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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : Wes Anderson, Peter Newman, Charles Corwin, Clara Markowics Distribution : Gaumont Columbia Tristar Films Réalisation : Noah Baumbach Scénario : Noah Baumbach Montage : Tim Streeto Photo : Robert D. Yeoman Décors : Anne Ross Son : Rachel Chancey Musique : Randall Poster Costumes : Amy Westcott Durée : 81 mn
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Jeff Daniels : Bernard Berkman
Laura Linney : Joan Berkman
Jesse Eisenberg : Walt Berkman
Owen Kline : Frank Berkman
Halley Feiffer : Sophie
Anna Paquin : Lili
William Baldwin : Ivan
David Benger : Carl
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Les Berkman se séparent (The Squid and the Whale)
USA / 2005
12.07.06
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Une histoire à Prix d’or
Noah Baumbach signe avec Les Berkman se séparent son troisième film en solo, après avoir réalisé Kicking and Screaming, Mr. Jealousy et co-écrit
La Vie aquatique avec Wes Anderson. Il dresse le portrait subtil d’une famille morcelée, en lutte pour se redéfinir. A travers les conflits, les peurs, les émotions de chacun de ses membres, Baumbach a puisé dans sa propre mémoire pour décrire une partie de son enfance à New York, dans le quartier de Brooklyn. Au départ, il était question de deux frères trentenaires qui s’interrogeaient rétrospectivement sur le divorce de ses parents. Mais c’est en assistant à la projection de Le Souffle au cœur de Louis Malle, qu’il réalise qu’une histoire racontée du point de vue d’un enfant était le meilleur moyen pour aller à la source des sentiments et qu’il fallait qu’il relate sa propre vie en remontant à cette époque là. « Cette démarche a marqué un changement significatif pour moi, m’a libérée. En partant d’un point de vue plus naturel et plus réel, je pouvais aller au cœur des émotions et par-là, les raconter plus efficacement », admet-il. Mais il avoue aussi avoir revisité beaucoup d’éléments et réinventé un certain nombre de faits. « La seule chose qui soit vraie, c’est l’émotion », ajoute-t-il. Il était loin de se douter que son film autobiographique serait nommé aux
Oscars 2006 pour le scénario, au
Golden Globes 2006 du meilleur film, à celui du meilleur acteur pour Jeff Daniels et à celui de la meilleure actrice pour
Laura Linney et qu’il remporterait deux prix majeurs au Festival de Sundance 2005 (le Prix Waldo Salt pour le scénario et le prix de la meilleure mise en scène pour un film dramatique).
Un casting (d)étonnant
A travers les personnages, ceux de Jeff Daniels et Laura Linney en particulier, le scénariste-réalisateur explore une époque remarquable, celle des années 80, lorsque le mariage était remis en question par des valeurs en pleine évolution, des désirs personnels et des attentes professionnelles. Mais le plus important pour Baumbach était de trouver les jeunes qui incarneraient les enfants. N’ayant trouvé personne à la hauteur après un vaste casting avec des sessions ouvertes dans des écoles de toute la région métropolitaine de New York, il décide d’écouter sa femme le dirigeant vers le fils d’un couple d’amis. « Elle m’a fait remarqué que c’était un garçon intelligent, créatif, simple et spontané. Et donc lors d’un dîner avec ces amis, j’ai pris mon courage à deux mains pour leur poser la question et… ils ont accepté ! » se réjouit-il. Owen Kline (fils de Kevin Kline et Phoebe Cates) s’est donc vu confié le rôle de Franck, jeune adolescent perturbé et mal dans sa peau.
Pour trouver Walt, le frère aîné, les recherches n’ont pas été faciles car c’est un personnage qui a énormément de nuances. Parmi des milliers de candidats, seul Jesse Eisenberg (récemment vu dans Cursed de Wes Craven), selon Noah Baumbach, a su comprendre Walt, qui parle avec assurance mais qui, le plus souvent, ne sait pas vraiment ce qu’il dit. « J’ai auditionné six ou sept fois pour ce film. C’est intéressant parce que plus vous avancez dans le processus d’audition, pour vous vous sentez simultanément encouragé et découragé : vous avez été approuvé jusque là, mais il est clair que si ça prend du temps, c’est que vous n’y êtes pas encore… », se souvient Jesse. Du talent il en a à revendre. Il a partagé avec Campbell Scott la vedette de Roger Dodger de Dylan Kidd, qui lui a valu le Prix du meilleur jeune acteur au San Diego Festival. Il a tourné dernièrement le film The Fuck Up de Bob Odenkirk (adapté du livre d’Arthur Nersesian), dans lequel il tient le rôle principal.
Pour incarner la mère, Joan, Laura Linney a été la première personne choisie et s’est imposée tout de suite. Elle est restée associée au projet tout le temps des longues négociations pour trouver le financement. Grande dame de théâtre, diplômée de la prestigieuse Juilliard School, elle a joué dans de nombreux projets sur grand écran comme sur les planches, qui lui ont valu bon nombre de récompenses. Elle a été nommée entre autre à l’Oscar pour son portrait de Sammy Prescott dans Tu peux compter sur moi de Kenneth Lonergan, et nommée au BAFTA Award du meilleur second rôle dans Mystic River de Clint Eastwood. Elle a débuté au cinéma avec le premier rôle féminin du film d’action Congo de Frank Marshall, puis a ensuite joué dans Les Pleins pouvoirs avec Clint Eastwood, dans Peur primale aux côtés de Richard Gere. Depuis on l’a vue dans Chez les heureux du monde de Terence Davies, Lorenzo de George Miller, Président d’un jour d’Ivan Reitman, La Prophétie des ombres de Mark Pellington, La Vie de David Gale, Love Actually de Richard Curtis, The Truman Show de Peter Weir ainsi que le poignant et subversif , boudé outre atlantique Kinsey de Bill Condon. Plus récemment, elle a joué dans le thriller psychologique L’Exorcisme d’Emily Rose de Scott Derickson, et dans Jindabyne, sélectionné à la quinzaine des réalisateurs 2006. Elle sera bientôt à l’affiche de Man of the Year de Barry Levinson.
Pour le rôle de Bernard Berkman, ce père narcissique et manipulateur, tout s’est joué lorsque le producteur Peter Newman a reçu un appel de Wayne Wang (réalisateur de Coup de foudre à Manhattan et de Smoke). Il débordait d’enthousiasme à propos de Jeff Daniels, qu’il venait de diriger dans Wynn Dixie, mon meilleur ami. Noah a rencontré Jeff et tout s’est enclenché. « C’est un acteur simple, authentique, qui peut être merveilleusement drôle. Il semble toujours faire peu d’efforts dans son travail comme Spencer Tracy. Jouer ne paraît jamais difficile pour lui », révèle Baumbach. Il fait ses débuts en 1981 dans Ragtime de
Milos Forman et a obtenu son premier rôle dans Tendres passions aux côtés de Debra Winger. Il s’est depuis illustré dans une grande variété de rôles dans des films tels que La Rose pourpre du Caire et Radio Days de Woody Allen (qui fut le premier à reconnaître son talent comique), Arachnophobie de Frank Marshall, Gettysburg de Ronald F.Maxwell, Speed de Jan De Bont, Dumb and Dumber de Peter Farrelly, L’Envolée sauvage de Caroll Ballard et les 101 Dalmatiens en vrai de Stephen Herek. Plus récemment, il été l’interprète de Créance de sang de Clint Eastwood, The Hours de Stephen Frears, Good Night, Good Luck de George Clooney et Infamous de Douglas MacGrath. Il a tourné depuis RV de Barry Sonnenfeld.
Le 1980s Show
Noah Baumbach a placé son histoire au beau milieu de son enfance, c’est-à-dire dans les années 80. Il fallait donc recréer l’ambiance, les décors, les costumes et la musique. Pour le tournage, il est tout d’abord revenu sur un sol familier, lui le petit gamin du quartier de Park Slope à Brooklyn, où il a grandi. « Le film tire son titre [The Squid and the Whale en VO] du diaporama du Muséum d’Histoire naturelle (un calmar attaquant une baleine à la gueule). Il me fascinait lorsque j’étais enfant. Il m’attirait et me terrifiait en même temps. J’adorais me torturer en m’en rapprochant », se souvient Baumbach. Un muséum difficile d’accès pour les tournages mais qui avait déjà servi pour Spider Man 2. Plusieurs scènes ont également été tournées au Midwood High School, où Baumbach a fait ses études. Il est aussi drôle de voir que même les amis proches du réalisateur ont mis la main à la tâche : « La maison dans laquelle nous avons tourné appartient à mon ami d’enfance Ben. Avec générosité, il m’a laissé transformer sa maison en allant s’installer ailleurs pendant le tournage. Filmer dans des endroits qui avaient un sens pour moi m’a aidé à me sentir encore lus proche de l’histoire, sur un plan viscéral et créatif », explique-t-il. Et pour encore plus d’introspection et d’authenticité, Jeff Daniels portait les vêtements du père de Noah Baumbach, non pas parce qu’il avait envie de le recréer mais pour qu’il « s’implique davantage ». De toute façon « Jeff a habité si intensément Bernard que j’ai commencé à ressentir une sorte de transfert psychologique et à le regarder à la manière dont Walt regarde Bernard. C’était vraiment étrange… », dit-il d’un air circonspect.
Côté images, le réalisateur a préféré tourner en super 16 plutôt qu’en caméra numérique pour donner au film une touche 80s authentique. Le grain de l’image rappelle les films des
frères Coen , de
Jim Jarmusch et de Spike Lee à leurs débuts. « J’aime la sensation qu’on regarde un film plus ancien ». Caméra à l’épaule, tout en gardant une stabilité visuelle, une façon à lui de s’approcher d’un style documentaire. Il s’est inspiré des films des années 70 (Maysles, Pennebaker et Wiseman) pour travailler sur le montage et la façon de filmer. Mais c’est surtout à la Nouvelle Vague qu’il fait référence parce qu’il aime capter les images dans la vie, la rue. « Je voulais que mon film donne cette impression. Nous avons volé des plans pour capter une véritable atmosphère comme pour les scènes dans le métro : nous sommes juste descendus y filmer sans demander aucune autorisation », nous confie-t il.
Tourné en 23 jours à l’aide de ses étudiants de l’école Vassar (le budget était serré !), le film est complété par une ambiance musicale composée par Pink Floyd, un groupe dont Noah Baumbah était un grand fan enfant. Walt écoute Hey You, une chanson qui joue un rôle majeure. « C’est une chanson qui éveille beaucoup de choses chez beaucoup de gens. J’ai eu le sentiment qu’elle avait été écrite pour le film ».
Confidences du réalisateur : « Le film ne vous lâche jamais, et à la fin cela vous laisse l’impression d’être en apesanteur, dans le temps… Je voulais juste que les gens n’aient pas le temps entre deux émotions». (extrait de sa note d’intention)
Marie
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