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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Fox
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Production : Fox 2000 pictures, Dune entertainment, Major studio Distribution : 20th Century Fox Réalisation : David Frankel Scénario : Aline Brosh McKenna, d'après le roman de Lauren Weisberger Montage : Mark Livolsi Photo : Florian Ballhaus, Roger Simonsz Décors : Jess Gonchor Musique : Theodora Shapiro Directeur artistique : Tom Warren Durée : 110 mn
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Meryl Streep : Miranda Priestly
Anne Hathaway : Andy Sachs
Emily Blunt : Emily
Stanley Tucci : Nigel
Adrian Grenier : Nate
Tracie Thoms : Lilly
Rich Sommer : Doug
Simon Baker : Christian Thompson
Daniel Sunjata : James Holt
Stephanie Szostak : Jaqueline Follet
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Le Diable s'habille en Prada (The Devil Wears Prada)
USA / 2006
27.09.2006
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D'abord un best-seller. "Le Diable s'habille en Prada", expérience vécue mais revue à l'acide humoristique, est un livre qui caracole encore dans les meilleures ventes de poche dans le monde entier. Et ce, alors qu'aucun des magazines du groupe Condé Nast (propriétaire de Vogue) n'ait parlé du livre... Lauren Weisberger a eu le temps d'écrire un second roman, rose et noir : People or not people. Le succès est là encore au rendez-vous.
Le Diable existe-t-il? Oui. Elle s'appelle, dans la vraie vie (quoique), Anna Wintour. Elle est Rédactrice en chef de Vogue. Elle a créé des talents comme Tom Ford. Son avis dicte les tendances de la mode. Et s'habille réellement en Prada. En revanche l'antre du Diable, la rédaction de Vogue n'a pas grand chose à voir avec celle du film (ici le magazine s'appelle Runway), plus "superficielle" que dans le réel.
Satirique, le ton du film, comme du livre, se moque justement de ces péchés capitaux : l'envie, le luxe, cette tyrannie du glamour... C'est une histoire de pouvoir.
Le scénario a, cependant, été modifié si l'on compare à la version littéraire. Le judaïsme, le snobbisme, tout l'itinéraire de la jeune fille (en Inde notamment), l'alcoolisme d'un personnage et de nombreux seconds rôles ont été évacués. En revanche, on a humanisé ce Diable. "Miranda navigue entre une savoureuse méchanceté et une authentique tristesse. Un des fantastiques talents de Meryl est de savoir mêler la comédie et le drame, et ce rôle demandait à la fois sa classe, son humanité et son humour remarquablement féroce" explique le réalisateur David Frankel. Par ailleurs, le milieu de la mode et des médias s'efface au profit d'un conte de sorcière (à opposer aux contes de fée) où une jeune fille doit trouver sa voie sans trop perdre sa personnalité. D'un point de vue plus général, le film a lissé la hargne du livre, où Andy lançait un tonitruant "Fuck You Miranda!" pour plaquer sa chef.
Tourné essentiellement à New York, et partiellement à Paris, avec l'inusable Plaza Athénée comme QG (dans le livre, c'est le Ritz), Frankel, réalisateur de plusieurs épisodes de Sex and the City, retrouve ainsi les habitudes de la série TV. Sex and the City finissait à Paris et au Plaza... Les deux métropoles du glamour. Du décor aux costumes, l'apparence avait autant d'importance que le reste. On peut le regretter tant l'histoire est trop sage comparé au livre. Le film insiste sur la dialectique entre "l'appartement tout simple d'Andy et l'univers fabuleux mais traître de Miranda."
Mais le véritable enjeu c'est évidemment la mode. "A notre époque, la mode est devenue un sujet d'intérêt universel. Les nouvelles collections de Paris sont sur Internet quelques heures après qu'elles ont été dévoilées, elles sont copiées puis diffusées dans le monde entier. (...) Il est intéressant de porter un regard sur l'intérieur réel de ce monde, de voir que c'est un business, de réaliser vraiment où il y a du fun et où le fun s'arrête" explique la productrice Wendy Finerman. On invite donc Valentino (qui a fait l'une des robes de Meryl Streep) et Heidi Klum a faire un petit tour devant la caméra. On parle de Karl (Lagerfeld), Jean Paul (Gaultier), on montre des foulards Hermès et des sacs Chanel. La costumière, Patricia Field s'était fait connaître pour son travail dans la série référence : "Sex and the City" (again). Le générique est une longue liste de remerciements : Calvin Klein, DKNY, Dries Van Noten, Hermès, Prada, Azzato, Vivienne Westwood, ... Field explique dans une interview : "J'ai énormément emprunté. J'avais un bon budget, mais rien de comparable avec ce dont j'aurais eu besoin. Je disposais de moins de 100 000 dollars, juste assez pour deux manteaux de fourrure, et j'en avais besoin de vingt..."
En revanche la coiffure de Miranda était l'idée de Meryl Streep. Qui n'aura perdu que 4 kilos pour le rôle. L'actrice, considérée comme la plus grande comédienne américaine de ces 30 dernières années, s'offre un come back populaire, loin des drames qui l'ont révélée. Plus tôt dans l'année elle jouait la psy de Uma Thurman, plus tard on la verra chanter dans un film de Robert Altman. Anne Hathaway était l'épouse de Jake Gyllenhaal dans Le secret de Brokeback Mountain et sera Jane Austen dans Becoming Jane. Il y a pire parcours. On croise aussi Stanley Tucci en complice gay (Les sentiers de Perdition, Le Terminal), Emily Blunt en assistante rivale (My summer of love), Simon Baker en bellâtre (The Ring 2, Land of the Dead), Adrian Grenier (Cecil B. Demented)... Ce dernier était surtout la vedette d'Entourage, série créée et réalisée par... David Frankel.
Pour tout le monde, le film a eu une vertu angélique : un succès au box office. Un budget maîtrisé (35 millions de $) et 125 millions de $ récoltés dans les salles nord-américaines, en faisant l'un des dix triomphes de l'été; Meryl Streep battant même Jennifer Aniston, Jack Black ou encore Owen Wilson dans leur registre, la comédie. Le film envahit la France avec 450 copies, après un blitz médiatique à Deauville. Ce Da Prada Code va profiter des Fashion weeks européennes... vincy
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