|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
Production : Seiji Okuda, Atsuyuki Shimoda Distribution : Zootrope films Réalisation : Kiyoshi Kurosawa Scénario : Kiyoshi Kurosawa Montage : Masahiro Onaga Photo : Akiko Ashizawa Format : 1.85 Son : Akira Fukada Musique : Gary Ashiya Effets spéciaux : Shuji Asano Durée : 111 mn
|
|
Miki Nakatani : Reiko Haruna
Etsushi Toyokawa : Makoto Yoshioka
Hidetoshi Nishijima : Koichi Kijima
Yumi Adachi : Aya
Megumi Nonomura : Sawa Suzuki
|
|
|
|
|
|
Loft
Japon / 2005
03.01.2007
|
|
|
|
|
|
L'ABECEDAIRE DE KUROSAWA
B comme boue
La bile chargée de boue que Miki Nakatani vomit lors la première scène sert de
lien à toute l’histoire. Et pourtant cette scène n’existait pas dans le scénario original.
J’ai eu cette idée pendant le tournage. Je fonctionne beaucoup de cette manière. Mais
je serais incapable d’expliquer ce que signifie cette boue. Et je n’ai pas envie de me
soucier d’une chose pareille. Le fait que Nakatani crache de la boue permet de
situer la relation entre l’héroïne et la momie, le présent et le passé, les vivants et les
morts. La boue est une matière qui a permis à cette momie d’être pétrifiée pour
l’éternité, de traverser les siècles et de perpétuer son existence.
E comme effets spéciaux
Le visage et les formes de la momie ressemblent au visage et au corps de Miki
Nakatani sans pour autant que j’aie fait cette demande à quiconque. Est-ce un
curieux hasard ou l’idée de Monsieur Matsui, le chef des effets spéciaux ? Quoi
qu’il en soit, du fait de cette similitude, on s’interroge sur le lien entre le personnage
incarné par Miki Nakatani et la momie qui a mille ans.
H comme héroïne
J’ai décidé clairement dès l’écriture du scénario de faire un film avec une héroïne, ce
qui est rare dans ma filmographie. Pour moi, l’âge de l’héroïne n’avait pas
d’importance. Elle devait juste être solitaire et victime d’un chagrin d’amour. Ce qui
peut arriver à des femmes de tous âges. Mais au Japon, quand on raconte une histoire
d’amour, l’héroïne est censée être jeune. A contrario des films français dans lesquels
des actrices mûres comme Charlotte Rampling, Catherine Deneuve ou Isabelle
Huppert peuvent toujours vivre des histoires d’amour. Si Miki Nakatani est bien
sûr encore jeune, elle a néanmoins exprimé d’une manière merveilleuse la tristesse et
le renoncement appartenant seulement aux personnes qui ont un certain vécu.
M comme MOMIE
Il y a quelques années de cela, j’ai vu au journal télévisé un sujet sur une femme
momifiée depuis quelques centaines d’années et qui avait été exhumée en Chine. Sa
peau donnait l’impression d’être encore humide, comme si elle était morte seulement
depuis quelques semaines, contrairement aux momies égyptiennes dont la peau est
sèche. C’était une image très impressionnante. Et j’ai ressenti en la voyant la tragédie
de cette femme, c’est-à-dire son chagrin à l’idée d’être exposée aujourd’hui dans
l’état dans lequel elle était il y a quelques centaines d’années. Et je me suis dit que
cela pourrait faire un sujet de film.
S comme son
Le lieu principal où se situe l’action du film est un vieux pavillon de style occidental
très rare au Japon. Comme il est en bois, chaque fois qu’on bougeait, cela produisait
un bruit incroyable. A tel point que l’ingénieur du son en était désemparé. On a donc
pris la décision de capter et d’utiliser tous les bruits provoqués par la maison et par
l’équipe (pas sur le sol, quintes de toux, claquement de portes de voiture…).
D’habitude, on coupe ce genre de sons parasites, mais dans le cas de Loft on les a
gardés volontairement. C’est en utilisant une caméra DV, dont le micro intégré est
multi-directionnel, que je me suis rendu compte du côté amusant de cet effet. Ce type
de micro enregistre tous les sons aux alentours : de la voix du chef opérateur au chien
qui aboie au loin. Et ça crée un bruitage suprenant. Même si on filme un visage en
gros plan, la palette sonore est très étendue… J’ai fait cette découverte à l’époque de
The Excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl, et, depuis, j’ai toujours enregistré le son de
mes films de cette manière.
T comme tournage
J’ai tourné avec deux caméras cette fois-ci. Une caméra professionnelle et une caméra
DV. J’avais déjà essayé cette méthode sur Jellyfish et je l’avais trouvée très
intéressante. Normalement, quand on utilise deux caméras, on filme une même scène
sous deux angles et avec deux grosseurs de plan différents. Mais pour Loft j’ai décidé
de mettre les deux caméras quasiment au même endroit et de filmer la même chose. Il
y avait donc une caméra A et une caméra A’. Et même si on captait la même scène du
même endroit, le résultat n’était pas identique. Le résultat était subtilement différent et
je trouvais cette idée novatrice. Au stade du montage, on intervertissait l’image A et
A’ sans avoir de règles précises. J’avais l’impression d’avoir acquis une sorte de
liberté, qu’on ne peut jamais avoir avec seulement une caméra. Ça nous a permis de
créer des personnages qui meurent et vivent plusieurs fois.
in DP
|
|
|