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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : Columbia Pictures, Sony Pictures Classics Distribution : Gaumont/Columbia Tristar Films Réalisation : Mike Mills Scénario : Mike Mills, d'après le roman Pouce de Walter Kirn Montage : Haines Hall, Angus Wall Photo : Joaquín Baca-Asay Décors : Judy Becker Son : Kent Sparling Musique : Tim DeLaughter Effets spéciaux : Buzz Image Group, Pacific Title Maquillage : Jorjee Douglass Directeur artistique : Walter Cahall Durée : 96 mn
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Lou Pucci : Justin Cobb
Tilda Swinton : Audrey Cobb
Vincent D Onofrio : Mike Cobb
Keanu Reeves : Perry Lyman
Benjamin Bratt : Matt Schramm
Kelli Garner : Rebecca
Vince Vaughn : Mr. Geary
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Age difficile obscur (Thumbsucker)
USA / 2005
06.09.06
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C’est le producteur Bob Stephenson qui, le premier, a fait découvrir à Mike Mills (scénariste et réalisateur issu du vidéo clip) le roman de Walter Kirn, "Pouce" : « J’en étais à la page 65 lorsque j’ai décidé d’acheter les droits. Ensuite j’ai dit à Mike qu’il devait le lire.»
Sur le plateau, Mike Millis a laissé libre cours à la créativité des acteurs et actrices pour construire leurs personnages. Il a encouragé l’improvisation tant durant les répétitions que le tournage. La liberté de l’interprétation est contrebalancée par les spécificités techniques imposées par l’utilisation d’objectifs anamorphiques. Côté équipe technique, Mills a fait appel aux techniciens avec qui il travaille habituellement dans la publicité et la vidéo. Beaucoup d’entre eux n’avaient, comme Mills, aucune expérience du cinéma de long métrage.
Pour un premier film, le casting est impressionnant : Keanu Reeves (Matrix, Dracula, L’associé du Diable), Tilda Swinton (Broken Flowers, Le monde de Narnia), Vincent D’Onofrio (Full Metal Jacket, Ed Wood), Benjamin Bratt (Demolition Man, Traffic) et Vince Vaughn (Le monde perdu, Zoolander)… Mais Mike Mills souligne que la plus belle réussite du film est peut-être la découverte de Lou Taylor Pucci (Southland Tales, Fast Food Nation), le jeune acteur qui interprète Justin Cobb. Mike Mills explique : « Lou est notre plus beau coup de chance. J’ai vu plus d’une centaine de jeunes acteurs avant qu’il n’arrive. Il joue au théâtre depuis longtemps, mais il n’a rien de commun avec ces jeunes acteurs de Los Angeles. Il ne se sent pas comme eux. Lui, il était nerveux, anxieux, toutes choses qui le faisaient ressembler encore davantage au personnage. »
Tida Swinton s’est impliquée dans le projet bien davantage que comme comédienne. « Elle a joué un rôle crucial dans la création globale du film, confie le producteur Anthony Bregman. Tilda a soutenu ce projet plus d’un an et demi avant que nous ne passions à la phase de production proprement dite, elle a appelé ses amis pour voir qui pourrait nous rejoindre, et elle a apporté une crédibilité au projet. »
Scarlett Johansson était originalement prévu pour jouer le rôle de Rebecca Crane, mais elle a du partir avant le tournage et Kelli Garner (Aviator, "Buffy contre les vampires") la remplaça. Cette dernière a déjà tourné sous la direction de Mike Mills dans ses clips et son court métrage, "The Architecture of Reassurance". Le réalisateur et l’actrice ont beaucoup travaillé sur l’histoire personnelle de Rebecca et ont décidé d’en faire une environnementaliste. « Mike m’a demandé de m’inscrire au Sierra Club. Il m’a fait faire des recherches. Il m’a demandé d’appeler le producteur Antony Bregman et de lui parler de la pêche en haute mer, des dangers de la surpêche, et il a fallu que j’arrive à le convaincre d’aider la cause environnementale, de s’inscrire lui aussi au Sierra Club et de faire un don ! »
Le romancier Walter Kirn s’explique sur la localisation de son histoire : « Les banlieues sont soumises aux apparences. Elles sont dominées par une seule règle : il faut faire bonne figure devant le patron, l’église, les voisins. Et cependant, les gens souffrent et sont dévorés d’anxiété comme partout ailleurs. C’est ce désaccord entre la surface et l’intérieur qui fait de ces endroits des lieux à la fois intéressants et redoutables. »
Mike Mills a trouvé sa jungle banlieusarde dans l’Oregon. « Les banlieues de là-bas m’intéressaient particulièrement parce qu’elles sont très récentes, explique t-il. Nous avons tourné dans les tout derniers quartiers construits, on peut voir la forêt qui les borde. »
Walter Kirn observe : « Des tensions palpitent dans la banlieue de ce film, et dans toute l’Amérique. Les gens veulent deux choses : vivre en sécurité, et en même temps être passionnés. Il existe un vrai conflit dans les banlieues parce que la passion a des limites : on n’écoute pas de musique trop fort, on n’embrasse pas de fille en public, on ne doit pas être vu avec une femme qui n’est pas la sienne… Impossible d’étouffer ces désirs humains sans voir l’énergie surgir ailleurs ! Dans le film comme dans le livre, Justin souffre de ce que les psychiatres appellent un Trouble du Déficit de l’Attention (TDA), ce qui signifie qu’il est incapable de se concentrer sur quoi que ce soit. C’est à mon avis ce dont souffre notre société actuelle. Vous n’avez pas fini une chose que vous êtes déjà en train de penser à la suivante, vous n’avez pas encore rencontré une personne que vous cherchez déjà ses défauts et la comparez à une autre… Nous nous "essayons" constamment nous-mêmes, et c’est ce que fait Justin dans ce film. » Keanu Reeves, qui joue l’orthodontiste Perry Lyman, voit son personnage de la même façon: « Perry Lyman est lui-même un peu perdu. Il a trois formes. Dans la première, il est une figure "new age". Dans la seconde, il fonde tout sur les apparences. Dans la troisième, il laisse tout aller… Et il rencontre Justin à chacune de ces trois phases, ils suivent donc une sorte de trajectoire parallèle. »
Lorsqu’il parle des racines thématiques de son film, le scénariste et réalisateur Mike Mills évoque comme source d’inspiration les peintures d’Andrew Wyeth, la musique d’Elliott Smith et de Neil Young, les films de Hal Ashby. « En voyant les films de Hal Ahsby, confie-t-il, j’ai toujours eu l’impression qu’il me tapait sur l’épaule et me disait que c’était normal de ne pas être parfait, d’être un peu bizarre, de ne pas être ce qu’on est supposé être. En un sens, Age difficile obscur est une tentative de traduire cela pour un nouveau public, une nouvelle époque culturelle. » La fin du film est une invention de Mike Mills, mais elle reste en droite ligne avec la vision créative de l’auteur du livre.
Le film a remporté deux prix d’interprétation, adressés à Lou Pucci: l’un au festival du film de Sundance, l’autre au festival international du film de Berlin.
Sorti le 16 septembre 2005 aux Etats-Unis, Thumbsucker atteint la somme de 1,8 million de $, dont 1,3 million aux USA. Le film rapporte 85 000 $ sur son premier week end, pour un budget estimé à 4 millions. Pour l’instant, on est loin du compte, il faudra donc compter sur l’étranger et un marketing soigneusement étudié pour atteindre le résultat escompté. ninteen
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