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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : Protozoa, New Regency Distribution : Tfm distribution Réalisation : Darren Aronofsky Scénario : Darren Aronofsky, Ari Handel, d'après la bande dessinée éponyme de Darren Aronofsky et Kent Williams Montage : Jay Rabinowitz Photo : Matthew Libatique Décors : James Chinlund Musique : Clint Mansell Effets spéciaux : Jeremy Dawson, Dan Schrecker Costumes : Renée April Maquillage : Adrien Morot Durée : 96 mn
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The fountain
USA / 2006
27.12.2006
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Projet longuement mûri, The fountain est un vrai petit miracle. Parce qu'il a failli ne jamais se faire, déjà. En effet, difficile de vendre un scénario aussi riche et foisonnant sans terroriser les producteurs frileux (ne se laissant pas démonter, Darren Aronofsky en avait alors tiré une bande dessinée illustrée par Kent Williams). Parce qu'il tranche avec les histoires d'amour hollywoodiennes dégoulinantes de bons sentiments, aussi. Un film-ovni dans le paysage cinématographique actuel puisqu'il ose aborder rien de moins que la question de "la vie, l'univers et le reste", à savoir l'amour et la mort. Programme ambitieux mais pas démesuré pour Darren Aronofsky, le talentueux réalisateur de Pi et Requiem for a dream.
Tout est parti d'une réflexion sur l'approche du XXIe siècle. "A quoi pourrait bien ressembler la SF, maintenant que nous étions le futur ?", s'est interrogé Aronofsky. " L'immortalité de mes 20 ans s’éloignait et les histoires évoquant la quête de la fontaine de jouvence me tournaient dans la tête. D’un seul coup, la vie éternelle montrait des failles, des gens que j’aimais faisaient face aux vrais problèmes de la vie, de la mort et de l’amour. Je me suis mis à écrire innocemment, sur ce que je ressentais et sur ce dont je faisais l’expérience. J’étais loin de me douter alors que mon équipe et moi-même allions passer l’essentiel de nos trentaines à nous battre avec Hollywood pour que The Fountain puisse se faire. Les obstacles à franchir ont été innombrables. A maintes reprises, ils ont brisé notre volonté et ébranlé nos âmes, mais nous n’avons aucun regret. Je suis convaincu que l’ensemble de ce qui a constitué cette expérience - la douleur, la lutte, la passion qui nous animait - s’est frayé un chemin jusqu’à la copie définitive."
Le premier jour du tournage, le réalisateur a rassemblé son équipe pour leur dire : "ici, nous sommes tous des cinéastes". Un sentiment partagé par le producteur Eric Watson ("Faire des films est pour nous une affaire de famille") comme par le co-scénariste Ari Handel (" Chaque département a pour mission d’approfondir les intentions et les thèmes du scénario. Peu importe que vous travailliez sur les costumes, l’éclairage ou les accessoires - il s’agit à chaque fois de raconter l’histoire le mieux possible."). C'est donc tous ensemble que les trois cents personnes ayant participé au tournage ont élaboré l'univers de The fountain.
Chaque décor était conçu pour servir aux trois phases du film (passé, présent, futur) afin de multiplier les correspondances entre les époques. L'ensemble devait être d'un grand impact visuel, servi par un registre de couleurs bien précis, dans les tons blanc et or. Les plus grands challenges ont été l'élaboration du vaisseau dans lequel voyage Tom et bien sûr l'Arbre de vie. Le premier ressemble à une bulle de savon et le second est un hybride de végétaux, de moulages et de structures en métal. Mais le plus étonnant est sans doute la manière dont l'équipe a choisi de représenter l'espace en utilisant le moins possible d'images de synthèse.
Les superviseurs des effets spéciaux ont alors fait appel à Peter Parks, un photographe anglais qui réalise des micro-clichés de minuscules réactions chimiques dans des boîtes de Pétri (boîtes en verre, rondes, plates et transparentes). Jeremy Dawson de la compagnie Amoeba Proteus, explique : "la texture des photos de Peter était très similaire aux images du télescope Hubble qu ’on a pu voir. Une fois gonflées, ces choses
vivantes ressemblaient vraiment à l’espace." Dan Schrecker, l'autre supervieseur, confirme : "Ce qui est incroyable, c’est que les substances que Peter a photographiées sont toutes contenues dans un espace pas plus grand qu’un timbre poste. Aucun des éléments utilisés pour créer l’espace n’a réellement été généré par ordinateur. Ce sont de simples collages de photos. " Darren Aronofsky a beaucoup aimé cette idée de quelque chose de si petit représentant quelque chose d’aussi vaste. "Ça s’inscrivait à merveille dans les thèmes abordés par le film."
Bien sûr, ce choix artistique a eu des conséquences sur l'ensemble des effets visuels. Il a été décidé de réaliser un maximum de choses au tournage plutôt qu'en post-production. "Bien sûr, on a utilisé quelques écrans verts, mais même là, on incrustait des éléments qu'on avait filmés nous-mêmes", explique Iain Smith, l'un des producteurs. "Darren estime que les effets visuels doivent soutenir et prolonger l'histoire, mais que le cœur du film est ailleurs."
"La beauté de la philosophie de Darren", dit la costumière Renée April, "est qu’à ses yeux, il n’y a pas que le résultat qui compte, mais aussi le processus de création en lui-même. C’est très inhabituel à Hollywood. Nous avons tout créé pour les Mayas, de leurs costumes à leurs mèches de cheveux en passant par les ornements osseux qu’ils portent. » La plus belle pièce étant sans doute la robe de la Reine Isabel, une cascade étincelante de teintes olives et dorées, avec un motif de branche incorporé en son sein.
"Quand je vois des films, j’aime être emmené quelque part. J’aime être transporté. J’espère que The fountain emmènera les gens là où ils ne sont jamais allés…
Et surtout, j’espère qu’ils y prendront du plaisir", conclut Darren Aronofsky. MpM
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