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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ocean films
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Production : Cirrus Communications, CrazyFilms Distribution : Océan Films Réalisation : Jean-Marc Vallée Scénario : Jean-Marc Vallée, François Boulay Montage : Paul Jutras Photo : Pierre Mignot Son : Martin Pinsonneault, Yvon Benoît Musique : Aznavour, Bowie, Patsy Cline... Effets spéciaux : Marc Côté Maquillage : Micheline Trépanier Directeur artistique : Patrice Bricault-Vermette Durée : 129 mn
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Marc-André Grondin : Zachary Beaulieu
Michel Côté : Gervais Beaulieu
Danielle Proulx : Laurianne Beaulieu
Emile Vallée : Zachary enfant
Maxime Tremblay : Christian Beaulieu
Pierre-Luc Brillant : Raymond Beaulieu
Alex Gravel : Antoine Beaulieu
Félix-Antoine Despatie : Yvan Beaulieu
Francis Ducharme : Paul
Johanne Lebrun : Doris
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C.R.A.Z.Y. (Crazy)
Canada / 2005
03.05.06
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C.R.A.Z.Y.a rendu fou les québécois (le public) et le Canada (les professionnels). Pensez 10 Génies (les Oscars canadiens), dont film, réalisateur, scénario, acteur et actrice. On ajoute le Golden Reel qui récompense la plus importante recette pour un film canadien... Le jackpot malgré une année riche en Croneberg et autres Egoyan! Deux nominations lui ont échappé : la photo et l'acteur Marc-André Grondin (le personnage principal) battu par celui qui joue son père, Michel Côté. Aux Jutras (les Césars québécois), le problème ne s'est pas posé : Grondin fut nommé en tant que meilleur acteur, et Côté en second-rôle masculin. Résultat : 100% des nominations se sont transformées en prix soit un total de 14. Du jamais vu. Le palmarès ne s'arrête pas là puisque le grand Festival de Toronto l'a élu meilleur film canadien de l'année et le très tendance Festival de Vancouver lui a donné 4 prix : meilleur film canadien, acteur canadien, actrice canadienne et second rôle masculin canadien. Et bien que le film représentait le Canada aux Oscars, il a échoué, contrairement aux Invasions Barbares (qui en plus l'avait obtenu).
Sans Cannes, sans Oscars, l'exportation va devoir surtout miser sur une stratégie "à la" Grande Séduction, il y a 3 ans. Car C.R.A.Z.Y. avec budget estimé à 4,6 millions d'euros, ce qui est assez élevé pour un film canadien , n'a pas encore remboursé ses investisseurs, malgré le très bon chiffre de 4,2 millions d'euros de recettes (1 million de spectateurs au Québec quand même)... Il lui faut conquérir un peu d'international, de DVD... ou de B.O.F. Jean-Marc Vallée justifie cette folie des grandeurs ainsi : "la musique est un personnage du film et elle en accompagne le côté mystique, tel le Chœur de l'Armée rouge pour les scènes parallèles entre Zach et sa mère." Le coût des droits musicaux n'a rien de mystique - un peu plus de 400 000 euros! avec Bowie, Aznavour, les Pink Floyd, Jefferson Airplane, les Stones, Charlebois, ... - , si bien que le réalisateur a du couper dans son salaire pour boucler le financement.
Obstiné ce Vallée. Il lui a fallu dix ans environ pour que ce projet se concrétise. Après une tentation de le tourner chez les voisins du Sud, après plusieurs projets refusés, l'acteur Michel Côté le convainc de le faire au Québec. "Il y a une scène que j'aime particulièrement, raconte Côté, celle où Gervais dit ce qu'il pense de l'Église à Laurianne. En une ligne, on traite de la Révolution tranquille et on règle le cas de la religion. On aurait pu faire un film où on aurait parlé en détail de la Révolution tranquille, de la montée du nationalisme, mais on a plutôt préféré miser sur plein de petites allusions aux grands événements de l'époque, par les affiches et les émissions télé, par exemple."
Le cinéaste va plus loin : "C'est la nostalgie d'une Amérique ouvrière, de classe moyenne, que l'on ressent peut être à cause des décors ou des accessoires comme le sapin de Noël artificiel, les patins à roulette à quatre roues, les sièges banane, les poignées mustang..." Entre revival et goût du vintage, il cible les fameux baby boomers... Il renoue avec un sentiment familier de l'époque (et donc perdu si ce n'est pour le moment révolu) : "Je pense que l'idéalisme est une certaine forme de spiritualité". Cette quête, entre foi et soi, pousse le héros jusqu'à Jérusalem, qui, pour le coup, a les allures de la ville océanique d'Essaouira au Maroc.
Ce film "funky, sexy, pudique, drôle, touchant, magique, fou" selon la définition de son réalisateur, s'inspire de la vie de François Boulay, co-scénariste, tandis que le personnage de Zac (et sa foi) ressemble à Vallée. Ce rôle, son interprète, Marc-André Grondin, le voit ainsi : "Mon personnage est gay mais pas cliché, ce n'est pas une grande folle ni un travesti et ça ne se passe pas dans le milieu gay. Ce n'est pas un film sur l'homosexualité, il ne dénonce rien, c'est un portrait familial. Je ne veux pas minimiser l'homosexualité dans le film, mais l'histoire ne tourne pas autour de ça. Le point de départ, c'est un garçon qui recherche l'amour de son père. Il y a plein de scènes dramatiques ou d'émotion qui sont désamorcées par l'humour, ce qui fait en sorte que l'on sourit ou rit en ayant la larme à l'œil."
Vallée n'avait pas tourné depuis les années 90 (notamment le remarqué Liste Noire). Le père est incarné par le populaire Michel Côté (la série TV Omerta), la mère jouée par Danielle Proulx (que les Québécois revoient dans le dernier Michel Poulette, Histoire de famille). Et le jeune Marc-André Grondin (22 ans) était le DJ dans le court métrage de Jean-Marc Vallée, Les fleurs magiques (en 95).
vincy
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