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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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bac films
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Production : Jeremy Thomas, Gabriella Martinelli Distribution : Bac films Réalisation : Terry Gilliam Scénario : Terry Gilliam, Tony Grisoni, d'après le roman de Mitch Cullin Montage : Lesley Walker Photo : Nicola Pecorini Décors : Jasna Stefanovic Musique : Mychael Danna, Jeff Danna Effets spéciaux : Leo Wieser, Bleeding Art Industries Costumes : Mario Davignon, Delphine White Maquillage : Louise Mackintosh Durée : 117 mn
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Jodelle Ferland : Jeliza-Rose
Janet McTeer : Dell
Brendan Fletcher : Dickens
Jennifer Tilly : La reine Gunhilda
Jeff Bridges : Noah
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Tideland
USA / 2006
28.06.2006
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Du roman au film
A l'origine, Tideland est un roman de Mitch Cullin paru en 2000. L'écrivain, grand admirateur de Terry Gilliam, avait envoyé son ouvrage au réalisateur en espérant qu'il accepterait d'écrire un commentaire pour la jaquette. Ce qu'il ignorait, c'est que séduit par le livre, qu'il jugeait «à la fois drôle, touchant et troublant », ce dernier accepterait de figurer sur la couverture (lorsqu'il fut édité en Grande-Bretagne, le roman portait notamment la mention "C’est foutrement brillant !", signée Terry Gilliam…) mais déciderait également d'en faire un film.
Pour transformer le livre en scénario, Terry Gilliam a fait appel au scénariste Tony Grisoni (avec qui il avait collaboré sur Las Vegas parano), qui a tenu à impliquer au maximum Mitch Cullin lui-même. Il a ainsi cherché à savoir ce qui avait pu influencer l'écrivain pendant l'élaboration du roman. "Il était tout simplement impossible d’adapter ce livre sans l'apport de Mitch Cullin, parce que c'est une histoire et un univers qui forment un tout cohérent et vrai. Lorsque je l’ai contacté, je lui ai demandé s’il avait utilisé quelque chose durant l’écriture du livre pour l’aider à se mettre dans l’ambiance. Il m’a parlé de photos de la ferme où il avait vécu et de photos de corps momifiés, et il m’a dit aussi qu’il écoutait « de la musique Tideland »", raconte-t-il.
Fort de tous ces éléments, Tony Grisoni était en mesure de fournir un scénario à la fois fidèle et personnel, avec la bénédiction de l'auteur. "Je me fiais davantage à leur sens esthétique qu’au mien » !, explique ce dernier. « Ce devait être un film de Terry Gilliam, quelque chose qu’il ressente comme une de ses créations pleines et entières. À présent que le film est achevé, je peux à mon tour dire qu’il est ‘foutrement brillant’ lui aussi » ! Le plus grand changement apporté à l'histoire originelle est d'avoir modifié le point de vue de la narration. Dans le livre, l’histoire était racontée à la première personne, par Jeliza-Rose, mais l'équipe ne voulait pas d’une voix off qui materne le spectateur pendant tout le film. Il a donc été décidé de s'en passer.
"nous n'avions toujours pas notre Jeliza-Rose"
Le film, malgré cela, allait reposer presque entièrement sur la fillette de huit ou neuf ans choisie pour incarner Jeliza-Rose. Elle serait de toutes les scènes et porterait toute l'intrigue sur ses épaules. D'où l'inquiétude de Terry Gilliam au moment de trouver la petite fille capable d'endosser une telle responsabilité. Une recherche a donc été menée par les directeurs de casting dans toutes les grandes villes des Etats-Unis, à travers un casting général auquel tout le monde pouvait postuler, actrices professionnelles ou non. Une première sélection de 400 fillettes a ainsi été faite, sans qu'aucune ne trouve grâce aux yeux du réalisateur. « Il fallait une petite fille qui ait vraiment une âme, et j'ai cru pendant un certain temps que l’on ne trouverait pas », se souvient-il. « J’ai même pensé que nous serions obligés de chercher dans les journaux des histoires de familles tuées dans des accidents et dont seule une petite fille aurait survécu, ou bien d’aller chercher dans des orphelinats au Canada...Tout allait bien, nous avions l’argent, mais le temps filait et nous n’avions toujours pas notre Jeliza-Rose.»
Dans l'impasse, la production a alors décidé d’élargir les recherches. Ils reçurent de nouvelles cassettes, dont une en provenance de Vancouver. Le style et l'énergie de la fillette séduisirent immédiatement Terry Gilliam, qui demanda à la voir pour des essais. C'est seulement après l'avoir choisie que le réalisateur a réalisé qu'il s'agissait de Jodelle Ferland et qu'elle avait déjà beaucoup tourné (Deadly little secrets de Fiona MacKenzie, They de Robert Harmon et Rick Bota, Silent hill de Christophe Gans, sans compter de nombreuses apparitions dans des séries comme Dark Angel, Smallville ou Stephen King's Kingdom Hospital…)
Le reste du casting s'est fait plus spontanément, Terry Gilliam ayant tout de suite pensé à
Jeff Bridgespour incarner Noah, le père de la petite fille. Pour imaginer ce personnage, Mitch Cullin s’était inspiré du guitariste Link Wray. Noah a été une rock star, mais ses jours de gloire sont loin derrière lui, il est au bout du rouleau, il se drogue à l ’héroïne. Il fallait pourtant qu'au premier abord, le spectateur éprouve pour lui le même genre d'amour que ce que ressent Jeliza-Rose à son égard. "C’est un junkie, un rocker complètement bousillé, mais à la minute où le public voit Jeff, il éprouve un élan envers lui — cela a toujours été ainsi", explique Terry Gilliam.
Faire ressentir le film
Dernière étape primordiale dans la préparation du film, réussir à recréer à l'écran l'ambiance si particulière du roman. "Nous cherchions un endroit qui puisse ressembler au Texas et donner une impression d’isolement total », raconte Jeremy Thomas, l'un des producteurs. « Nous avons trouvé le lieu idéal dans la Qu’Appelle Valley, à une heure de Regina. Les maisons et les lieux semblaient tout droit sortis du roman, surtout la maison de Dell et le corps de ferme de Noah ». Pour le style visuel du film, Terry Gilliam a montré au directeur de la photographie Nicola Pecorini une toile d'Andrew Wyeth, Le monde de Christina, représentant une femme à terre qui semble ramper vers une ferme au loin. Le livre de Cullin lui avait immédiatement fait penser à ce tableau. En faisant des recherches sur Wyeth, Nicola Pacorini s'est rendu compte que ses œuvres auraient pu être le storyboard du film. "Ce n’était pas qu’une question de couleurs, mais d’atmosphère, explique-t-il.On peut sentir la brise sur sa peau, humer le parfum d’un gâteau... C’était exactement ce que nous voulions pour notre film : que l’on puisse le ressentir…"
Jasna Stefanovic, la chef décoratrice, s'est quant à elle notamment inspirée de Alice au pays des merveilles et de son univers magique. « Nous aurions pu utiliser des effets spéciaux dernière génération comme on en fait à Hollywood, mais Terry n’en voulait pas », déclare-t-elle. « Pour le terrier de lapin dans lequel tombe Jeliza-Rose, il désirait des images simples et naïves, comme imaginées par un enfant. Il m’a dit : ‘Crée un monde d’enfant. Vois le monde avec les yeux d’un enfant’»".
MpM
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