|
|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
 |
|
|
Production : USAFilms, Capitol Films
Réalisation : Robert Altman
Scénario : Julian Fellowes, d'après une idée de Altman et Bob Balaban
Montage : Tim Squyres
Photo : Andrew Nunn
Musique : Patrick Doyle
Durée : 137 mn
|
|
Michael Gambon : Sir Williams McCordle
Kristin Scott Thomas : Lady Sylvia McCordle
Maggie Smith : Constance, Comtesse de Trentham
Charles Dance : Raymond, Lord Stockbridge
Jeremy Northam : Ivor Novello
Alan Bates : Jennings
Helen Mirren : Mrs Jane Wilson
Derek Jacobi : Probert
Emily Watson : Elsie
Ryan Philippe : Henry Denton
|
|
|
|
|
|
Gosford Park
/ 2001
20.03.02
|
|
 |
|
|
|
Gosford Park semble devenir la consécration de la carrière d'Altman, Palme d'Or à Cannes il y a plus de 30 ans avec son irrésistible M*A*S*H*. Il paraît même favori pour l'Oscar du meilleur réalisateur. Il a en effet reçu ce prix avec l'American Film Institute, aux Golden Globes, auprès des critiques de New York. Sans compter les nombreux prix pour le casting, le scénario, le montage... et donc au final ses 7 nominations aux Oscars.
Avec un budget "modeste" selon les critères américains (15 millions de $) a déjà rapporté 42 millions de $ dans le monde. Et quelques semaines après la sortie triomphale de 8 femmes, le meurtre en huis-clos pourrait faire coup double.
Altman voulait rendre hommage à un film : La règle du jeu, de Jean Renoir. La scène de chasse est d'ailleurs une réplique honorifique. Gosford Park reprend les relations entre servants et maîtres, le portrait d'une aristocratie déclinante et le meurtre. Le cinéaste américain ne s'arrête pas là. Il fait référence à The Lodger (pour le réel Ivor Novello) et Charlie Chan in London (tourné effectivement en 33, pour le fictif producteur Morris Weissman). Ivor Novello, dont il est précisé qu'il n'a jamais fait part à l'histoire qui nous est racontée, était un acteur, un auteur et un compositeur des années 20 et 30. Il avait joué dans un des premiers films d'Hitchock, The Lodger, et son remake, qui fut un flop. Ce qui situe le film du coup en 1932 (à l'origine le film devait se dérouler en 34 ou 35, ce qui aurait obligé à parler du nazisme). Il y a aussi des réminiscences de Rebecca, parmi les autres échos au Maître. On peut y voir de nombreux points communs avec les films "anglais" de James Ivory (notamment Les Vestiges du jour) et la série britannique "Maîtres et Vallets" (début des années 70). Et notons que Julian Fellowes, le scénariste, avait commencé sa carrière en écrivant la mini série télévisée du Petit Lord Fantleroy.
Altman souhaitait dépeindre un tableau de moeurs, une étude de comportements, à travers un genre pour lui inexploré, "la comédie policière à l'anglaise". Tout le secret de la réussite résiderait, dès lors, dans le casting. Un casting essentiellement britannique, dont l'excellence du jeu est réputée jusqu'à Hollywood. Une troupe de cinéma qui maîtrise très bien les planches et les films groupés. La méthode est simple : ne rien plannifier. Altman demande aux acteurs d'arriver avec leur personnage, les place dans la scène et voit comment ils interagissent. Cela donne un travail très créatif, et relativement aléatoire. Ce qui donne un résultat plus vivant, plus réel. Ainsi chaque acteur pouvait devenir figurant. Et tous avait constamment un micro sur lui. D'où l'effet chorale. Le scénariste était sur le plateau, chose rare. Les dialogues n'étaient là que pour indiquer un sens narratif, mais l'acteur avait la liberté d'improviser une phrase qui lui semblait plus naturelle. De plus seul le scénariste pouvait mémoriser la vingtaine d'intrigues. Beaucoup de scènes écrites et tournées ne se trouvent pas dans le film, mais elles seront intégrées au DVD.
Altman a ainsi pu confronter le monde d'en-haut avec celui d'en-bas. Les riches dépendent des domestiques, jouent un rôle, se languissent et sauvent les apparences. Les servants dévoilent leur personnalité librement, s'activent, et n'ont pas le droit à l'erreur. Mais des deux côtés, il ya un protocole, des règles, des uniformes relativement similaires. D'où une attention particulère portée aussi bien aux décors, aux costumes, aux objets, aux gestes... Jusqu'au générique qui sépare ceux d'en-haut et ceux d'en-bas.
Qui sont-ils? Une pléïade visages connus.
On connaît ainsi Lady Eileen Atkins (Equus, Wolf), Alan Bates (Zorba le grec, Le messager, Force majeure), Charles Dance (Alien 3, Michael Collins), Stephen Fry (Peter's Friends, Un poisson nommé en Wanda), Richard Grant (The Player, Dracula, Le temps de l'innocence), Sir Derek Jacobi (Gladiator, Dead again), James Wilby (Maurice, Un mari idéal), ou encore Bob Balaban qui incarne le producteur (producteur du film, co-auteur du sujet, on l'a vu dans Rencontres du troisième type, Harry dans tous ses états, Seinfeld ou Friends).
Dans le rôle du maître de maison, Sir Michael Gambon (le voleur du Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant, mais aussi dans Sleepy Hollow, Une saison blanche et sèche). Ivor Novello est illustré par le séduisant Jeremy Northam (Un mari idéal, Happy Texas, The Net, La coupe d'or, Carrington). La révélation du film Kelly MacDonald, en femme de chambre de Maggie Smith, était la vedette féminine de Trainspotting. Lady Maggie Smith était récemment dans l'aventure Harry Potter, et il serait impossible de résumer sa filmographie qui va de Chambre avec vue à Mort sur le Nil, de Sister Act à California Hotel. Helen Mirren, en gouvernante, a été primée pour ses rôles dans CAL, La folie du roi Georges. Elle était l'épouse du voleur du Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant, une apparition dans The Pledge, et une fée dans Excalibur. Ryan Philippe, révélé par Ridley Scott, est un des jeunes acteurs hollywoodiens les plus en vogue avec Souviens toi l'été dernier, Studio 54, Playing by heart, Sexe intentions ou encore Way of the gun. Tout comme Emily Watson a su alterner les genres depuis Breaking the waves.
La star du film est bien évidemment Kristin Scott-Thomas. Du Patient Anglais à "Bérénice" (au théâtre), de 4 mariages et un enterrement, L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, KST joue aux USA, au Royaume Uni et en France (et même au Québec). C'est à elle que revient l'honneur de porter les créations de Mademoiselle Chanel. En effet en novembre 32, il y a 70 ans, mois des événements de Gosford Park, Chanel lançait sa première collection de joaillerie, avec les 550 diamants de "Fontaine" (collier, boucles d'oreille) et les 850 diamants de "Cosmos" (bracelet).
Et dire que le scénariste a du finir son travail gracieusement...
vincy
|
|
|
