Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Love of May (Wu yue zhi lian)


Taïwan / 2004

02.08.06
 








CONTE DES VILLES, CONTE DES CHAMPS


« Nous ne serons réunis qu'en rêve, à présent »


Love of May reste fidèle à la nouvelle vague du cinéma taïwanais. Dans un style très réaliste, le réalisateur Hsu Hsiao-ming fait le portrait de deux adolescents à la découverte de nouveaux sentiments, dans un environnement à la fois urbain et rural, donnant une vision authentique d'une Chine en pleine mutation. Alei et Xuan évoluent dans deux univers différents, voire parallèles, mais qui finissent par se rejoindre. L’un vissé à son portable et son ordinateur à longueur de journée dans une mégalopole grouillante et en perpétuel mouvement, tandis que l’autre danse des ballets dans la tradition la plus pure, aux confins de la Chine continentale. Le réalisateur joue de ce contraste facile, mais naturel, en esthétisant chaque nouveau décor. Il donne le vertige avec de vastes espaces naturels lorsque ses acteurs marchent sur la plus haute voie ferrée du monde ou qu’ils courent dans de vastes champs, fait briller de tous leurs éclats les costumes bigarrés des danses traditionnelles lors des spectacles auxquels participent Xuan et installe tout un contexte poétique autour de ce jardin, où les « flocons de mai », ces fleurs blanches tombant des arbres comme de la neige. C’est dans cette ambiance si asiatique que ces jeunes gens se retrouveront au-delà des nouvelles technologies.
Le cinéaste a préféré garder une certaine lenteur narrative pour donner à l’histoire un rythme réaliste, le temps d’installer en profondeur la relation entre les protagonistes. Une lenteur qui peut paraître superficielle et vaine pour certains mais qui aura le don de plonger le spectateur dans une climat léger aux effluves de barbapapa, doux et agréable, se prêtant aux émois naissants des deux tourtereaux. A cette atmosphère se conjugue un amour tout en retenue, loin des frasques sentimentales des films hollywoodiens. Hsu Hsiao-ming capte les infinitésimales expressions des visages, le langage des corps, des regards et des sourires de cette relation débutante avec une pudeur toute asiatique. Cette rencontre amoureuse a quelque chose de suranné - hors du temps? - tellement ces adolescents sont timides, leurs gestes contenus et leurs paroles réfléchies. Les dialogues succins et parfois surprenant accompagnent des situations parfois irréelles. Le jeu des jeunes acteurs en est renforcé car toutes leurs émotions transparaissent à travers leurs mimiques, leurs coups de sang et leur sourire, et leurs conversations deviennent quasiment redondantes.
Elle, sous ses airs de jeune fille fragile et belle comme un bouton de rose, est une femme de caractère, parvenant toujours à ses fins avec une dose de folie et de culot. Lui, est un doux rêveur, qui ne vit qu’à travers la réussite de son frère jusqu’au jour où il rencontre celle qui fera chavirer son cœur. L’une est une actrice débutante et l’autre est une star montante du cinéma asiatique. Un couple à l’écran qui fonctionne parfaitement, faisant quelquees étincelles dans nos cœurs de midinette.
Malgré tout, le scénario ne fait pas glisser le spectateur dans une torpeur sirupeuse interminable. Hsu Hsiao-ming ne raconte pas seulement une amourette puérilee brodée de rose et de paillettes. Il pose des énigmes, brouille les pistes et ne donne des indices qu’avec parcimonie sur le but réel du voyage de la jeune fille à Taïwan. A l’aide d’un montage constitué de flash-back et de scènes parallèles, il distille les éléments de compréhension comme dans un jeu de piste, remontant le temps jusqu’aux aïeux de la jeune fille. Et la poésie reprend toute sa place lorsque le spectateur apprend le lien entre les « flocons de mai » et ce grand père qu’elle n’a jamais connue.
Doit-on réellement voir dans cette histoire d’amour un rapprochement fatidique entre l’île de Taïwan et la puissante Chine? Une métaphore trop facile et ficelée sans finesse (à l'instar de ce dialogue où est évoqué la différence d’accent). Les plus romantiques d’entre nous s’attacheront naïvement à cette idylle sur le point d’éclore et à la mise en scène (un peu convenue) visuellement séduisante. Un vrai bonbon, à déballer avec précaution.

 
Marie

 
 
 
 

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