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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : Ciné Nominé, Alter Films, Thelma Films, France 2 Cinéma Distribution : Pan Européenne Distribution Réalisation : Lionel Delplanque Scénario : Lionel Delplanque, Raphaël Meltz Montage : Véronique Lange Photo : Vincent Mathias Décors : Jacques Rouxel Son : Lucien Balibar, Aymeric Dévoldère, Cyril Holtz Musique : Frédéric Talgorn Costumes : Edith Bréhat, Eric Perron Maquillage : Valerie Thery-Hamel Durée : 97 mn
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Albert Dupontel : Le Président
Jérémie Renier : Mathieu
Claude Rich : Saint-Guillaume
Mélanie Doutey : Nahema
Jackie Berroyer : Nicolas
Claire Nebout : Mathilde
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Président
France / 2006
20.09.06
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Lionel Delplanque (scénariste et réalisateur), sur la création de son film.
« Le monde politique est un sujet qui me passionne depuis toujours. Enfant, je passais mon temps à lire des livres sur les rois, les empereurs… et les présidents. La page 2 du "Canard Enchaîné" est très tôt devenue un rendez-vous hebdomadaire. Après le bac, j’ai préparé Sciences Po, mais à force de voir des films tous les jours, j’ai finalement décidé de me tourner vers le cinéma. La politique et le cinéma ne sont d’ailleurs pas si éloignés. Ils ont chacun à voir avec le rêve, sauf que la politique se heurte immanquablement à l’impératif de réalité. »
Le réalisateur, sur le rôle du Président.
« Nous voulions un président jeune, qui s’illustre dans la veine des leaders d’aujourd’hui, tels Tony Blair, José Luis Zapatero, Bill Clinton ou même Hugo Chavez. On le voulait à la fois séduisant et repoussant, cynique et héroïque, en aucun cas manichéen. Même s’il n’est pas dénué de culpabilité, son combat pour l’Afrique est totalement sincère, puisqu’il n’est pas électoralement porteur. J’avais aussi envie de commencer le film en pleine "francafrique", dont les ambiguïtés sont constitutives de l’histoire de la Vème République. Ce Président emprunte d’ailleurs à tous les présidents de la Vème, excepté Georges Pompidou, sur lequel on a peu d’écrits, même si on évoque à un moment un traitement à la cortisone. Le discours "Un continent humilié, un continent martyrisé, etc." s’inspire évidemment de la fameuse tirade de De Gaulle à la Libération. "Vous n’êtes pas le meilleur, vous êtes les seul", était l’un des leitmotivs de Giscard qui le répétait à tous les jeunes loups de son entourage. Et puis il y a également les anglicismes qui rebutent le Président : il ne supporte pas que l’on dise "marshmallow" comme Mitterrand ne supportait que l’on dise "OK". Albert a besoin d’être "alimenté". Entre notre première rencontre au début de l’été 2004, et le tournage durant l’été 2005, je n’ai cessé de lui envoyer des livres, des coupures de journaux, des documentaires qu’il dévorait littéralement. Par exemple "Mitterrand, le Roman du pouvoir" de Patrick Rotman, avec cette interview de la RTBF sur les écoutes de l’Elysée, où Mitterrand interrompt soudain l’entretien. Albert m’appelait après chaque envoi, pour qu’on en parle, qu’on développe… C’est quelqu’un qui travaille énormément.»
Delplanque, sur les thèmes de Président.
« Ce n’est pas un film sur la politique, mais sur le pouvoir. J’avais envie de filmer les sensations physiques du pouvoir, entre surexcitation et état d’apesanteur. La phobie de la lumière est liée à deux enjeux, visuel et symbolique. Un début très lumineux en Afrique jusqu’à l’exposition qui entache le Président. La lumière, c’est sa jeunesse enfuie. Et le pouvoir, sa part d’ombre. La phobie ophtalmique du Président permettait également de plonger le film dans une ambiance de clair-obscur. J’aime les mondes réinventés à partir du réel, et donc fortement stylisés. Le bureau du Président a été reconstitué au château de Voisin pour les intérieurs et, pour les extérieurs, au château de Champs sur Marne – dessiné par le même architecte que celui de l’Elysée. Je voulais un très grand bureau avec une déco entre celle de Chirac (avec les références africaines et les éléments arts premiers) et celle de Mitterrand (conçue par un designer contemporain). Le problème des meubles design, c’est qu’ils peuvent très vite être datés. C’est pourquoi on a décidé, pour le bureau du Président, d’aller vers des formes génériques. »
« Après un premier film de genre (Promenons-nous dans les bois), où les personnages faisaient partie des codes, je voulais donner la part belle aux acteurs. Parmi eux : Albert Dupontel (Bernie, Le Convoyeur, Irréversible), Claude Rich (Les tontons flingueurs, Astérix et Obélix : mission Cléopâtre), Jérémie Renier (Le pacte des loups, Dikkenek), Mélanie Doutey (Narco, La fleur du mal), et Jackie Berroyer (Le péril jeune, Calvaire). Pendant le tournage, j’ai travaillé avec eux en direct, dans leur regard, et jamais à travers un moniteur vidéo. En ce qui concerne Claude Rich, on a écrit le rôle en pensant à lui. Il m’avait dit non à un court métrage, et à mon premier long métrage, toujours avec beaucoup d’élégance et de gentillesse, et pour ce film, il m’a dit oui immédiatement. »
Claude Rich, sur sa participation au film.
« Plus jeune, je me méfiais des auteurs qui disaient écrire pour moi – cela signifiait, en règle générale, qu’ils écrivaient un personnage que j’avais déjà joué. C’était restrictif. Des personnages comme Saint-Guillaume, j’en ai déjà fait. Mais celui là est réjouissant, plein d’humour. »
Albert Dupontel, sur sa vision de la politique.
« Les hommes de pouvoir sont par définition des acteurs. Limités dans le registre certes, mais des acteurs quand même. On en a eu des bons : De Gaulle, Mitterrand… Le problème de ces "acteurs", c’est qu’ils doivent commencer très tôt à se mentir à eux-mêmes, ce qui n’est pas le cas d’un artiste accompli qui gardera toujours le recul sur son travail. J’ai découvert, avec effroi, à la lecture du script et en parlant avec Lionel… qu’il y avait un président en moi ! J’ai eu du mal, par moments, avec cette terrible cohabitation. Mais Lionel m’a aidé à assumer cette déviance. A la fin du film, j’étais guéri. Je ne me représenterais plus. Promis. » ninteen
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