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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Loft
Japon / 2005
03.01.2007
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ON DIRAIT QUE CA TE GENE DE MARCHER DANS LA BOUE
"Les femmes doivent-elles toutes être orgueilleuses à ce point ?"
Kiyoshi Kurosawa reconnaît faire chacun de ses films comme s'il s'agissait du dernier : en abordant un maximum de thèmes pour être sûr de ne pas louper son ultime chance. Probablement qu'avec Loft, il a utilisé toutes les idées qu'il avait pu avoir depuis des années et même hypothéqué les prochaines… Malheureusement, il nous inflige du même coup une œuvre patchwork au scénario boursoufflé, à mille lieus de ses chefs d'œuvres Kairo ou Cure.
Tout commençait pourtant pas trop mal : une histoire placée sous le signe d'une malédiction, une héroïne atteinte d'un mal mystérieux, une étrange momie… Les ingrédients classiques du genre, en somme. Patatras. En y ajoutant un éditeur trouble, un fantôme encombrant, des poulies douées de vie propre, et quantité d'autres fausses pistes abandonnées en cours de route, Kurosawa sabote l'alchimie de l'ensemble. C'est que c'est fragile, un film d'horreur. Trop light, c'est du suspense de supermarché. Trop fort, c'est tout simplement ridicule. Là, clairement, il précipite son film dans le grand guignol à la seconde où il fait apparaître le spectre jouant paisiblement à cache-cache avec une Reiko hystérique (Miki Nakatani, pas à son avantage).
L'intrigue n'est pas tant en cause (on ne fait pas plus classique, et prometteur, que le thème du défunt qui vient hanter son meurtier pour se venger…) que la manière dont Kurosawa tente de distiller l'angoisse : sans inventivité et avec lourdeur. Caméra-voyeuse placée derrière l'héroïne, fausses alertes à répétition, ellipses faciles, réactions grotesques… Echouant à créer un véritable climat d'angoisse et de paranormal, Loft terrorise plus ses personnages principaux que le spectateur. Comment se passionner pour les états d'âme de l'écrivaine et du scientifique quand ils surjouent toutes leurs émotions sans jamais en transmettre la moindre parcelle ? Quand elle est censée être terrorisée, Reiko en fait des tonnes et se cache sous sa couette (!), tandis que Makoto, soit-disant torturé par ses démons intérieurs, se contente de se prendre la tête entre les mains avec assez peu de conviction.
Les figures typiques du genre sont à peine plus réussies, la seule touche d'originalité consistant à avoir affublé la revenante d'un regard exorbité et perpétuellement interrogateur. Ca fait peu, d'autant que la malheureuse (ne parlons même pas de la momie) se contente d'apparaître ici ou là avec indifférence, jouant les faire-valoirs façon épouvantail à moineaux.
Kurosawa devrait pourtant savoir qu'il faut désormais plus que quelques scènes vaguement effrayantes, et probablement mieux que des fins gigognes artificielles et interminables, au public occidental définitivement aguerri aux films d'épouvante asiatiques. La seule hypothèse plausible est qu'il ait voulu se moquer de lui-même, ou de l'engouement actuel pour ce type de cinéma. On lui pardonnera plus aisément une satire ratée que de s'être trop pris au sérieux.
MpM
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