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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : Samuel Hadida, Pablo Bossi, Gerardo Herrero et Mariela Besuievsky Distribution : Metropolitan Filmexport Réalisation : Fabian Bielinsky Scénario : Fabian Bielinsky Montage : Alejandro Carrillo Penovi et Fernando Pardo Photo : Checo Varese, A.M.C. Format : scope, 2.35 Décors : Mercedes Alfonsin Son : Abbate et Diaz Musique : Lucio Godoy Durée : 132 mn
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Ricardo Darin : Esteban Espinosa, le taxidermiste
Dolores Fonzi : Diana
Nahuel Pérez Biscayart : Julio
Pablo Cedron : Sosa
Jorge D'Elia : Urien
Alejandro Awada : Sontag
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Fabian Bielinsky avait fait forte impression en 2002 avec Neuf reines, son premier film, un thriller rusé et efficace que Soderbergh lui-même avait trouvé suffisamment bon pour en racheter les droits. Certes, le producteur américain en avait tiré un remake dispensable, Criminal, réalisé par Gregory Jacobs, mais l'essentiel était là : le nom du réalisateur argentin était sur toutes les lèvres. Le résultat de plus de vingt-ans de labeur…
Dès son plus jeune âge, Fabian Bielinsky fait en effet montre d'un acharnement et d'une volonté de réussir peu communs : premières réalisations à l'âge de 13 ans, diplôme du Centre expérimental de réalisation cinématographique de l'Institut national argentin de la cinématographie à 24 ans, court métrage de fin d'études, La espera, distingué dans plusieurs festivals… En attendant d'imposer son nom, il enchaîne avec plus de quinze ans en tant qu'assistant-réalisateur et réalisateur-seconde équipe sur des films publicitaires (plus de 400) et quelques longs métrages (dont La republica perdida de Miguel Pérez et Eversmile, New Jersey de Carlos Sorin).
En 1998, tout s'accélère : il remporte le premier prix d'un concours d'écriture scénaristique qui lui permet de développer le scénario des Neuf reines puis de le réaliser. Immédiatement, le film est un triomphe en Argentine (il reçoit sept prix dont meilleur scénario original, meilleur réalisateur, meilleur film) et dans le monde entier, où il récolte des dizaines de prix. Depuis, on attendait avec impatience la confirmation que ce coup de maître n'avait rien à voir avec la chance du débutant. El aura n'a pas l'aura de Neuf Reines, présenté et jamais primé, dans des festivals comme San Sebastian et Sundance.
Première bonne nouvelle, le retour du nouveau prodige argentin se fait sous de bons auspices, avec un thriller au titre mystérieux, El aura, la présence de Ricardo Darin (déjà l'acteur principal de Neuf reines) dans le rôle du héros et un scénario sous forme de puzzle qui se reconstitue petit à petit. "J'ai imaginé le sujet du film voilà vingt ans, alors que j'étais un obscur assistant réalisateur tout juste sorti de l'école, se souvient Fabian Bielinsky. Je l'envisageais alors comme un film policier, un thriller. Il y avait un héros, une trame classique, des enjeux moraux, l'idée de rédemption et de sacrifice, et tous les passages obligés du genre."
Deux décennies plus tard, bien sûr, l'histoire s'est affinée. Plus de rédemption, plus d'héroïsme, pas de sacrifice… juste "un honnête homme obsédé par le crime, qui découvre un plan simple mais efficace pour commettre un vol. Il va réaliser que ses crimes parfaits impliquent la violence, le sang et remettent en cause sa vision de la vie…"
Fabian Bielinsky tenait à mettre au cœur du film la personnalité du personnage principal, cet individu isolé, effacé, atypique, qui sait seulement regarder autour de lui et tirer des conclusions justes de ses observations. "Un spectateur…, souligne le réalisateur. Il est le spectateur d'une histoire policière qui l'entoure, l'englobe, l'absorbe et le consume." Face à ses plus grands fantasmes, il découvre la réalité de la violence, brutale, simple, facile et irréversible. Une violence "comme dans la vie" où un coup de feu est quelque chose de sérieux et de grave, lourd de conséquences. Cette expérience brouille la perception qu'il avait jusque-là de cet univers de hold-up. "Chacun se fait une idée des choses, jusqu'à ce qu'il y soit confronté", commente Fabian Bielinsky.
À noter : la taxidermie est à la mode puisque le prochain film du Hongrois György Pálfi (Hic) se nommera Taxidermie et sortira en France le 14 juin. Un film italien méconnu (présenté dans les festivals en 2002, sorti discrètement en 2004) mais néanmoins intéressant (L'Imbalsamatore, de Matteo Garrone) avait déjà un taxidermiste en vedette dans un milieu maffio-policier. Le film avait reçu 7 nominations aux David di Donatello (les César italiens) et emporté deux prix (scénario et second rôle masculin). MpM
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