai fait jouer le rôle d'une infirmière à une pensionnaire. Certains acteurs de la clinique ont écrit leur scène eux-mêmes. Ce fut un travail d'équipe. De jolies surprises. Une patiente autiste a prononcé quelques mots au cours d'une scène. Le psychiatre de Frankie est le directeur de la clinique en personne.
Les premiers auxquels nous avons projeté le film furent les habitants de La Chesnaie. Contre toute attente, ils ont beaucoup ri. Particulièrement les pensionnaires. Ils étaient heureux d'avoir été respectés…" MpM
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