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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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ad vitam
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Production : Glass Key Distribution : Ad vitam Réalisation : Larry Clark Scénario : Larry Clark, Matthew Frost Montage : Alex Blatt Photo : Steve Gainer, Brain Sweeney, Billy Park Format : 1.85 Décors : Peggy Paola Son : Steve Weiss, Jerry Wolf Musique : Steve McCroskey Effets spéciaux : Josh Hakian Maquillage : Eleanor Sabaduquia, Kelly Amber O'Leary Durée : 105 mn
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Ashley Maldonado : Rosalia
Carlos Ramirez : Carlos
Luis Rojas Salgado : Louie
Usvaldo Panameno : Porky
Eddie Velasquez : Eddie
Milton Velasquez : Milton/Spermball
Francisco Pedrasa : Kiko
Jonathan Velasquez : Jonathan
Laura Cellner : Jade
Jessica Steinbaum : Nikki
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Wassup rockers
USA / 2005
05.04.06
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Depuis Kids, on attend chaque nouveau film de Larry Clark avec un mélange d'excitation et d'appréhension. Quelle nouvelle face sordide de la société américaine le maître de la contre-culture a-t-il cette fois-ci choisi de nous faire découvrir ?
Attiré par la culture underground des années 60, Larry Clark a d'abord exploré les dérives du monde adolescent en photographiant ses amis rebelles et marginaux dans sa ville natale, Tulsa (Oklahoma). En 1971, il publie sa première monographie (Tulsa), suivie par un recueil de photos centré sur un adolescent portoricain prostitué à New York (Teenage Lust) puis un ouvrage de collages mêlant des photos d'adolescents en situation (s'étreignant ou jouant avec des armes) avec des coupures de faits divers. Le photographe fait ainsi preuve d'une vision sociologique, quasiment anthropologique, qui lui vaut les honneurs des musées les plus prestigieux.
En 1995, encouragé par Martin Scorsese et Gus Van Sant, ses fervents admirateurs, Larry Clark passe à la réalisation. Sur le scénario d'un jeune homme de 19 ans, Harmony Korine, il raconte le quotidien d'un groupe d'adolescents désoeuvrés en proie à la toxicomanie et la séropositivité. Portrait quasi-documentaire et sans concession, le film fait sensation aux festivals de Sundance et Cannes et remporte un succès critique et commercial.
Depuis, il s'est spécialisé dans les sujets à controverse (Bully sur le meurtre programmé d'un adolescent par ses camarades, Another Day in Paradise, un road-movie sanglant, Teenage Caveman, un film d'horreur pour la télévision). En 2002, il coréalise Ken Park avec Ed Lachman, son directeur de la photographie, sur un nouveau scénario de Harmony Korine. Ce portrait décapant d'un groupe d'adolescents noyant leur ennui et leurs difficultés familiales dans la violence et le sexe est censuré en Australie, en Grande Bretagne et bien sûr aux Etats-Unis. En France, il doit quitter l'affiche après huit semaines d'exploitation, sur décision du Conseil d'Etat.
"Un film basé sur leur vie"
L'idée et le scénario de Wassup rockers sont le fruit du hasard. Alors qu'il effectue une séance photos pour le magazine français Rebel, Larry Clark rencontre Kiko et Porky qui font du skate-board à Venice. "Il y avait ces gosses, Kiko et Porky, de 12 et 13 ans, vêtus de T-shirts et de pantalons serrés, se souvient le réalisateur. Ils avaient l�air différents, intéressants. Ils m�ont dit qu�ils étaient de South Central et qu�ils avaient pris deux bus pour venir jusqu�à Venice. Je leur ai alors expliqué que nous faisions une séance photos, et nous avons pris rendez-vous pour nous rendre à South Central histoire de voir ce que nous pouvions y trouver.
Il se trouve que là où ils vivent, le style en vogue est de porter des vêtements extra larges, genre baggy, une sorte de signe d�appartenance à un gang. Et que si vous ne respectez pas ce style, ça peut vous créer des problèmes. Or ces garçons n�écoutaient pas de hip-hop et portaient des vêtements trop serrés, des vêtements des années passées qui ne leur allaient plus, et qu�ils appelaient � young clothes � � fringues jeunes �. Ils avaient les cheveux longs, et étaient tout simplement exubérants. Ils ne buvaient pas, ne se droguaient pas, et ne fumaient pas non plus. Ils s�éclataient tout simplement au naturel. �
La séance photo avec les jeunes du quartier et notamment, Jonathan, l'un des héros du film, marche au delà des espérances du photographe, qui décide d'en faire un film. �Je voulais faire un vrai film basé sur leur vie, explique-t-il. Je voulais que les gens voient ces gamins. Parce que ces gamins-là, on ne les voit pas au cinéma à part s�ils vendent de la drogue ou commettent des crimes. Alors que ceux-là, ce sont des gamins normaux.�
D'où le style très documentaire du film où les différents garçons jouent leur propre rôle et improvisent la majeure partie des scènes. Pour obtenir cette spontanéité, Larry Clark a passé un an sur place, retrouvant les adolescents chaque semaine pour apprendre à les connaître et créer un climat de confiance avec eux. �La plupart des anecdotes sont celles qu�ils m�ont racontées lors de nos premières rencontres. Pendant les préparatifs, d�autres survenaient et je les incluais. Je les ai un peu embellies, mais chacune d�elles est du vécu., précise-t-il. Lorsque nous avons commencé à filmer, la scène du gamin qui se fait tuer, au début, n�était pas dans le scénario. Et ça s�est produit! Un des gosses que je connaissais, Creeper, a été tué, alors je l�ai intégré au film pour donner un aperçu des dangers auxquels ces gamins sont confrontés au quotidien.�
"Le pire cauchemar de ma vie"
Larry Clark laisse une liberté totale à ses acteurs, leur demandant de rester aux-même et leur donnant les détails du scénario à la dernière minute. Avantage : les sept garçons sont très naturels, agréables à diriger. Mais l'inconvénient, c'est qu'une telle énergie est difficile à canaliser� "C�était comme diriger une troupe de chats. Il fallait les rassembler avant chaque prise, chaque mise au point. C�étaient des gamins, totalement hors de contrôle. Mais il fallait que ça soit ainsi. J�ai failli perdre l�équipe de tournage ; ils considéraient ça comme une folie de ma part, de toute façon. La plupart du temps, il n�y avait que moi sur le lieu de tournage, tellement les garçons étaient infernaux et cherchaient des noises à tout le monde. Ca a été le pire cauchemar de ma vie.�
Le film montre à quel point la vie de ces adolescents peut être dangereuse juste parce qu'ils ne sont pas dans la norme. "La menace est réelle, souligne Larry Clark. Les pressions exercées par l�entourage est probablement plus forte au sein du Ghetto qu�à Beverly Hills ou dans la banlieue - la pression pour se conformer au style du ghetto, celui de la rue, à savoir les vêtements "baggy". Ces gamins doivent se battre chaque jour pour ce qu�ils sont.� Ce qui a par dessus tout intéressé le réalisateur, c'est cette rébellion, cette propension à survivre et à mûrir sans tomber dans le piège de la drogue, des gangs ou du crime. MpM
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