Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Sept ans


France / 2006

21.02.2007
 



LES CORPS IMPATIENTS





"Je veux que tu branches le magnétophone. Je veux qu'il entende."

Lieu fantasmé par excellence, la prison apparaît dans le film de Jean-Pascal Hattu comme un lieu quotidien et répétitif où les tours de clef, les appels des matons ou les visites au parloir sont autant de rituels empesés qui n'en finissent plus d'enfermer les détenus. L'enfermement, ici, est en effet moins physique que moral, intérieur. D'où la sensation, pour Maïté, d'être tout aussi prisonnière que son mari. Le spectateur est pris dans cette atmosphère étouffante et subit sans douceur une initiation qui tient presque du bizutage : absence d'intimité, humiliations, règles en apparence absurdes… Pour les détenus, la peine est double, voire triple. En plus de la privation de liberté, ils assistent impuissants au délittement de leur couple et sont cantonnés au rôle infantile de celui qu'on commande et assiste.

Impossible, dans ces conditions, de conserver au sein du couple une communication naturelle. Les mots se retrouvent vidés de sens ou tout simplement imprononçables. Seuls les gestes et les regards peuvent alors exprimer les émotions exacerbées et la frustration des corps et des esprits. Une gifle donnée à contretemps, une visite écourtée, un stop brûlé… maigres indices du feu qui ronge les cœurs.

On ne s'étonne donc pas plus que ça de voir Vincent échafauder un plan assez tortueux pour garder Maîté. La jeter dans les bras d'un autre homme, qu'il a choisi pour elle, lui semble le seul moyen de ne pas se laisser dépasser par les évènements. C'est un choix difficile, un peu pervers, un peu violent, qui interpelle et qui choque. Il faut être capable de recul pour en apprécier toute la dimension. Maïté, au départ, ne parvient pas plus que nous à comprendre pourquoi Vincent lui a fait cela. Or, le "pourquoi", c'est justement ce qui intéresse Jean-Pascal Hattu. Le "comment" suggéré (non sans complaisance), il tente d'expliquer le geste de Vincent et les répercussions qu'il a sur l'existence des trois protagonistes. Tente, seulement, car sa mise en scène glacée, efficace jusque-là pour saisir la réalité de la prison, de l'enfermement et de la séparation, échoue à capter les émotions et le frisson des corps.

Paradoxalement, on se croit un moment embarqué dans un vaudeville de mauvais goût, et la démonstration tombe à plat. Peut-être est-ce la faute de la fiction, qui parasite ce sujet brûlant en le réduisant à une intrigue de cinéma, forcément simpliste. On comprend l'urgence qui a poussé Jean-Pascal Hattu à témoigner, mais on ne ressent rien devant le ballet vain de ses protagonistes. Probablement que sa première idée était la bonne : réaliser un documentaire avec la parole brute des détenus et de leurs compagnes, sans risque d'artifice ou de caricature.
 
MpM

 
 
 
 

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