Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : Soudaine compagnie
Distribution : Mars distribution
Réalisation : Alain Resnais
Scénario : Jean-Michel Ribes, d'après une pièce d'Alan Ayckbourn
Montage : Hervé de Luze
Photo : Eric Gautier
Décors : Jacques Saulnier, Jean-Michel Ducourty, Solange Zeitoun
Son : Jean-Marie Blondel
Musique : Mark Snow
Costumes : Jackie Bundin
Durée : 125 mn
 

Sabine Azéma : Charlotte
Isabelle Carré : Gaëlle
Laura Morante : Nicole
Pierre Arditi : Lionel
André Dussollier : Thierry
Lambert Wilson : Dan
Claude Rich : Arthur
 

site officiel
venise 2006
 
 
Coeurs


France / 2006

22.11.2006
 

De Petites peurs partagées à Cœurs
Chaque année, Alain Resnais avait pris l'habitude d'aller à Scarborough assister à la création annuelle d'Alan Ayckbourn, l'auteur dramatique de langue anglaise le plus joué au monde après Shakespeare. Le réalisateur français, qui a adapté en 1992 Intimate exchanges d' Ayckbourn, un ensemble de seize pièces devenu deux films majeurs : Smocking et No smocking, est en effet un grand admirateur de l'œuvre foisonnante du Britannique (plus de soixante-dix pièces jouées sur les scènes du monde entier). Toutefois, depuis cinq ans, il n'avait plus eu l'occasion d'assister à ces représentations et a décidé brusquement de rattraper son retard. C'est ainsi qu'il a lu, et aimé, la pièce qui est à l'origine de Cœurs.





"Dans Private fears in public places, j’ai trouvé un matériau particulier, plus grave et mélancolique que d’habitude, pas le « slapstick » que j’adore chez lui, pas de tarte à la crème jetée à la tête des personnages, mais un mystère que je n’analysais pas", se souvient-il. "Que j'ai d’abord tenté de découvrir comme un détective, mais qui ne se laissait pas approcher. Oui, il y avait pour moi quelque chose dans cette pièce de plus étrange, quelque chose qui se cachait sous les sourires. Un mystère que je n’ai rien fait pour accentuer mais qui s’est développé tout seul au cours du tournage. J’ai eu tout de suite cette vision des sept personnages pris dans une toile d’araignée, je dirai même que je la voyais au crépuscule sur une lande bretonne. L’araignée n’est pas là, elle est partie, mais dès qu’un insecte bouge, essaye de se dégager, la toile vibre, et un autre insecte qui n’a rien à voir avec le premier en est affecté... "

Une fois tranchée la question de la transposition (ne voulant pas réitérer l'expérience de Smocking/No smocking où tout devait être parfaitement anglais, Alain Resnais a décidé de transposer l'intrigue à Paris), s'est rapidement posée celle de l'adaptation. "J'ai très vite pensé à Jean-Michel Ribes dont j'aime l'esprit, la folie…", explique-t-il. "Il a lu la pièce dans la nuit, a repoussé pour moi tous ses travaux en cours, ce qui est héroïque, et en trois semaines, j’avais un manuscrit complet que nous avons un peu poli, mais qui était déjà tout à fait conforme à ce que je n’osais espérer. Fidélité absolue à la forme et à la structure d’Ayckbourn, sauf évidemment que ce ne sont pas des anglais et qu’émerge la musicalité de Ribes, ce que je voulais."

Le titre du film a brièvement posé problème, tant les titres d'Ayckbourn sont difficile sà traduire fidèlement en français. Alain Resnais a donc dressé une liste de cent quatre propositions, parmi lesquelles le mot "cœur" revenait souvent, comme Cœur à cœur ou Cœur battant. "C’est ainsi que Cœurs s’est tout de suite imposé, ce sera au spectateur d’ajouter l’adjectif que lui dictera son état d’âme. J’aime que le spectateur ait sa liberté."

La "comédie Resnais"

Ensuite, la "machine" Resnais n'a plus eu qu'à se mettre en route. Le casting, d'abord, réunissant la "comédie Resnais", un petit groupe d'acteurs avec lesquels le réalisateur a déjà travaillé à de multiples reprises (Pierre Arditi, Sabine Azéma, André Dussolier et Lambert Wilson) ainsi que deux "petites nouvelles", Isabelle Carré et Laura Morante. Claude Rich a également prêté son concours amical pour figurer un personnage que l'on ne voit jamais. "Me priver de Sabine Azéma [La vie est un roman, Mélo, Smocking/No Smocking…] de Pierre Arditi [Mon oncle d'Amérique, L'amour à mort, Pas sur la bouche…] ou d’André Dussollier [La vie est un roman, L'amour à mort, On connaît la chanson…] sous prétexte que j’ai déjà beaucoup travaillé avec eux, serait tout de même assez absurde", observe Alain Resnais. "D’autant que sachant de quoi ils sont capables, je suis à même d’attendre d’eux qu’une fois encore ils me surprennent…"

Et comme toujours, l'alchimie fonctionne entre habitués et nouveaux venus, tous témoignant d'un unanime plaisir à tourner sous la direction de Resnais. "Je dirais que depuis ving-sept ans, je fais d'abord partie de sa vie", résume Pierre Arditi. Laura Morante, elle, est profondément troublée : "C’est une rencontre capitale, une sorte de miracle dont je ne suis pas totalement revenue, puisque lorsque le tournage s’est achevé, j’ai trouvé un peu dur le retour à la réalité ordinaire du métier. Au fond de moi je sentais un désir profond de signer un contrat avec Resnais pour tourner à vie avec lui."

La "méthode Resnais"
Sur sa méthode de travail, le réalisateur reste discret. Il n'aime guère donner la recette de ses plats, mais se confie tout de même sur son habitude d'inventer des biographies détaillées pour chacun des personnages. "De manière à ce qu’on puisse, sur le plateau, discuter de la manière de jouer tel ou tel passage en fonction de ce qu’on partageait de leur passé, de leur enfance, des événements qui avaient frappé leur vie", explique-t-il. "C’est la vieille méthode Stanislavski, Strasberg. J’ai eu la chance d’être auditeur libre à l’Actor’s Studio pendant trois mois, j’espère que cela m’a influencé, c’était pour moi le triomphe du bon sens."

"Resnais n’impose pas le ton,il laisse venir... Je ne sais pas avec quoi je joue, Alain nous accompagne", déclare Sabine Azéma. "Il ne nous a pas seulement remplis, il nous a appris à apprendre, et on est ce qu’il attend. Rien n’est plus fort que cet accord-là, il y a cœur et corps dans le mot, c’est ce que je cherche depuis toujours."

Isabelle Carré a été impressionnée par l'emploi que le réalisateur fait des répétitions : "On répète beaucoup et pas juste avant le tournage, mais deux mois à l’avance. Il y tient pour qu’on oublie. Je trouve cela formidable. On prend ses repères, quelque chose se décante et on a le temps de le distancer avant de le recréer. C’est très précieux, ce temps entre la préparation et le tournage. Quand il tourne, il parle de toutes sortes de choses qui apparemment n’ont pas de lien avec ce qu’on est en train de faire. Pourtant, à la réflexion, cette discussion vous amène à une humeur. Au tournage, cependant, je ne retrouvais pas forcément celle que j’étais en répétition. C’est encore autre chose, mais Alain ne cherche pas à ce qu’on colle aux répétitions. Il a même envie de voir des choses différentes et de les faire évoluer loin de ce qu’on a déjà fait. Il a et nous avons avec lui une grande liberté, ce n’est jamais figé. C'est ça, la méthode Resnais…"

"La chose qui m’a le plus frappée, c’est l’indication qu’Alain m’a donnée juste avant le tournage, se souvient Laura Morante. "Il a dit : "Pour que vous compreniez de quel film il s’agit, je peux vous dire qu’il va neiger tout le temps." Cela m’a aussitôt donné une image impressionniste et non pas réaliste du climat. Cette image inconsciente a agi comme un déclic, me fournissant vraiment l'indication fondamentale sur le genre d'atmopshère dans laquelle j'allais être plongée."
 
MpM
 
 
 
 

haut