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Et si nous commençions par un cours d'histoire de l'art?
Johannes Vermeer, né en 1632, mort en 1675, est un des grands maûtres de la Peinture Hollandaise, lors du rayonnement de celle-ci. Chaud lapin (15 gamins quand même), on sait peu de choses de lui. Il ne reste que les actes de naissance, de mariage et de décès. Terrain vierge pour imaginer toutes les histoires possibles. Quelques archivistes ont eu accès à des documents faisant état de dettes, d'héritages... Il n'y a aucune trace de liens affectif avec d'autres peintres, avec des amis, avec ses modèles (ce qui explique que ce film est une véritable fiction). Pire, il ne reste aucun papier signé de sa main, et aucun autoportrait. Ses oeuvres seront dispersées assez rapidement pour faire vivre sa femme et ses 11 enfants vivants. Etonnant parcours où l'histoire de l'art oubliera jusqu'au nom et à l'apport de Vermeer. Il faudra attendre le milieu du XIXème siècle pour que le peintre réssucite grâce à un critique et historien, Joseph Théophile Thoré, qui retrouvera 42 oeuvres et rédigera une première biographie.
De 1654 à 1674, il étudiera les portraits, les gestes, les effets de lumière. Nombre de jeunes filles se prêteront à ses mises en scène. Un tableau se distingue, par la beauté du modèle et par la pureté du message (aucun décor, juste un visage expressif) : "La jeune fille au turban", appelé aussi "La jeune fille à la perle". Daté aux alentours de 1665-1666, ce tableau très épuré expose ostensiblement une perle qui capte la lumière. Mais le regard, le sourir, la lèvre du modèle nous passionne tout autant. Le tableau ravira les visiteurs du Musée Mauristhuis à La Haye.
De là, Tracy Chevalier, qui avait accroché un poster représentant ce modèle inconnu dans sa chambre de jeune fille, a imaginé le making of de ce chef d'oeuvre. Le roman a été un best-seller. Et avant même sa publication, on se disputait les droits. C'est un studio français, filialisé à Londres, qui permet le montage financier du projet - nommé trois fois aux Oscars.
On retrouve Scarlett Johansson, la jeune américaine paumée de Lost in Translation. C'est à elle qu'incombe la charge d'incarner la jeune fille au turban, à la perle, bref le modèle. Pourtant, il y eut de la concurrence pour le rôle : Sarah Polley, Kate Hudson, Samantha Morton, Julia Stiles, Kirsten Dunst...
Il était plus facile de trouver un Vermeer, notoire et pas cher, habitué des productions à costumes. Colin Firth, souvent mari trompé, a été aperçu dans Le Patient Anglais, Shakespeare in Love, Valmont, L'importance d'être Constant... Longtemps, son rival dans Le Patient Anglais, Ralph Fiennes fut le choix des producteurs. Tom Wilkinson a, quant à lui, navigué entre Raisons et sentiments et The Full Monty, en passant lui aussi par Shakespeare in love.
Personne ne connait le cinéaste, Peter Webber, et c'est assez normal. Monteur, réalisateur de documentaires, de téléfilms de prestige pour la télévision britannique, ou encore de la série "Men Only", il s'agit, ici, de son premier long métrage.
Il s'est fait accompagné par le grand chef op', Eduardo Serra (tous les Leconte, Les ailes de la Colombe, Incassable, La fleur du mal), le compositeur Alexandre Desplat (Audiard, Leconte, ...), la costumière et le décorateur des Greenaway...
Logique avec une telle équipe de récolterune pluie de récompenses : meilleure photo (San Sabastien, Los Angeles), 2 nominations aux Golden Globes (actrice, musique), Grand prix et prix du public au festival de Dinard... Et une bonne critique dans Ecran Noir.
vincy
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