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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : Strike Enetratinament, Hit & Run productions, Universal pictures
Distribution : UIP
Réalisation : Alfonso Cuaron
Scénario : Alfonso Cuaron, Timothy J. Sexton, d'après le roman de P.D. James
Montage : Alex Rodriguez
Photo : Emmanuel Lubezki
Décors : Geoffrey Kirkland
Musique : John Tavener
Durée : 110 mn
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Les fils de l'homme (Children of Men)
USA / 2006
18.10.2006
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Phylllis Dorothy James, alias P.D. James. Oxfordienne de 86 ans. Ecrivaine, spécialisée en polar et même, chose plus rare, en SF. Lorsqu'elle écrit A visage couvert en 961, elle élève ses enfants, soigne son mari (entre leur maison et l'hôpital psychiatrique), les cours du soir pour être un peu plus qu'employée de bureau. Elle envoie le manuscrit en signant P.D. James pour cacher son sexe. Le succès est immédiat. A Visage couvert ouvre la saga Adam Dalgliesh et devient l'une des auteures les plus vendues du roman policier. Dalgliesh vient même de revenir dans une nouvelle aventure, Le Phare. Cordélia Gray aura eu moins de succès. Mais pour ne pas être prisonnière de son personnage, elle écrit aussi d'autres formes d'histoire : psychologique (La meurtrière), historique (Les meurtres de la Tamise) et science-fiction, avec Les fils de l'homme, en 1993.
Dès l'année suivante, la société de production Hit and Run prend une option sur le roman. Il faudra dix ans pour que la production du film débute réellement. Le réalisateur mexicain Alfonso Cuaron sort de l'aventure Harry Potter (et le Prisonnier d'Azkaban) quand il s'immerge lentement dans ce projet / serpent de mer. Mais peu passionné d'high-tech, il décide avec son collaborateur Timothy J. Sexton de noircir et condenser le récit. "Evoquer le proche avenir était une excellente occasion de parler du présent", explique le cinéaste. Il poursuit son raisonnement : "Big Brother était une invention du siècle dernier. Aujourd'hui, la tyrannie a un visage bien différent : on l'appelle démocratie! J'ai pensé que ce concept méritait d'être exploré." Le travail d'écriture va ainsi les mener à une double problématique : les vastes mouvements migratoires de la planète et l'effet boomerang de la colonisation. S'ensuivent : le terrorisme, les pandémies, les changements climatiques. Un "No Future" crédible. "Nous avons élaboré une chronologie personnelle pouvant aboutir à cette vision de Londres en 2027, et nous nous sommes aperçus que certains événements décrits dans notre scénario étaient déjà amorcés."
Durant deux ans la production se met en branle. Le tournage commencera après un an de pré-production, en novembre 2005, se poursuivant jusqu'en janvier 2006, avec des prises de vues additionnelles en mai. Pour 72 millions de dollars, cette production luxueuse va enfin voir le jour. Elle aura le droit à une prestigieuse sélection officielle au Festival de Venise. Et deux prix : une mention du jury pour la contribution technique (à Emmanuel Lubezki, le directeur de la photographie) et un autre prix, la Lanterne Magique à Alfonso Cuaron. Ce prix particulier a été remis les années précédentes à Liev Schrieber (Everything is illuminated), Marc Forster (Finding Neverland), Randa Chahal Sabag (Le cerf-volant), Flora Gomes (Nha Fala), Mira Nair (Monsoon Wedding), Pierre-Paul Renders (Thomas est amoureux), Zhang Yimou (Not one less), ... Il est décerné par l'association des jeunes cinéphiles italiens, dans un but de promotion du cinéma comme outil socioculturel.
Tourné en Grande Bretagne, avec une esthétique de documentaire, caméra à la main, l'acteur Michael Caine apprécie l'ambition artistique de Cuaron : "Alors que les films futuristes adoptent en général un look high-tech, le nôtre est résolument crade et sombre avec un traitement proche du reportage." "Je l'ai vu consacrer dix minutes à placer derrière nous de simples cartes postales dont n'avions que faire, mais dont la présence contriburait au look du film et lui paraissait donc utile." On remarque ainsi un poster où deux flics s'embrassent, signer Banksy, des artistes rebelles anglais. Et les dessins censés être dessinés par le personnage de Michael Caine sont en fait ceux de Steve Bell, caritaturiste politique de The Guardian.
Caine s'offre un beau retour depuis 8 ans, après un grand vide, ou presque d'une décennie. Little Voice, L'oeuvre de Dieu, la part du Diable, Miss Detective, Austin Powers 3, Batman begins, ou le prochain Nolan, The Prestige, lui permettent de jouer dans de grosses productions ou de petits films, avec une jubilation certaine. Il est le second rôle le plus important de cette oeuvre où les protagonistes se passent le relais. On y croise donc Julianne Moore (qui a du mal à rebondir depuis sa très belle année 2002, avec The Hours et Loin du Paradis), Chewitel Ejiofor (vu chez Stephen Frears, Woody Allen, Spike Lee), Charlie Hunnan (qui impressionna Cuaron dans Retour à Cold Mountain et les téléspectateurs avec Queer as Folk, version british), Clare-Hope Ashitey (révélée dans Shooting Dogs de Michael Caton-Jones, sur le génocide rwandais)... Au coeur de tout cela, Clive Owen, vu récemment dans l'excellent Inside Man (de Spike Lee).
Avec trois projets en cours, Cuaron n'a plus que l'embarras du choix. Même si, d'avance, on sait que son pari futuriste ne remplira pas les salles, il saura être diffusé dans les festivals et les cinémathèques lors de cycles ou de débat sur l'avenir de l'humanité.
P.S. Cuaron préféra utiliser des voitures contemporaines, qu'il modifia : la Fiat Multipla, la Renault Avantime et surtout la Citroën CX, créée en 74, et complètement reliftée. Les Européens seraient-ils plus avant-gardistes?
v.
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