Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


© Pyramide Distrib.  

Production : Les films du bélier
Distribution : Pyramide distribution
Réalisation : Jean-Pascal Hattu
Scénario : Jean-Pascal Hattu, Gilles Taurand, Guillaume Daporta
Montage : Anne Klotz
Photo : Pascal Poucet
Format : 35 mm
Décors : Sophie Chandoutis
Son : Yolande Decarsin, Xavier Piroelle, Sébastien Savine, Emmanuel Croset
Durée : 86 mn
 

Valérie Donzelli : Maïté
Cyril Troley : Jean
Bruno Todeschini : Vincent
Pablo de la Torre : Julien
Nadia Kaci : Djamila
 

 
 
Sept ans


France / 2006

21.02.2007
 

Jean-Pascal Hattu a découvert l'univers carcéral au contact d'un ami, emprisonné pour plusieurs mois, et de sa femme, qui lui a raconté le poids de chaque regard et de chaque geste au parloir, l'importance de certains rituels, la frustration… Il a ensuite réalisé un documentaire sur une gardienne de prison. "Je me suis retrouvé immergé dans une Maison d'arrêt avec une assez grande liberté de déplacement. A travers les conversations que j'ai eues avec les détenus, j'ai pu recouper les premières impressions ressenties avec l'histoire de mes amis : la frustration générée par la prison ne produit pas autant de perversité qu'on pourrait le penser, elle amène surtout les couples à faire preuve de beaucoup d'imagination pour maintenir le lien entre eux. Il faut savoir que la moitié des détenus se sépare de leur compagne au cours de la première année d'incarcération. Si certains veulent ainsi permettre à leur femme de refaire sa vie, beaucoup expliquent qu'il est moins douloureux de rompre que d'imaginer leur épouse avec un autre homme."





Après cette expérience, il a eu envie de réaliser un second documentaire sur ce sujet, celui des relations entre les détenus et leur compagne, mais l'administration pénitentiaire s'y est opposée. C'est ainsi qu'il s'est lentement tourné vers la fiction. Pour ce faire, il a rencontré des femmes de détenus et a écouté leur détresse. Il a également lu de nombreux témoignages. "L'une d'elles enjambait chaque jour la clôture d'une propriété privée pour pour observer de plus près, avec une paire de jumelles, la fenêtre grillagée derrière laquelle elle apercevait la silhouette de son mari", raconte-t-il. "Une autre, dans le parloir, construisait avec la table et les deux chaises une cabane de fortune dans laquelle elle pouvait embrasser son ami à l'insu des surveillants. Une autre encore avait pris l'habitude de respirer, comme un rituel érotique, le linge sale de son mari avant de faire tourner la machine à laver." De ces récits est né le personnage de Maïté, écartelée entre son amour pour un homme et son désir pour un autre.

Puis s'est posée la question des deux autres membres du trio, le mari et l'amant, en quelque sorte. Jean-Pascal Hattu et son coscénariste Gilles Taurand se sont interrogés sur la manière de leur faire dire ce qu'ils ne peuvent pas exprimer de façon explicite, compte tenu de la situation d'enfermement dans laquelle ils se trouvent embarqués. "Il nous a semblé que cette impossibilité d'énoncer clairement ce qu'ils éprouvent créait tout au long du récit une vraie tension dramatique, comme si les mots devenaient leur pire ennemi", explique le réalisateur. "Une des difficultés majeures de cette écriture était de montrer des personnages qui agissent et réagissent sans jamais s'expliquer. Il suffit que Maïté dise à Vincent "Il faut que je te parle" pour qu'il lui réponde "je ne t'ai rien demandé". Nos trois personnages évoluent ainsi dans le non-dit, la rétention et le silence. Et quand la parole fait à ce point défaut, c'est la violence qui déborde, d'autant plus tragique que personne, dans cette histoire d'amour et de désir, n'est le maître du jeu."
 
MpM
 
 
 
 

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