|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
Production : Peggy Chiao, Yang Buting, Li Lingmin Distribution : Pyramide Réalisation : Hsu Hsiao-Ming Scénario : Huang Chih-Hsian Montage : Liao Ching-Song Photo : John Han Son : Tu Duu-Chih Musique : May Day Durée : 105 mn
|
|
Chen Bo-lin : Alei
Liu Yifei : Xuan
Tien Feng : Zhao
Lu Der-Ming : Xinzhong
|
|
|
|
|
|
Love of May (Wu yue zhi lian)
Taïwan / 2004
02.08.06
|
|
|
|
|
|
Jamais trois sans quatre !
Love of May est le quatrième volet de la collection de longs-métrages Contes de la Chine moderne, initiés par la productrice Peggy Chiao, ancienne journaliste critique et ambassadrice du cinéma taïwanais. Il fait donc suite à Beijing Bicycle de Wang Xiaoshuai, dans lequel le vol d’un vélo va susciter un suspense intense, Betelnut Beauty de Lin Cheng-sheng, où une vendeuse de noix de Betel s’associe à un gang pour mieux gagner sa vie, et Blue Gate Crossing de Yee Chin-yen, dressant le portrait d’une adolescente à la recherche d’elle-même mais enfermée dans un trio amoureux.
Hsu Hsiao-ming, un maître du 7ème art asiatique
Né à Kaohsiung (Taiwan), en 1955, c’est à 20 ans qu’il décide de devenir réalisateur. Il fait ses débuts en tant que stagiaire dans un studio de cinéma et étudie la production, la mise en scène et l’écriture de scénario au World College de Taipei. Il est ensuite engagé comme second assistant réalisateur par Lee Hsing, et devient par la suite l’adjoint de deux des plus célèbres cinéastes de Taïwan, Chang Pei-cheng et Hou Hsiao-hsien. Il s’éclipse pendant deux ans du monde du cinéma et revient pour réaliser un long métrage en 1992, Dust of Angles, produit par Hou Hsiao-hsien et présenter à la Quinzaine des réalisateurs. Il tourne ensuite Heartbreak Island et devient le producteur de Blue Gate Crossing, Betelnut Beauty et le co-scénariste de Beijing Bicycle aux côtés de Wang Xiaoshuai.
Du Kung Fu à une œuvre romantique
Avec une carrière s’étendant sur une grande partie des années 60 jusqu’aux années 90, Tien Feng a œuvré dans un grand nombre de films, jouant la plupart du temps le méchant de service. Pourtant, dans un genre de rôle souvent caricatural, il a su apporter une certaine profondeur, rendant ses personnages souvent mémorables et parfaitement humains. Il a ainsi laissé une emprunte marquante sur le cinéma de Hong Kong, notamment pour ses prestations dans certains des meilleurs films d’action, tournés par les studios de l’époque (Temple Of The Red Lotus, The Twin Swords, One Armed Swordsman, The Assassin, Return Of The One-Armed Swordsman).
En outre, on le retrouve également dans le rôle titre de The Fate of Lee Khan réalisé en 1973 par le grand King Hu. Dès les années 70, il sera beaucoup utilisé dans les films de Kung Fu, tournant même avec son ambassadeur le plus illustre, Bruce Lee (Fist Of Fury). A partir de 1982, Tien Feng se fera plus discret, mais parviendra néanmoins à obtenir de petits rôles dans certaines productions d’envergure (A Better Tomorrow, Miracles : Mr Canton and Lady Rose, God of Gamblers III et Green Snake).
La nouvelle vague du cinéma taïwanais
Love of May fait partie de la nouvelle vague du cinéma taïwanais, où la jeunesse est la star du film sur un fond d’examen de la société en mutation (urbanisation, lutte contre la pauvreté, conflits avec les autorités…). Dans les années 80, La Cité des douleurs de Hou Hsiao-Hsien (ou Hou Xiaoxian) traite de l’opposition entre les Taïwanais locaux et le gouvernement nationaliste chinois après la fin de l’occupation japonaise. Dans un autre genre, Taipei Story et A Confucian Confusion d’Edward Yang (ou Yang Dechang) explorent la confusion entre les valeurs traditionnelles et le matérialisme moderne de la jeunesse urbaine. Ces deux réalisateurs sont considérés comme les chefs de file de cette nouvelle vague, utilisant un style très personnel proche du documentaire (une influence des cinéastes néo-réalistes italiens sans doute) et une narration souvent linéaire. Le premier s’inspire de sa propre pour faire des portraits de la vie rurale à Taïwan et est notamment récompensé par un Lion d’Or au Festival de Venise pour La Cité des douleurs. Le second porte attention aux hommes, l’adolescence, l’émergence de la classe moyenne ; il fait de l’aliénation de la vie urbaine son thème de prédilection et s’attarde sur l’occidentalisation, l’influence japonaise et les changements sociaux..
Le nouveau cinéma répond à une attente du public qui a alors un regain de conscience de son appartenance à une culture locale. Plus que jamais focalisé sur la vie quotidienne des Taïwanais, les films inclus des langues telles que le taïwanais et le hakka sont ajoutés au mandarin chinois, langue officiel de Taïwan. Certains vont même jusqu’à utiliser des dialectes taïwanais pour donner plus de réalisme à la vie ordinaire. Hou Hsiao-Hsien est le plus représentatif de cette tendance à la pluralité avec A Time to Live et A Time to Die. Edward Yang s’est aussi penché sur la question avec deux de ses films : Mahjong et Yi Yi. L’autre orientation thématique du nouveau cinéma est l'emploi de références directes aux tabous sociaux et politiques. La Cité des douleurs, Banana Paradise et Gangs of Three touchent à la controverse politique, qui est considérée comme très sensible et même interdite dans le débat public avant 1987.
La seconde vague du nouveau cinéma voit le jour avec des cinéastes tels que Ang Lee, Tsai Ming Liang puis Stan Yin, Yee Chih Yen, Wang Shaudi ou encore Lin Chengsheng. C’est avec eux que le cinéma taïwanais prend un nouvel essor grâce à leurs explorations néoréalistes de l’identité taïwanaise. Mais leur vision de la société taïwanaise est pour le moins pessimiste, car elle est prise dans un étau entre l’Orient et l’Occident. Un pessimisme qui atteint aussi le futur de l’île, entre volonté d’indépendance et menaces perpétuelle du continent. Il faut bien le reconnaître, le nouveau cinéma ne produit pas de films en quantité suffisante pour rivaliser avec la production du concurrent de Hong Kong. Mais il a encore des choses à raconter et n’est pas prêt de se laisser mourir.
Marie
|
|
|